Qui des riches ou des pauvres perdent le plus avec le budget 2026 ? L'OFCE a la réponse
Le gouvernement a présenté ses pistes pour faire 43,8 milliards d'euros d'économie avec le budget 2026 et le Premier ministre est formel : "Tout le monde est concerné par cet effort". En annonçant une année blanche, soit un gel du barème des impôts et des prestations sociales, François Bayrou estime que chaque Français participera à sa hauteur à l'effort budgétaire. Et face à l'appel de certaines forces politiques pour taxer davantage les ménages les plus aisés, afin de récupérer des recettes sans affecter le pouvoir d'achat des plus pauvres, le locataire de Matignon a évoqué une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus.
Mais alors, les mesures envisagées par le gouvernement pour le budget 2026 sont-elles équitables ? Non selon l'analyse de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). L'année blanche, avec le gel du barème des impôts, va avoir pour conséquence de faire payer plus d'impôts à tout le monde comme l'explique Eric Heyer, économiste à l'OFCE, auprès de Franceinfo : "Si on vous augmente pour prendre en compte l'inflation mais que le barème n'évolue pas, vous allez payer plus d'impôts. Et ceux qui en paient vont tous en payer plus" qu'ils soient riches ou pauvres.
En octobre 2024, alors que le gouvernement Barnier étudiait l'hypothèse d'une année blanche pour le budget 2025, une étude de l'OFCE démontrait que la mesure ferait perdre entre 50 et 100 euros par an aux ménages proches du niveau de vie médian par rapport à une situation avec une indexation sur l'inflation classique. La même étude indiquait que 380 000 Français qui ne paient pas d'impôt sur le revenu passeraient dans la tranche supérieure et commenceraient à en payer un peu.
"Les inégalités devraient augmenter"
La mesure peut paraître équitable et pourtant... Si en euros les ménages les plus riches contribueraient plus, "en pourcentage du niveau de vie, ce sont bien les ménages les plus modestes qui verraient leur revenu le plus réduit par une année blanche", prévient Pierre Madec, également économiste pour l'OFCE. "Les 5% de ménages les plus modestes perdraient ainsi près de 1% de revenu disponible comparativement à une situation de revalorisation usuelle. Pour les ménages du centre de la distribution, l'impact serait de l'ordre de 0,5% et pour les 5% de ménages les plus aisés inférieur à 0,3%", ajoute-t-il chiffres à l'appui.
Une logique similaire va s'appliquer avec le gel des pensions de retraite et celui des prestations sociales. Si 17 millions de retraités étaient touchés par la non-revalorisation des retraites, ce seraient surtout les retraités les plus pauvres qui verraient leur pouvoir d'achat s'amenuir. "Les ménages les plus modestes seraient davantage pénalisés", insiste Eric Heyer. Quant aux prestations sociales qui sont essentiellement perçues par des ménages plus modestes comme le RSA, les APL ou l'AAH, leur gel affecterait davantage les plus pauvres que les plus riches.
"Si l'on cumule gel des prestations, des retraites et du barème de l'impôt sur le revenu, les revenus des ménages pauvres baisseraient plus, en proportion, que ceux des plus riches. Ils seraient donc davantage mis à contribution" affirme Pierre Madec. En parallèle, "rien n'est prévu pour renforcer la taxation des revenus financiers et la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus concerne très peu de ménages" ajoute l'économique qui conclut : "Les inégalités devraient augmenter" entres les riches et les pauvres qui s'appauvriraient davantage.