"Ils ont des comportements de bête" : le maire de Limoges fiché pour des propos racistes

"Ils ont des comportements de bête" : le maire de Limoges fiché pour des propos racistes Le 24 juillet, le député Damien Maudet a saisi la procureure de Limoges, estimant que le maire de Limoges a comparé les habitants du Val de l'Aurence à "des bêtes" dans plusieurs médias.

"Quand on considère les gens comme des bêtes et qu'on les laisse libres comme des bêtes, ils ont des comportements de bête." Ces propos, tenus par le maire de Limoges, Émile-Roger Lombertie (LR), lors d'une interview accordée au site Boulevard Voltaire, ont provoqué une vive controverse, quelques mois seulement après sa mise en examen pour harcèlement sexuel et moral en mai 2025.

Un discours tenu après les émeutes survenues dans le quartier du Val de l'Aurence le 18 juillet et régulièrement ponctué de "propos à teneur raciste" selon le député LFI Damien Maudet. Lequel a saisi le parquet de Limoges pour dénoncer les déclarations du maire en s'appuyant sur l'article 40 du Code de procédure pénale, qui oblige les élus et les fonctionnaires à saisir la justice en cas de comportement délictueux.

Le maire de Limoges s'est exprimé "sans langue de bois" sur les affrontements qui ont opposé des groupes d'individus aux forces de l'ordre dans le quartier du Val de l'Aurence dans la nuit du 18 au 19 juillet auprès de Boulevard Voltaire. Des altercations qu'Émile-Roger Lombertie a comparé aux "évènements" en Algérie, c'est à dire aux manifestations qui ont mené à la guerre d'Algérie. "Il y a un grand danger : quand on ne fait pas ce qu'il faut pour faire respecter la République française, on fait tout pour faire une république islamique" a-t-il ensuite affirmé au journal de droite conservatrice.

Le maire pointe l'ethnie, la religion et "l'inculture" de certains habitants

L'élu LR a également établi un lien entre l'ethnie et la religion de la majorité des habitants du quartier, autrefois composé de familles immigrées intégrées par le travail et aujourd'hui remplacées, selon lui, par une population précarisée et originaire d'Afrique, et les affrontements. Il a aussi pointé du doigt deux idéologies ayant servi de terreaux aux émeutes selon son analyse : "D'abord l'idéologie musulmane car beaucoup sont musulmans salafistes intégristes" du moins assez pour "pourrir la vie" de ceux souhaitant s'intégrer en France estime Émile-Roger Lombertie. "Ensuite, l'idéologie de gauche et d'extrême gauche LFI : on ne vous donne pas ce qu'il faut ? Vous devez revendiquer. On ne s'occupe pas de vous…" ajoute-t-il.

Autre élément ayant conduit aux émeutes selon le maire de Limoges : "l'inculture" des habitants du Val de l'Aurence. "Beaucoup ne parlent pas français, même au sortir de l'école". Selon le maire Les Républicains, "si on ne leur apprend pas à parler la France, à écrire la France, à réciter la France et à aimer la France, ils ne peuvent pas aimer la France". Il évoque une jeunesse qui nie son identité française, vivant dans un "corpus d'identité" fondé sur "la drogue, l'islam et LFI".

Des propos auxquels s'est ajouté une comparaison dégradante pour les habitants du Val de l'Aurence censée dénoncer l'élite politique incapable de comprendre "l'anthropologie" ou "l'éthologie". "Quand on considère les gens comme des bêtes et qu'on les laisse libres comme des bêtes, ils ont des comportements de bête, c'est-à-dire qu'ils perdent tout ou partie de leur humanité pour se contenter du côté obscur" a-t-il affirmé dans les colonnes du journal. Le maire a même affirmé sur CNEWS, le 21 juillet, que "quand vous êtes en milieu musulman, si le père est absent, c'est un des garçons qui commande. Comment voulez-vous qu'un enfant de 8 ans soit chef de famille ?"

"Un maire ne devrait pas dire ça" estime une élu PS

Des déclarations qui prennent une tournure politique et suscitent de nombreuses réactions. Le député de la Haute-Vienne, Damien Maudet (LFI) a demandé au parquet de se prononcer sur les déclarations du maire et d'envisager les suites à leur donner. L'élu accuse l'édile de "stigmatiser un groupe de personnes en raison de leur origine, ethnie ou religion supposée", rappelant que l'éthologie est l'étude du comportement scientifique animal. "Le maire assimile les habitants des quartiers populaires issus de l'immigration ou pratiquant la religion musulmane à des animaux, aux 'comportements de bête'" écrit l'élu dans le courrier adressé au procureur. 

"Un maire ne devrait pas dire cela" estime de son côté l'élue PS à la mairie de Limoges, Gulsen Yildirim, sur X. Thierry Miguel, chef de file socialiste à Limoges, fustige quant à lui des propos "irréfléchis", notamment la référence à la guerre d'Algérie. "Les événements étaient graves, mais en aucun cas ils ne sont comparables avec ce qu'il s'est passé pendant la guerre d'Algérie, une guerre d'indépendance". Les propos du maire n'étonne pas l'ancien commissaire divisionnaire. Il évoque la personnalité de l'élu, "capable de dériver complétement sur tous les sujets" et de leur "parler des salafistes". "Il n'y a pas très longtemps, ils a dit que nous étions des mécréants. Je ne comprends pas où va ce maire."

Même au sein de la majorité municipale, le malaise est palpable. Vincent Léonie, adjoint au maire et candidat déclaré aux municipales de 2026, dit comprendre "l'émotion des associations musulmanes" et dénonce une "stigmatisation irresponsable". Dans son communiqué, il affirme que "la solution ne réside ni dans l'excuse, ni dans l'amalgame" mais "dans un équilibre exigeant entre accompagnement social et réponse républicaine ferme face aux violences". Sollicité par France 3, Émile-Roger Lombertie n'a pas souhaité répondre.