Reconnaissance de l'État palestinien : Macron en manque de soutiens
- "La France reconnaîtra l'État de Palestine" lors d'une "annonce solennelle à l'Assemblée générale des Nations Unies, au mois de septembre prochain", a annoncé Emmanuel Macron dans un message posté sur les réseaux sociaux le jeudi 24 juillet. Il explique vouloir rester "fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient".
- Israël a vivement critiqué cette annonce. "Une telle décision récompense la terreur", a réagi le Premier ministre Benyamin Nétanyahou sur X tandis que le ministre israélien de la Défense a dénoncé "une honte et une capitulation face au terrorisme" qui "récompense et encourage les meurtriers et violeurs du Hamas". Les États-Unis, principaux alliés d'Israël, ont dénoncé une décision "imprudente" avant que Donald Trump minimise la force de l'annonce d'Emmanuel Macron : "Cela ne va rien changer. [...] Sa déclaration n’a pas de poids".
- L'annonce d'Emmanuel Macron fait aussi réagir la classe politique française : la droite et l'extrême droite l'ont déplorée jugeant une décision trop hâtive et légitimant les actions du Hamas à l'origine de l'attaque du 7 octobre 2023. En parallèle, les forces de gauche saluent l'annonce, mais estiment qu'elle arrive trop tard et qu'elle doit s'accompagner d'actions concrètes pour Gaza et de sanctions pour Israël.
- Édouard Philippe, ancien Premier ministre et possible successeur à Emmanuel Macron, a fait part de son inquiétude sur X concernant la décision de la reconnaissance par la France de l’État palestinien. Il s’interroge quant au fait que ce soit le bon moment. Une inquiétude partagée, y compris au plus haut de l’État. Gérard Larcher, président du Sénat, a fait part de ses doutes dans un communiqué, dans lequel il assure que c’est "un pari trop dangereux".
- La reconnaissance de l'État palestinien par Emmanuel Macron renforce la solution à deux États, pour Jasmine El-Gamal, spécialiste de la politique internationale et ancienne conseillère du Pentagone au Moyen-Orient. Elle "encourage les autres" pays membres des Nations Unis à se joindre à cette solution et "fait pression sur le Royaume-Uni pour qu'il fasse de même".
23:44 - Que change la reconnaissance de la France pour l’État palestinien ?
Concrètement, la Palestine coche déjà de nombreuses cases d’un État à part entière. Elle fait partie de l’Unesco, de la Cour pénale internationale (CPI et est membre observateur de l’ONU. Mais un pays qui n’est pas reconnu aura du mal à faire entendre sa voix sur la scène internationale, d’autant plus s’il n’est pas reconnu par des grandes puissances comme les pays membres du G7, ce qui est le cas pour la Palestine. C’est là que la reconnaissance par la France prend de l’importance en devenant le premier pays du G7 à sauter le pas. Pour autant, certains y compris dans le camp présidentiel, estiment qu’il est trop tôt, que le Hamas a encore trop d’influence dans la région et que cette reconnaissance n’est que symbolique.
23:35 - Christian Estrosi dénonce une trahison pour les Juifs de France
Le maire de Nice ne mâche pas ses mots après l’annonce de la future reconnaissance de l’État palestinien par la France. Selon lui, "c’est offrir au Hamas la victoire qu’il espérait le 7 octobre" et "trahir les Juifs de France". Christian Estrosi en profite également pour tacler la France Insoumise, qu'il accuse d'utiliser "l’ambiguïté antisémite" comme stratégie.
Reconnaître un État palestinien aujourd’hui, c’est offrir au Hamas la victoire qu’il espérait le 7 octobre. C’est trahir les Juifs de France, la démocratie israélienne et les civils palestiniens, otages et victimes de l’islamo-terrorisme. Les félicitations de Mélenchon et de Rima…
— Christian Estrosi (@cestrosi) July 25, 2025
23:13 - 28 morts aujourd’hui à Gaza
Emmanuel Macron souhaite la reconnaissance de l’État palestinien par la France pour aller vers un processus de paix dans la région. Alors que cette annonce a été faite hier soir, la journée a à nouveau été synonyme de mort dans l’enclave palestinienne. La Défense civile a Gaza fait état de 28 morts aujourd’hui dans de nouvelles opérations militaires israéliennes.
22:53 - Le Brésil soutient la décision d’Emmanuel Macron
Pour le gouvernement brésilien, la reconnaissance de l’État palestinien par la France "continue à répondre aux aspirations de paix dans la région, de liberté et d’autodétermination du peuple palestinien", écrit le ministre brésilien des Affaires étrangères. Il "exhorte toutes les autres nations à ne pas l'avoir encore fait" à en faire de même.
