Edwige Le Douarin (Co-fondatrice et co-gérante d'Aquatiris) Un assainissement durable et maîtrisé
Interlocuteurs, démarches, avantages, voici ce qu'il faut savoir avant d'envisager d'installer chez soi une filière de phytoépuration. Rencontre avec Edwige Le Douarin de la société spécialisée Aquatiris.
Quelle est l'activité de votre entreprise ?
Aquatiris regroupe des bureaux d'études et des installateurs spécialisés dans la phytoépuration, c'est à dire l'assainissement des eaux usées par les plantes. Les clients intéressés par l'assainissement naturel des eaux usées viennent nous consulter pour que nous réalisions une étude. Notre prestation, qui coûte autour de 500 euros en moyenne, comprend une visite du site de deux heures minimum, en présence des propriétaires. C'est l'occasion d'étudier la dimension de la filière, selon la taille de la maison et d'envisager son implantation. Nous accompagnons ensuite les clients pour les démarches administratives, puis les orientons vers des installateurs que nous avons nous-même formés.
Quelles sont justement les démarches à effectuer ?
En matière de réglementation, c'est l'arrêté du 6 mai 1996 qui régit l'assainissement non-collectif des eaux usées en imposant une obligation de moyens, dont la phytoépuration ne fait pas partie. C'est donc sous forme de dérogation que l'autorisation de mise en oeuvre d'une filière plantée doit être demandée au maire de la commune. Celui-ci se réfère alors à l'avis du SPANC (Service Public d'Assainissement Non Collectif) dont il dépend. Souvent, l'autorisation est accordée sous couvert d'une convention de résultat, par laquelle le propriétaire accepte de réaliser des tests sur sa filière pour garantir que celle-ci fonctionne bien. Si ce n'est pas le cas, il s'engage à revenir à une filière d'assainissement classique.
Quels sont les avantages d'une filière d'assainissement plantée par rapport à une filière classique ?
Les filières classiques d'assainissement non-collectif des eaux usées, utilisant par exemple les filtres à sable, finissent par former une accumulation de matière dans la fosse toutes eaux, qui doit être vidangée tous les 4 ans. Ces matières de vidange doivent être transportées à une station d'épuration, possédant les inconvénients olfactifs que l'on connaît, et dont les capacités actuelles sont largement insuffisantes. En outre, ces filières enterrées ne sont pas durables, puisque le filtre à sable, par exemple, doit être changé tous les 10 ou 15 ans. En plus d'offrir une solution d'assainissement durable et maîtrisée, la phytoépuration évite également la circulation de camions sur les petites routes de campagne, nécessaires pour les vidanges et le creusement du jardin pour le changement du filtre à sable.
Est-il possible d'installer soi-même une filière de phytoépuration ?
Il est en effet possible d'installer soi-même une filière plantée. Toutefois, la mise en œuvre demande quelques connaissances essentielles à la bonne réussite du chantier, c'est pourquoi il est préférable de se faire accompagner dans cette démarche. Nous proposons à certains de nos clients un dossier de mise en œuvre détaillé, qui les guide dans les étapes de cette installation. Nous effectuons également deux ou trois visites de chantier, pour s'assurer que la procédure est bien respectée, et nous conseillons des fournisseurs de matériaux. Ce service global est facturé environ 500 euros.
Ces filières ne dégagent-elles pas une mauvaise odeur dans le jardin ?
Non pas du tout ! C'est lorsqu'elles ne sont pas au contact de l'air que les matières organiques accumulées développent des odeurs. Ici, comme elles sont en plein air, ce n'est pas du tout le cas. Au contraire, la menthe aquatique du filtre horizontal dégage une odeur très agréable !