Armstrong : comment il s'est dopé sans se faire pincer

Armstrong : comment il s'est dopé sans se faire pincer Dans un long rapport, l'agence anti-dopage américaine revient à la charge et explique le "système ultrasophistiqué" dont a bénéficié Lance Armstrong pendant des années.

L'ancien champion cycliste a déjà réagi en expliquant qu'il n'était "pas affecté". Mais Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, vient de recevoir une nouvelle flèche de la part de l'agence anti-dopage américaine. Après avoir déchu le coureur de ses titres (une sanction qui doit encore être confirmée par l'Union cycliste internationale), l'Usada vient d'expliquer par le menu "le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport". Des témoignages sous serment de 26 personnes, dont 15 coureurs, et environ un millier de documents compromettants décortiquent le dispositif mis en place au sein de l'US Postal, l'équipe avec laquelle Armstrong a connu la gloire après avoir surmonté un cancer des testicules. Des cyclistes de renom comme Tyler Hamilton, George Hincapie ou encore Floyd Landis, anciens proches d'Armstrong, ont donné leur témoignage.

Les documents mis en ligne sur le site de l'agence aujourd'hui détaillent par exemple comment des "professionnels" du dopage ont mené une stratégie délibérée de triche au sein de l'US Postal entre 1999 et 2005. Un système de pressions était aussi à l'œuvre pour inciter les autres coureurs à consommer des "drogues dangereuses" et aider Armstrong à s'imposer sur les routes selon l'Usada. Comme cela a été longtemps soupçonné, l'EPO, ou érythropoïétine, hormone qui permet de multiplier les globules rouges et donc de mieux "oxygéner" le sang, est au cœur de ce dispositif. Testostérone, hormone de croissance et cortisone faisaient aussi partie du "pot". Concrètement, Armstrong est accusé d'avoir mené des cures massives d'EPO dans le plus grand secret et dans des lieux inaccessibles à partir de 2000. Lors des compétitions, il lui suffisait ensuite de se réinjecter d'infimes doses, parfaitement mesurées pour être indétectables, en vue de "booster" les effets de la substance. L'autotransfusion était aussi monnaie courante dans l'équipe pour prolonger ces effet rapportent certains documents de l'Usada. Deux règles strictes entouraient ces piqûres : s'injecter l'EPO uniquement en soirée et en intraveineuse.

Car les mêmes médecins et experts, parmi lesquels Michele Ferrari, ex-préparateur de Lance Armstrong et Johan Bruyneel, son ancien coach, auraient mis en place un savant dispositif pour échapper aux contrôles. D'abord, les relations avec l'Union cycliste internationale étaient entretenues pour rester optimales. Armstrong était par exemple l'un des principaux donateurs de l'UCI. Conséquence directe ou non : les proches d'Armstrong étaient étrangement informés des contrôles, suffisamment en avance en tout cas pour s'organiser avant les tests. Un savant mais mystérieux "système d'avertissement" est mentionné. "Johan (Bruyneel) avait toujours l'air de savoir quand les contrôleurs venaient sur les courses", a ainsi rapporté un des témoins.

Mais Armstrong savait aussi profiter des failles du système. Prévenu par ses coach ou ses coéquipiers, il lui serait arrivé plusieurs fois de quitter une course ou de disparaitre, pour éviter purement et simplement les contrôles. Rater un ou plusieurs contrôles a en effet longtemps été l'objet de l'indulgence des instances anti-dopage. Refuser "d'ouvrir la porte" aux contrôleurs n'était pas sanctionné. Lors des périodes d'entrainement, Lance Armstrong ne laissait en outre que très peu d'informations sur son planning aux instances anti-dopage, ce qui rendait sa localisation très difficile. Une de ses cachettes favorites est citée : l'hôtel Fontanals Golf de Puigcerda, en Espagne, où il se réfugiait régulièrement et où il ne courrait aucun risque.

Quand il ne pouvait pas éviter un contrôle enfin, le coureur pouvait aussi profiter des quelques minutes séparant l'arrivée des contrôleurs (généralement repérés par des guetteurs) et le test en lui-même. Une vingtaine de minutes lui permettant, toujours selon les témoignages récoltés par l'Usada, de suivre un protocole strict : évacuation de son urine remplacée par de l'urine artificielle, dilution du sang et injection de sérum physiologique pour effacer les traces.

EN VIDEO - Lors des premières accusations del'Usada fin août, Lance Armstrong avait défendu ses victoires dans la grande boucle.

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