Etats-Unis : des enfants adoptés échangés comme des animaux de compagnie

Etats-Unis : des enfants adoptés échangés comme des animaux de compagnie Une journaliste de Reuters a enquêté sur des Américains qui, lassés des enfants qu'ils ont adoptés, les proposent sur le Web.

Certains Américains utilisent Internet pour abandonner les enfants qu'ils ont adoptés et dont ils ne veulent plus. Voilà la conclusion alarmante de la journaliste Megan Twohey qui a mené l'enquête pendant 18 mois pour l'agence de presse Reuters. Sur Facebook et sur Yahoo, des groupes dédiés à cette pratique se sont formés et des parents proposent ainsi l'enfant qu'ils ont adopté à d'autres parents. Une pratique traumatisante pour les enfants (abandonnés une deuxième fois) et qui peut les mener à vivre des situations dangereuses. En effet, en dehors de toute régulation, les enfants dont se débarrassent les parents adoptifs peuvent atterrir dans des foyers où règnent violences, abus, maltraitances.

Dans son reportage en cinq volets, la journaliste a ainsi présenté l'histoire de Quita, une jeune Libérienne souffrant d'importants problèmes de santé et de comportement, et dont les parents adoptifs américains ne voulaient plus. Ces derniers ont trouvé des "repreneurs" sur la Toile et ont donc confié l'adolescente à la famille Eason, qu'ils n'ont même jamais rencontrés avant de leur donner leur enfant. Une nouvelle famille déjà connue des services sociaux, pour cause de troubles psychiatriques et de comportements violents : leurs deux enfants biologique leurs ont été retirés et le couple a été suspecté d'abus sexuels sur mineurs. Confiée à cette nouvelle famille Quita a connu un vrai "cauchemar", selon ses propres mots. Dans ce reportage choquant, elle témoigne avoir dû dormir nue dans le lit de ses nouveaux "parents adoptifs"  la nuit de son arrivée.

Pour confier un enfant à une autre famille, il suffit aux Etats-Unis de passer devant un notaire et de signer un document qui établit le transfert d'autorité. Il ne s'agit pas d'une adoption en bonne et due forme, et ne suit donc pas le même processus. Loin des services sociaux et de la justice, donc. Le reportage de Megan Twohey regorge d'histoires sordides d'enfants abusés, échangés comme des animaux domestiques. Grâce à l'enquête menée par la journaliste de Reuters, Yahoo a supprimé les groupes consacrés au "private re-homing", cette pratique de "dons d'enfants", pratiquée 261 fois en 5 ans avec cette plateforme Internet. Mais, selon Le Monde, Facebook a refusé de fermer les pages concernées.