Le film "Chanson douce" sur France 3 raconte un fait divers glaçant et bien réel
Attention, âmes sensibles s'abstenir. Le film "Chanson douce", diffusé sur France 3 ce lundi 11 septembre, traite d'un sujet glaçant : l'infanticide. A partir de 21h10, les téléspectateurs de la troisième chaîne pourront découvrir l'histoire de Paul et Myriam, un couple qui engage une nourrice expérimentée pour garder leurs deux enfants en bas âge. D'abord consciencieuse et dévouée, la nourrice va prendre de plus en plus de place dans cette famille, jusqu'à se montrer particulièrement inquiétante...
Sorti en 2019, ce long-métrage porté par Karin Viard, Leïla Bekhti et Antoine Reinartz est l'adaptation du roman écrit par Leïla Slimani, qui avait obtenu le Prix Goncourt en 2016. L'autrice s'était d'ailleurs inspirée d'une sordide histoire vraie qui avait défrayé la chronique en 2012, celle de Yoselyn Ortega. Surnommée la "nanny tueuse" par les médias américains, elle avait été engagée par Kevin et Marina Krim, un couple vivant dans le luxueux quartier de l'Upper West Side de New York. Ils sollicitent ses services en 2010 pour s'occuper de leurs deux enfants en bas âge. Tout se déroulait parfaitement bien, jusqu'à ce que la nourrice soit virée de son appartement, rencontre des difficultés financières et se retrouve à vivre dans le Bronx avec son fils.
Selon les médias américains qui ont suivi l'affaire, l'état mental de Yoselyn Ortega se désagrège au point de développer une forme de rancœur envers le riche couple qui l'emploie. Le 25 octobre 2012, Marina Krim rentre dans son appartement pour découvrir ses deux enfants, Lucia (6 ans) et Léo (2 ans), dans la baignoire, tués après avoir reçu de nombreux coups de couteaux. Yoselyn Ortega, elle, survit à sa tentative de suicide. Elle a été condamnée à la prison à perpétuité en 2018.
Une analyse des rapports de classe
Leïla Slimani s'est donc inspirée de cette sordide affaire pour écrire son roman primé. L'autrice avait expliqué au moment de sa sortie avoir surtout voulu décortiquer les rapports de classes à l'oeuvre dans ce fait divers. "C'est la relation entre l'employeur et l'employée que j'interroge, expliquait-elle dans La grande librairie en 2016. C'est le fait de sacrifier sa liberté au confort, de ne pas se rendre compte qu'on peut avoir une réaction extrêmement humiliante vis à vis des autres, le fait d'occulter la vie des autres, de ne pas vouloir regarder en face la pauvreté..."
L'autrice explique également que c'est en engageant elle-même une nounou qu'elle s'est rendue compte "de la relation ambigüe entre une mère et une nounou, parce que finalement on paye quelqu'un pour aimer vos enfants, prendre soin de vos enfants et assurer leur sécurité. On ne sait jamais qui a le pouvoir sur l'autre. C'est cette tension qui m'a fascinée."