Un soupçon : l'histoire vraie de Manuela Gonzalez, "la veuve noire de l'Isère"
Avis aux amateurs de suspense et de polars haletants : la chaîne France 2 a programmé, à compter du mercredi 16 octobre 2024, une mini-série en quatre épisodes intitulée Un soupçon. Porté par Odile Vuillemin, connue notamment pour son rôle dans Profilage sur TF1, ce programme plonge les téléspectateurs dans l'univers intriguant d'Isabelle, une femme au passé trouble, soupçonnée d'avoir assassiné plusieurs de ses maris.
Dans la petite ville du Sud de la France où se déroule l'intrigue, Isabelle tient une charmante boutique de fleuriste. Mais derrière cette façade affable se cache peut-être une redoutable meurtrière. C'est en tout cas ce que soupçonne la capitaine de gendarmerie Mathilde Delboscq, chargée d'élucider le décès brutal du mari d'Isabelle, Pascal Bonnot, dont le corps calciné a été découvert dans une voiture.
Au fil de son enquête et de ses entretiens avec la mystérieuse Isabelle, la gendarme va mettre au jour la personnalité complexe et les multiples facettes de cette femme au destin hors-norme. Car depuis son enfance, la suspecte n'a eu de cesse de se battre pour sa survie, oscillant entre statut de victime et de coupable. Séductrice, manipulatrice, mythomane... Qui est réellement Isabelle ? Une mère de famille sans histoires ou une tueuse en série ?
Manuela Gonzalez, "la veuve noire de l'Isère"
Si le scénario d'Un soupçon, imaginé par Franck Ollivier happe le téléspectateur dès les premières minutes, c'est en grande partie grâce à l'interprétation saisissante d'Odile Vuillemin. L'actrice excelle dans ce rôle en demi-teinte, insufflant un mélange de froideur et de fragilité à son personnage ambigu. Face à elle, Joyce Bibring incarne avec justesse la détermination de la capitaine Delboscq, prête à tout pour faire éclater la vérité.
Mais aussi captivante soit-elle, cette fiction n'en demeure pas moins inspirée par un fait divers bien réel. Celui du meurtre de Daniel Cano. Rescapé d'un incendie à son domicile fin septembre 2008, alors qu'il était sous somnifères, ce dernier sera finalement retrouvé un mois plus tard, mort et calciné, dans un véhicule incendié dans un champ, à Villard-Bonnot. Son épouse de l'époque, qui a déjà perdu deux précédents maris, François Collazo en 1989 et surtout Thierry Lechevallier en 1991, dans des circonstances troublantes, sera vite suspectée d'avoir assassiné son compagnon pour percevoir l'argent de l'assurance-vie.
Après des années de mystère, de procédure et de rebondissements, Manuela Gonzalez sera finalement condamnée en 2014, devant la cour d'assises de l'Isère, à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Daniel Cano. Condamnation confirmée en appel en 2016 avant le rejet de son pourvoi en cassation. Le mobile de ce meurtre est une somme de 235 000 euros provenant de deux contrats d'assurance-vie ainsi qu'une exonération de remboursement du prêt. Les investigations sur les morts de François Collazo et Thierry Lechevallier n'ont à ce stade pas abouti. Ce qui n'empêchera pas Manuela Gonzalez, d'être surnommée "la veuve noire de l'Isère".
Une histoire vraie, mais un soupçon de libertés dans le scénario
Si le personnage d'Isabelle et le scénario d'Un soupçon s'inspirent de ce dossier criminel qui a défrayé la chronique, de nombreuses libertés ont néanmoins été prises par rapport à l'histoire originelle. Les noms et lieux ont été modifiés, et les circonstances des drames adaptées pour servir une intrigue haletante et addictive.
Plutôt qu'une reconstitution fidèle, le réalisateur Philippe Dajoux a voulu explorer la psychologie et les motivations d'une femme soupçonnée des pires crimes, tout en maintenant savamment le doute. Est-elle coupable ou innocente ? Manipulatrice ou elle-même victime de la vie ? C'est tout le sel de cette série qui interroge sur les apparences et la façon dont la société porte un regard sur ceux qui sortent des sentiers battus.