21:52 - "Un pari trop dangereux" pour Gérard Larcher
Si la solution à deux États est incontournable", écrit Gérard Larcher, "reconnaître un État palestinien, dans les circonstances actuelles, est un pari trop dangereux". Le président du Sénat assure que la "position de la France doit s’en tenir à des lignes constantes et équilibrées", et que cette reconnaissance n’est pas synonyme de paix, mais d’une "victoire politique au Hamas", ce qui est "intolérable".
#Palestine - Si la solution à deux États est incontournable, reconnaître un État palestinien, dans les circonstances actuelles, est un pari trop dangereux qui ne sert pas la cause d'une paix durable. pic.twitter.com/Mow2a1JuTX
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) July 25, 2025
Emmanuel Macron a annoncé que "la France reconnaîtra l'État de Palestine" lors d'une "annonce solennelle à l'Assemblée générale des Nations Unies, au mois de septembre prochain". À cette occasion, la France co-présidera, avec l'Arabie saoudite, une conférence internationale visant à relancer la solution dite "à deux États", un Palestinien et un Israélien. La France deviendra alors le 143e État sur les 193 membres des Nations unies à reconnaître l'État palestinien. Dans une lettre adressée aux autorités palestinienne et partagée sur les réseaux, le président de la République décrit la situation à Gaza et explique vouloir rester "fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient".
Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, jai décidé que la France reconnaîtra lÉtat de Palestine.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 24, 2025
Jen ferai lannonce solennelle à lAssemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain. pic.twitter.com/7yQLkqoFWC
La décision d'Emmanuel Macron est fustigée par les États-Unis et Israël. Dans un message publié sur X, Benyamin Nétanyahou a fermement condamné les propos d'Emmanuel Macron : "Nous condamnons fermement la décision du président Macron de reconnaître un État palestinien à côté de Tel-Aviv, à la suite du massacre du 7 octobre. Une telle décision récompense la terreur et risque de créer un autre mandataire iranien, tout comme l'a été Gaza." Aux Etats-Unis, les représentants ont "fermement" rejeté la proposition jugée "imprudente" faisan reculer la paix et qualifiée de "camouflet pour les victimes du 7-Octobre".
We strongly condemn President Macrons decision to recognize a Palestinian state next to Tel Aviv in the wake of the October7 massacre. Such a move rewards terror and risks creating another Iranian proxy, just as Gaza became.
— Benjamin Netanyahu - (@netanyahu) July 24, 2025
A Palestinian state in these conditions would be a
A contrario, les forces palestiniennes ont salué cette annonce. "Cette position reflète l’attachement de la France au droit international et son soutien aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement de notre État indépendant", a déclaré le vice-président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh. Le Hamas, mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza et contre qui Israël est en guerre, évoque une "étape positive [...] pour rendre justice à notre peuple palestinien opprimé et soutenir son droit légitime à l’autodétermination. Le mouvement appelle par ailleurs "tous les pays du monde [...] à suivre l’exemple de la France".
D'autres pays du Proche-Orient soutiennent également l'annonce d'Emmanuel Macron comme l'Arabie Saoudite qui y voit une "décision historique qui réaffirme le consensus de la communauté internationale sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant sur les frontières de 1967". Un avis partagé par la Jordanie.
Une reconnaissance pour mettre fin à la guerre
Selon Emmanuel Macron, "il faut enfin bâtir l'État de Palestine, assurer sa viabilité et permettre qu'en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, il participe à la sécurité de tous au Proche-Orient". Il explique que cela permettra de mettre fin à la guerre, et permettre "que la population civile soit secourue".
Pour Jasmine El-Gamal, spécialiste de la politique internationale et ancienne conseillère du Pentagone au Moyen-Orient, le timing de l'annonce d'Emmanuel Macron est "très intéressant ". Elle assure que cela montre que la solution à deux États "n'est pas une blague", "encourage les autres" pays membres des nations Unis à se joindre à cette solution et "fait pression sur le Royaume-Uni pour qu'il fasse de même, puisque le Premier ministre Starmer traîne les pieds (malgré la pression de son propre parti)".
La reconnaissance de l'Etat palestinien est certes une mesure hautement symbolique, mais aura quelques des conséquences concrètes. Elle ne pourra pas modifier la politique israélienne, mais elle obligera la France à faire respecter les droits de cette entité en tant qu'État souverain et a considérer la Palestine et Israël sur un pied d'égalité. Cette décision peut surtout relancer les discussions et motiver des mesures similaires prises par les autres pays défenseur d'une solution à deux Etats : "Si nous ne reconnaissons pas l’un des deux États, il ne peut y avoir de solution à deux États", expliquait Johann Soufi, avocat et ancien chef du bureau juridique de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens à Gaza en 2024.