Variant Lambda : est-il présent en France ?
Le variant Lambda est bel et bien présent en Europe. Détectée en Amérique du Sud durant l'été 2020, cette mutation du Covid-19 a récemment débarqué en Espagne. Si l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé cette souche comme "variant d'intérêt", le gouvernement français se veut rassurant.
[Mis à jour le 16 juillet à 14h26] Le variant Lambda a trouvé une porte d'entrée en Europe. Cette mutation du coronavirus, détectée pour la première fois au Pérou en août 2020, est arrivée en Espagne, dans la province de Cantabria près de Bilbao, a rapporté L'Indépendant mercredi 14 juillet 2021. Ce jour-là, il représentait 1 % des cas de Covid-19 dans le pays, où le taux d'incidence atteignait 224 cas positifs pour 100 000 habitants. En France, le gouvernement se veut, pour l'heure, rassurant. "Nous regardons tous les variants qui circulent avec beaucoup de vigilance, mais pour l'instant c'est Delta qui nous préoccupe", a déclaré Gabriel Attal le mercredi 7 juillet 2021, à la sortie du Conseil des ministres. Un avis que partage Santé publique France : "Aucun impact de santé publique n'est démontré à ce jour", a assuré l'agence le 30 juin 2021, dans son Analyse de risques sur les variants émergents du SARS-CoV-2.
De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué le 14 juin 2021 que le Lambda était un "variant d'intérêt". Public Health England abonde dans son sens, le décrivant comme un "variant sous investigation", rapporte le JDD. Ce qui signifie qu'il présente des mutations susceptibles d'affecter la transmissibilité, la gravité de la maladie, l'immunité ou encore la résistance aux tests. Le variant Lambda est présent dans une grande partie du monde. Le 15 juin 2021, l'OMS indiquait qu'il avait été repéré dans 29 pays.
Le variant dit "andin" inquiète en raison de l'"ensemble de mutations plutôt inhabituel, par rapport à d'autres variants" qu'il présente, comme l'expliquait Jeff Barrett, le directeur de Covid-19 Genomics, au Financial Times. Ces mutations suggèrent une contagiosité accrue par rapport aux mutation Alpha et Gamma, et pourraient le rendre "moins vulnérable aux anticorps fabriqués par le vaccin CoronaVac" selon une étude prépubliée de l'université du Chili, à Santiago. Le rapport n'a pas encore été lu et approuvé par la sphère scientifique, mais d'autres études devront être menées pour confirmer ses hypothèses.
L'origine du variant Lambda
Le variant Lambda est apparu pour la première fois au Pérou en décembre 2020, puis il s'est rapidement étendu aux pays voisins, notamment la Colombie, le Brésil, la Bolivie et l'Uruguay. Selon l'OMS, en mai et en juin, 82% des nouveaux cas de Covid-19 ont été liés au variant Lambda au Pérou, et au Chili, près d'un nouveau cas sur trois est concerné par cette mutation, aussi appelée "variant andin". Dans le détail, au 15 juin, l'OMS a enregistré dans son point hebdomadaire une "incidence élevée" en Amérique latine, avec 31% de séquençages positifs à ce variant au Chili, 9% au Pérou, 8% en Équateur et 3% en Argentine.
La circulation du variant Lambda en France
En France, 14 cas liés au variant Lambda ont été rapportés, dont 2 dans les quatre dernières semaines, selon le site GISAID. L'agence sanitaire nationale ne fait part que de "cas sporadiques" de son côté. Selon Yannick Simonin, virologue à l'université de Montpellier et interrogé par La Croix, face au variant Delta qui prend le pas en France, la mutation Lambda "n'a pas forcément tendance à prendre le dessus".
Le variant Lambda est-il plus contagieux ?
Dans une prépublication datée du 1er juillet, des chercheurs de l'Université de Santiago du Chili indiquent avoir "observé une augmentation de l'infectiosité par la protéine Spike du variant Lambda, supérieure à celles des variantes Alpha et Gamma". Ce que confirme l'OMS dans son point hebdomadaire du 15 juin : "Le variant Lambda porte un certain nombre de mutations, dont on soupçonne les implications phénotypiques, telles qu'une augmentation potentielle de la transmissibilité ou de la résistance aux anticorps neutralisants (générés par les vaccins, ndlr)." L'organisation précise toutefois qu'à ce jour "d'autres études sont nécessaires" pour évaluer plus précisément la contagiosité de ce variant.
Le variant Lambda est-il résistant aux vaccins ?
De même, la communauté scientifique ne dispose pas encore de suffisamment de données et d'études pour évaluer la résistance du variant Lambda aux vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna. En revanche, les chercheurs de l'Université de Santiago du Chili ont mené des essais sur des personnes ayant reçu le vaccin CoronaVac. Selon cette étude, l'efficacité du vaccin chinois contre le Covid-19 est réduite de 3,05 fois dans le cas du variant Lambda, contre 2,33 pour le variant Gamma et 2,03 pour le variant Alpha. Des résultats qui démontrent que "les mutations présentes dans la protéine Spike du variant Lambda lui confèrent un caractère infectieux accru et un échappement immunitaire aux anticorps neutralisants générés par le CoronaVac", soulignent les conclusions de l'étude. Toutefois, le vaccin chinois Coronavac, le plus utilisé en Amérique du Sud, n'utilise pas la technologie de l'ARN messager et est à l'origine moins efficace contre le virus. Pour l'heure rien n'indique que le variant Lambda est plus résistants face aux autres vaccins.
Les symptômes du variant Lambda
Tout comme sa contagiosité, il n'existe pas encore assez de données à ce jour pour déterminer les symptômes spécifiques à une infection au variant Lambda du Covid-19. "Si la menace que représente le variant Lambda est si difficile à évaluer grâce aux modélisations et aux données relevées en laboratoire, c'est en partie parce qu'il présente un ensemble de mutations relativement inédites par rapport aux autres variants", précise Jeff Barrett, le directeur de la Covid-19 Genomics Initiative, une opération de surveillance des variants lancée par le Wellcome Sanger Institute, au Royaume-Uni, cité par le Financial Times. En l'occurrence, ce variant possède une "combinaison unique de sept mutations de la protéine spike, qui permet au virus de pénétrer dans nos cellules".