A Saint-Nazaire, la CGT fait le coup de la méga-panne de courant

A Saint-Nazaire, la CGT fait le coup de la méga-panne de courant COUPURE ELECTRICITE - Le second volet de la grève de la CGT dans les centrales d'électricité a provoqué une grande coupure de courant à Saint-Nazaire et ses environs...

[Mis à jour le 2 juin 2016 à 14h34] Une gigantesque panne de courant a privé entre 120 et 125 000 foyers en électricité ce jeudi matin, à Saint-Nazaire. Le courant est depuis revenu, et on connait l'origine de cette "grosse panne" : elle est bien liée à la grève dans les centrales nucléaires contre la loi Travail selon l'AFP, qui confirme des informations déjà livrées par Ouest-France. Il s'agit de la plus significative des coupures d'électricité depuis le début du mouvement dans les centrales, fin mai. La CGT avait annoncé hier une seconde grève dans les 19 centrales nucléaires que compte le territoire, après un premier mouvement le 26 mai. A l'époque, quelques coupures de courant avaient été constatées. Des dizaines de milliers de personnes avaient été privées d'électricité, pendant quelques minutes, parfois quelques heures, dans le Nord, l'Ile-de-France, dans l'Ouest ou encore à Marseille.

Les coupures devaient, cette fois, être ciblées : dans un communiqué diffusé hier, la CGT demandait aux salariés de l'énergie d'effectuer des coupures d'électricité et de gaz pour les services de l'Etat et les locaux du Medef. La FNME-CGT (fédération nationale des mines et de l'énergie) a publié ce matin un nouveau communiqué sur les actions menées depuis la veille dans le secteur de l'électricité. La liste est déjà conséquente.

Coupures d'électricité par ville

Une coupure d'électricité a eu lieu à 11 heures ce jeudi et a frappé 120 000 foyers à Saint-Nazaire, Donges, Guérande, ou encore La Baule, en Loire-Atlantique selon la préfecture. Les causes de cette coupure seraient liées à la mobilisation des salariés d'EDF contre la loi Travail selon Ouest-France et l'AFP. Un supermarché a été évacué par mesure de sécurité selon l'AFP. Un navire en construction dans les chantiers STX a également été évacué. Plusieurs autres coupures de courant ont aussi été constatées dans le pays, dont une semble directement liée à la grève.

Selon France Bleu, un poste ERDF situé à Cueille, qui alimente en partie la ville de Tulle, en Corrèze, a été coupé par des manifestants. Environ 1500 foyers et institutions, dont la mairie, ont été privés d'électricité pendant quelques minutes. Celle-ci était de retour à 10h30. Tulle est le fief électoral de François Hollande et semble ici avoir été une cible pour les opposants à la loi Travail. Beaucoup d'autres coupures de courant sont liées aux inondations qui frappent le centre de la France. 12 000 foyers sont sans électricité en Ile-de-France selon le Parisien, environ 8000 de plus dans le Loiret. 24 400 foyers sont privés d'électricité au total dans le centre et en Ile-de-France.

Faut-il prévoir d'autres coupures de courant à l'occasion de cette nouvelle "grève de l'électricité" La grève du 26 mai dernier avait été bien suivie selon la CGT, avec 50 à 80 % de grévistes dans les centrales. Mais selon Réseau de transport d'électricité (RTE), il n'y avait pas eu "de problème d'alimentation" en électricité. Un porte parole de la société, filiale d'EDF, indiquait que "l'offre de production" en France était "suffisante pour couvrir les besoins électriques des Français". Les centrales nucléaires n'avaient pas été arrêtées. La production électrique avait simplement été baissée de 5000 mégawatts selon la CGT. Une baisse mesurée, puisque celle-ci peut encore aller jusqu'à 20 000 MW, selon Laurent Langlard, porte-parole de la CGT Mines et Energie. Des coupures de courant avaient tout de même eu lieu, confirmées par plusieurs médias locaux.

Des villes déjà touchées le 26 mai

Plusieurs villes avaient néanmoins été touchées par une coupure d'électricité lors de la grève du 26 mai, sans qu'on soit certain que toutes soient liées à la grève. La CGT a indiqué qu'elle était à l'origine de plusieurs coupures dans le Nord, au marché de Lomme, à Lille et à Boulogne-sur-Mer. Le Marché d'Intéret National (MIN) de Lille avait notamment été visé. Près de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, un supermarché Auchan avait été évacué après une panne générale. Les clients de ce magasin de Saint-Martin-Boulogne ne pouvaient plus passer en caisse. La coupure a "duré une bonne heure", selon des témoins cités dans la Voix du Nord. Plusieurs coupures avaient aussi rapportées par le syndicat dans l'Ouest. A Lorient la sous-préfecture, le centre des finances publiques et le tribunal de grande instance ont été privés de courant selon le Télégramme de Brest. 

Les départements franciliens des Yvelines, de l'Essonne, de Seine-et-Marne avaient aussi été frappés. Dans les Yvelines, les habitants de Meulan s'étaient réveillés sans électricité. Les équipements de la ville, comme les feux de circulation, ne fonctionnaient plus. Sur BFMTV, plusieurs témoignages d'habitants faisaient directement le rapprochement avec les menaces de la CGT. Un travailleur indépendant affirmait notamment être totalement démuni et dans l'incapacité de travailler, pointant les grévistes des centrales. D'autres habitants ont posté des messages sur Twitter.

Déjà des pannes le 24 mai

D'autres cas, plus anciens, avaient été rapportés par la CGT. A Marseille, le plus grand centre commercial d'Europe avait été brièvement privé de courant le mardi 24 mai, sans qu'on ait réellement plus d'information. A Nantes, certains quartiers ont aussi connu des coupures électriques le même jour, dans la soirée, rapportait Marie-Claire Cailletaud, la porte-parole de la FNME-CGT, fédération nationale mines-énergie de la confédération. Ouest-France rapportait quant à lui que 25 000 foyers d'une zone commerciale avaient été privés de courant pendant 6 minutes.

La coupure de courant constatée dans la capitale de Loire-Atlantique fin mai ne serait cependant pas liée directement au mouvement contre la loi Travail. Il s'agirait d'un mouvement social des salariés de RTE. Les grévistes protestaient contre l'ouverture du capital de la société, détenu pour l'instant à 100 % par Electricité de France. Selon la branche Mines et Energie du syndicat, il y avait un tiers de grévistes chez RTE. Dans un communiqué, la FNME-CGT indiquait d'ailleurs que "des lignes 63 et 220 kV ont été coupées", privant 17 500 foyers d'électricité. Les "Nantais ont goûté avant l'heure aux conséquences de la déréglementation à venir", lançait le syndicat avec une pointe de provocation.