Trump veut changer la Constitution pour se représenter... mais ouvre la porte à un scénario qu'il déteste
Donald Trump envisage bien de briguer un troisième mandat à la Maison Blanche et "ne plaisante pas à ce sujet". "Beaucoup de gens veulent que je le fasse", et "j'aime travailler", avait-il déclaré fin mars dans une interview accordée à la chaîne NBC. Celui qui aura 82 ans à l'issue de son deuxième mandat estime même qu'il "existe des méthodes pour y parvenir". Toutefois, en raison de la rédaction de la Constitution américaine, un tel scénario apparaît dans les faits comme peu probable.
"Personne ne sera élu à la fonction de président plus de deux fois, et personne qui a occupé la fonction de président, ou agi en tant que président, pendant plus de deux ans d'un mandat pour lequel une autre personne a été élue président, ne sera élu à la fonction de président plus d'une fois", stipule le 22ème amendement.
Pour modifier la Constitution, il faudrait que le Sénat et la Chambre des représentants l'approuvent à la majorité des deux tiers, et que les trois quarts des gouvernements des Etats fédérés du pays donnent leur accord. Si le parti républicain de Donald Trump contrôle les deux chambres du Congrès, il ne dispose pas de la majorité nécessaire. Aussi, le parti démocrate contrôle 18 des 50 assemblées législatives des Etats.
Une élection par succession ? Le coup de poker de Trump
Pour autant, le clan Trump a descellé une infime faille dans le système américain. Si le 22ème amendement en question interdit explicitement à un candidat d'être "élu" pour plus de deux mandats présidentiels, il ne fait aucune mention de la "succession". Voilà pourquoi, son vice-président actuel JD Vance pourrait se présenter lors de la prochaine élection présidentielle (2028), et s'il venait à être élu, démissionner quasi-immédiatement puis laisser Trump reprendre la présidence par voie de succession. Une méthode réellement envisagée par l'ex-magnat de l'immobilier : "C'en est une (possibilité), mais il y en a d'autres aussi", confiait-il à NBC.
Dans l'histoire des Etats-Unis, le seul président a avoir assuré plus de deux mandats est Franklin Delano Roosevelt, élu à quatre reprises et mort en avril 1945 après 12 ans d'exercice, trois mois après le début de son quatrième mandat. La Constitution avait ensuite été modifiée pour fixer la limite actuellement en vigueur. À l'époque, la limite de deux mandats s'apparentait plutôt à une coutume, mais n'était pas inscrite dans la loi.
Le 6 avril dernier, la ministre américaine de la Justice Pam Bondi a minimisé la possibilité d'un troisième mandat de Donald Trump au micro de Fox News : "J'aimerais que nous puissions l'avoir comme président pendant vingt ans, mais je pense qu'il aura terminé probablement après ce mandat", a déclaré Pam Bondi. "Ce serait loin d'être évident", regrette-t-elle. Cette hypothétique nouvelle candidature pour tenter de conserver son poste à Washington de la part de Donald Trump est également appuyée par un républicain du Tennessee à la Chambre des représentants. Andy Ogles présentait en janvier un projet de modification de la Constitution américaine permettant à un président d'effectuer jusqu'à trois mandats, s'ils ne sont pas consécutifs. Élu en 2016, puis en 2024, Trump serait alors dans les clous.
Obama de retour dans la course ?
Dans le même temps, et grâce à cette proposition, un ex-président pourrait revenir dans la course, et cela ne devrait pas vraiment enchanter Donald Trump, il s'agit de Barack Obama. Élu en 2008 puis en 2012 mais battu en 2016, il pourrait tout à fait tenter sa chance et fair basculer les Etats-Unis à gauche en 2028. Un scénario que Donald Trump déteste. L'ex-président américain était justement sorti du silence le 3 avril dernier pour s'en prendre au républicain et à son administration.
"Imaginez un seul instant si j'avais fait une seule chose" parmi les mesures prises par Donald Trump depuis son investiture, concédait-il. Selon lui, les nouveaux droits de douane annoncés par Trump ne seront pas "bénéfiques pour l'Amérique". Il s'était également dit "plus profondément préoccupé par un gouvernement fédéral qui menace les universités si elles ne lâchent pas les étudiants exerçant leur liberté d'expression", au sujet de potentielles coupes budgétaires contre l'université Columbia. Si nous sommes extrêmement loin d'un duel Trump/Obama pour l'élection suprême de 2028, le Républicain, lui, semble vouloir conserver sa place à tout prix.