"Bloquons tout" : d'autres dates pour de nouvelles actions après le 10 septembre ?

"Bloquons tout" : d'autres dates pour de nouvelles actions après le 10 septembre ? Le mouvement du 10 septembre a mobilisé "près de 200 000" personnes en France selon le ministère de l'Intérieur, soit le double de ce qui était attendu. Une nouvelle journée de mobilisation est en vue.

Si la volonté de bloquer la France a été "une mise en échec" selon Bruno Retailleau, la mobilisation du 10 septembre apparaît plutôt comme une réussite pour ceux qui y ont pris part. 197 000 personnes ont participé aux mobilisations à travers 850 actions recensées, dont 596 rassemblements et 253 blocages, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. C'est presque le double de ce qui était anticipé par les services de renseignement. Le nombre de participants grimpe à 250 000 d'après le décompte de la CGT. 

Face à l'ampleur du mouvement, le ministre de l'Intérieur a reconnu une "mobilisation importante" à l'issue de la cellule de crise interministérielle, mais il a souligné que "les bloqueurs n'ont pas bloqué la France". Reprenant le discours qu'il tenait avant la mobilisation, Bruno Retailleau a déploré le "détournement" et la "confiscation" du mouvement par des "forces d'extrême gauche et d'ultragauche".

De son côté, le mouvement "Bloquons tout" dresse un bilan positif de la journée du 10 septembre et se félicite de l'ampleur des actions menées pour exprimer la colère contre le gouvernement. "Des milliers et des milliers de personnes ont tenu partout en France. Des blocages, des cortèges, des actions, malgré une répression déchaînée, violente, honteuse. Et il y en a qui osent dire que c'est un échec ?! C'est tout l'inverse : c'est le début d'un rapport de force massif", commente certains organisateurs sur X.

Un deuxième acte le 18 septembre ?

Encouragée par la journée de mobilisation du 10 septembre, le mouvement "Bloquons tout" appelle sur ses réseaux à poursuivre la lutte lors de prochaines dates. "On ne lâche rien. On bloque, on tient, on résiste jusqu'à la censure de Lecornu et après", écrivait certains organisateurs du mouvement sur X assurant que "la colère est là, intacte, plus forte que jamais". Dès le soir du 10 septembre, ces mêmes personnes appelaient à l'organisation d'Assemblées générales "pour préparer la suite" et il avançait même la date du 11 septembre. Ce dernier appel à embrayer sur deux jours de mobilisation d'affilés n'a toutefois pas été suivi, même si quelques actions se sont poursuivies ou ont été lancées par endroits dans la matinée de jeudi.

Au lendemain de la mobilisation du 10 septembre, aucune nouvelle date n'a émergé. Le mouvement "Bloquons tout" a cependant appelé à un deuxième acte pour le 18 septembre, date choisie par l'intersyndicale pour mener une grève générale. Alors que la plupart des syndicats ont souhaité prendre leurs distances avec le mouvement en ne prenant pas part à la mobilisation du 10, le mouvement a, au contraire, décider de se joindre à l'appel déjà lancé par les organisations syndicales. "Le 10 septembre a montré la force du peuple en colère, et ce n'est qu'un début ! Le 18 septembre sera une journée massive, un rendez-vous à ne pas manquer", prévient le mouvement.

Comme pour la première journée de mobilisation, le mouvement renvoie vers le site Indignons-nous et les canaux de messagerie locaux pour organiser la prochaine vague d'actions. S'il ne précise pas un type d'action à mener, le mouvement semble attaché à sa logique de mobilisations hétéroclites alliant blocages et rassemblements. Dans les deux cas, la grande majorité des actions se sont déroulées dans le calme et sans débordements. Une partie des mobilisations a cependant été parasitée par des actions illégales menées par des individus masqués comme à Rennes ou Bordeaux et par endroits, notamment à Paris et à Lyon, des affrontements ont éclaté entre des groupes de manifestants plus radicaux et des forces de l'ordre dont les interventions ont parfois été rapides et fortes.

Les autorités avaient mobilisé 80 000 membres des forces de l'ordre partout en France pour prévenir les débordements. "Toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et le cas échéant faire systématiquement l'objet d'un déblocage dans les délais les plus brefs", précisaient les consignes données par Bruno Retailleau selon une note consultée par Le Figaro.

Un mouvement parti pour durer ?

Si le mouvement "Bloquons tout" décide de s'associer à la journée de mobilisation annoncées par l'intersyndicale, il ne semble pas écarter la possibilité de faire durer la mobilisation au-delà. Il fixe d'ailleurs l'objectif d'une chute du nouveau Premier ministre.

Compte tenu de la participation aux actions du 10 septembre, le mouvement "Bloquons tout" peut espérer mobiliser suffisamment de monde et au niveau local pour inscrire ses actions dans un contexte de blocage national et surtout dans le temps comme l'explique Federico Tarragoni, professeur en sociologie politique à l'université de Caen et directeur du Centre de recherches interdisciplinaires sur le politique (CRIPOLIS) auprès de Linternaute.com. Selon lui, à condition d'avoir le soutien citoyen nécessaire, le mouvement "Bloquons tout" durera "tant qu'un changement de cap dans les politiques économiques ne sera pas assumé et tant que le macronisme n'acceptera pas un principe de cohabitation".