"Manger des glaçons d'urine", violences sexuelles : des accusations saisissantes à l'université de Tours
Les révélations sur les violences sexistes et sexuelles continuent de pointer des dérives au sein de la faculté de médecine de Tours, notamment au sein des associations étudiantes. L'université, déjà marquée par l'affaire sur une banderole existe brandie par des étudiants de médecine lors d'une soirée en septembre 2024, a eu vent d'autres actes humiliants et de violences sexuelles au mois de mars. Des éléments mis en lumière par un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation du sport et de la recherche qui a mené une enquête entre septembre et décembre 2024.
Le document n'a pas été rendu public, mais évoque plusieurs faits de bizutages, d'actes dégradants et des rapports sexuels non consentis selon les déclarations du président de l'Université de Tours Philippe Roingeard, qui a pu consulter le rapport. Le dirigeant de l'université mentionne auprès d'Ici Touraine "des actes humiliants pour les étudiantes et étudiants comme de consommer de la pâtée pour chien, des glaçons d'urine" survenant lors de soirées étudiantes. Si ces faits de bizutage questionnent déjà le respect de la dignité humaine, d'autres éléments vont plus loin et relèvent de violences sexuelles assure Philippe Roingeard : "Dans ce rapport, on voit une surconsommation excessive d'alcool qui conduit à des actes qui peuvent aller jusqu'à imposer des rapports oraux à des jeunes femmes." Il est aussi question de strip-tease imposé à des étudiants et étudiantes.
Une banderole douteuse sur la soumission chimique
Ces éléments, rapportés par l'IGES qui s'appuie sur au moins 48 témoignages recueillis pour trois enquêteurs, traduisent une atmosphère ambiante au sein des soirées médecine et de certaines associations estudiantines de la faculté. Laquelle est entretenue par plusieurs étudiants comme le suggère l'affaire de la banderole sexiste. En septembre 2024, plusieurs jeunes hommes et jeunes femmes membres de la fac de médecine de Tours brandissaient un drap blanc sur lequel avait été dessiné une femme nue et plongée, inconsciente, dans un verre à cocktail. Un pénis représenté en train d'éjaculer la surplombait, tandis que l'inscription "GHBites", un jeu de mots avec le nom du GHB connu comme "la drogue du violeur", complétaient le dessin. L'image de cette banderole diffusée sur les réseaux avait fait grand bruit et entrainé un signalement.
Cette affaire couplée aux éléments du rapport de l'IGESR a poussé la procureure de la République de Tours à ouvrir une enquête préliminaire pour "bizutage, atteintes sexuelles, violences aggravées". L'université de Tours a également pris une série de mesures : l'annulation de tous les galas et soirées jusqu'à la fin de l'année universitaire, la saisie de la commission disciplinaire à l'encontre d'une vingtaine d'étudiants, dont certains étaient membres de l'association à l'origine de la soirée à la banderole, ou encore la suspension d'une quinzaine d'associations étudiantes de médecine.
L'université a précisé à Ici Touraine contraindre désormais les associations étudiantes au respect d'une charte de lutte contre le bizutage et les violences sexistes et sexuelles et leur opposer un meilleur contrôle. Une façon de lutter contre "une problématique systémique de promotion de faits de bizutage et de violences sexistes et sexuelles au sein des associations étudiantes de médecine", explique Philippe Roingeard.