Harlem Désir : viré du PS ?
Tous les éditorialistes ou presque sont d'accord : Harlem Désir est sur le point de se faire virer du Parti socialiste. De Bruno Le Roux à Stéphane Le Foll, des noms sont déjà évoqués pour prendre sa suite après les municipales ou les européennes. Il faut dire que depuis l'élection de François Hollande et le départ de Martine Aubry de la rue de Solferino, l'eurodéputé, ancienne tête de pont de SOS Racisme, rame à la tête du parti. Selon les mauvaises langues, il avait été choisi en 2012 pour sa docilité : arrangeant à la fois les sociaux-libéraux et la gauche du parti, il était poussé par François Hollande et par un groupe de ministres influents (Valls, Moscovici, Le Foll, Montebourg) tous persuadés qu'ils ne leur ferait jamais d'ombre.
La prédiction semble s'être réalisée au-delà de leurs espérances. "Invisible", "inaudible", "brouillon" voire "incompétent"... Harlem Désir est aujourd'hui critiqué par la quasi-totalité des socialistes. Lors d'une réunion du groupe PS à laquelle il était invité ce mardi 22 octobre, plusieurs députés ont manifesté ostensiblement leur mécontentement. Harlem Désir n'incarnerait pas dignement la majorité selon ces élus démoralisés par l'image du PS et de la majorité sur le terrain. Pire : quand Harlem Désir est entendu, c'est souvent pour une bourde. Claude Guéant a été qualifié de député par le Premier secrétaire du PS alors qu'il ne l'est plus, Harlem Désir s'est aussi emballé en parlant d'"esprit munichois" sur la Syrie avant de soutenir, penaud, la position du chef de l'Etat...
Car quand il critique ou tente d'influencer la position du gouvernement, Harlem Désir fait souvent l'unanimité contre lui. Sur le cumul des mandats qu'il souhaitait voir appliqué rapidement et sans exception, sur la réduction du déficit qu'il tentait de minimiser ou encore sur les Roms, avec lesquels il veut que la France soit plus conciliante, Harlem Désir a à chaque fois été contredit voire recadré par un ministre dans l'opprobre généralisée, avant de rentrer gentiment dans le rang. Dernier exemple en date : Harlem Désir avait exprimé son souhait de voir Leonarda rentrer avec "tous les enfants de sa famille" et avec leur mère en France, avant d'être vertement rappelé à l'ordre par Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault. Un nouvel écart de la ligne du gouvernement qui pourrait être la goutte de trop.
Pour certains commentateurs, Harlem Désir aurait volontairement commis ce faux pas : "Mieux vaut être viré pour insubordination que pour incompétence".
EN VIDÉO - Sur le plateau de France 2, vendredi, le premier secrétaire du Parti socialiste affirmait même qu'il y avait eu une "faute" lors de l'expulsion de Leonarda.