Ce qu'a vraiment dit Wauquiez sur les OQTF, pourquoi ça choque Le Pen

Ce qu'a vraiment dit Wauquiez sur les OQTF, pourquoi ça choque Le Pen Les propos du candidat à la présidence des Républicains sur les OQTF ont provoqué un tollé dans la classe politique. Laurent Wauquiez souhaite que "les étrangers dangereux soient enfermés à Saint-Pierre-et-Miquelon".

Des déclarations choc. Candidat déclaré pour la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez a proposé ce mardi "que les étrangers dangereux sous OQTF soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l'Hexagone", dans un entretien accordé au JDNews. "Aujourd'hui, les individus sous OQTF sont libérés au bout de 90 jours et menacent notre sécurité. C'est de la folie (...) Ils auraient une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", poursuit-il. "Depuis l'archipel, qui n'est pas dans l'espace Schengen, nous bloquerons tout retour dans l'Hexagone", assure le patron des députés LR. 

Les propos de Laurent Wauquiez sonnent comme un nouvel épisode de la guerre des chefs qui commence à prendre forme avec Bruno Retailleau, son principal concurrent pour le scrutin interne chez LR. Et selon le député de la 1ère circonscription de la Haute-Loire, l'archipel français situé au sud de l'île canadienne de Terre-Neuve - dans lequel il veut envoyer les étrangers dangereux sous OQTF - "n'est pas dans l'espace Schengen, on peut contrôler (les OQTF), ils n'ont plus la possibilité de revenir sur le territoire métropolitain", martelait-il, le soir-même sur CNews. "À Saint-Pierre-et-Miquelon, il fait 5 degrés de moyenne pendant l'année, il y a 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu'assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir", assure-t-il dans les colonnes du JDNEWS.

"La place des OQTF, c'est dans leur pays"

Ces prises de position de Laurent Wauquiez n'ont pas manqué de créer l'indignation dans la classe politique française. À commencer par Bernard Briand, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon. Pour lui, les propos du président du groupe LR à l'Assemblée nationale sont inacceptable, et il l'assure auprès du Parisien : "c'est une chance de vivre ici", à Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais les réactions ne se sont pas arrêtées là, bien au contraire. Cette sortie de Laurent Wauquiez a choqué, jusqu'à l'extrême droite de l'échiquier politique. 

La présidente des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a rapidement pris la parole sur X pour défendre les habitants de l'archipel : "La place des OQTF, c'est dans leur pays… sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens !". Même son de cloche du coté du député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy : "Ces mots de Laurent Wauquiez pour qualifier Saint-Pierre-et-Miquelon sont une honte et traduisent le mépris envers les Outre-mers ! Il hurlerait si on insultait de la sorte un département de l'Hexagone", lance-t-il sur le même réseau social.

Dans un communiqué, le ministre chargé des Outre-mer Manuel Valls assure qu'"aucun territoire français ne mérite d'être traité comme une zone de relégation (...) Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la France - pas une prison ou un centre de rétention (...) L'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République", assène l'ex-locataire de Matignon. "Quand on méprise un territoire, on risque de mépriser la France tout entière (...) Aucune campagne interne ne doit conduire un responsable politique à mépriser un territoire de la République", abonde-t-il.

D'après Laurent Wauquiez, toujours dans les colonnes du JDNews, le centre de rétention qui pourrait accueillir "les étrangers les plus dangereux sous OQTF" à Saint-Pierre-et-Miquelon devrait comprendre "autant" de place "que nécessaire". "Bien évidemment, cette mesure d'éloignement de l'Hexagone devra s'accompagner d'un vrai allongement de la durée de rétention, comme nos parlementaires l'ont proposé. C'est dix-huit mois en Italie, illimité au Royaume-Uni", précise-t-il. Enfin, il juge comme "indispensable" de "faire sauter le carcan des jurisprudences idéologiques des cours suprêmes comme la Cour européenne des droits de l'homme ou le Conseil constitutionnel. Ce dernier autorise l'aide au séjour illégal sur notre territoire ; il a censuré la quasi-totalité de la dernière loi sur l'immigration ; il a sanctuarisé le droit au regroupement familial. Ces décisions sont avant tout idéologiques", regrette-t-il.

Dernières mises à jour

13:34 - Wauquiez "signe et persiste" sur les OQTF

Alors que sa proposition d'envoyer les personnes dangereuses placées sous OQTF dans le département de Saint-Pierre-et-Miquelon ont suscite de vives réactions et des critiques, le président du groupe de députés Les Républicains en remet une couche. "Contrairement au monde politique qui passe son temps à se lamenter de sa propre impuissance devant les Français je fais une proposition, dure, radicale, je l’admets, mais qui résout le problème de ces OQTF en les faisant de facto sortir de l’espace shengen [sic]", écrit-il sur X soutenant son idée qui a, selon lui, "créé un débat". L'élu ajoute un message à l'adresse de ses détracteurs qu'il qualifie de "marquis de la bien-pensance" : "Quelle autre proposition avez-vous pour protéger les Français ? Aucune", poursuit-il les accusant d'immobilisme.