Aquilino Morelle : les chaussures, le hammam, les labos... Comprendre l'affaire

Aquilino Morelle : les chaussures, le hammam, les labos... Comprendre l'affaire L'un des conseillers les plus influents de François Hollande est dans la tourmente. Mediapart l'accuse de conflits d'intérêts et révèle sa vie de "petit marquis" à l'Elysée.

Il est peut-être le plus proche conseiller du président de la République. Aquilino Morelle, officiellement "directeur de la communication" de François Hollande, est bien plus que cela. Cet énarque, médecin de carrière, fils d'immigrés espagnols est l'homme de confiance du président, qui distille à l'oreille du chef de l'Etat des conseils politiques toujours écoutés, souvent pris en considération. Son poids à l'Elysée est indéniable. Si bien que lorsque Mediapart révèle des activités suspectes avec des laboratoires, l'accusant de conflits d'intérêts, et le dépeignant comme "un petit marquis", tout cela fait l'effet d'une bombe.

De quoi est-il accusé au juste ? Mediapart n'y va pas par quatre chemins : Aquilino Morelle aurait développé des activités professionnelles illégales. En tant que fonctionnaire à l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), il aurait accepté de travailler pour un laboratoire pharmaceutique privé danois, Lunbeck, depuis 2007. Une collaboration qui lui aurait rapporté 12 500 euros. Or, la loi stipule que "les fonctionnaires consacrent l'intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées. Ils ne peuvent exercer à titre professionnel une activité privée lucrative, de quelque nature que ce soit". Mediapart précise que cette collaboration ne rentrerait pas dans le cadre d'une "expertise ou consultation", qui sont elles autorisées. On parle bien d'une activité non déclarée à l'administration, que Mediapart décrit comme "une prise illégale d'intérêt".

Une affaire explosive, qui pourrait lui coûter sa place

"Il nous a ouvert des portes. Et c'est un enjeu majeur : nous permettre d'aller défendre notre dossier auprès de la bonne personne" aurait répondu un dirigeant de Lundbeck interrogé par Mediapart. Concrètement, il aurait organisé des rendez-vous entre le laboratoire et des membres du CEPS, l'organisme chargé de fixer le prix des médicaments.
Aquillino Morelle, lui, se défend de tout conflit d'intérêt. S'il ne nie pas avoir travaillé pour le laboratoire, le conseiller de Hollande évoque un "contrat ponctuel avec le laboratoire" et des "activités (qui) ont dû être déclarées à l'IGAS". Sauf qu'Aquilino Morelle explique ne pas avoir "retrouvé la trace de cette démarche en dépit de (s)es recherches".

 

Un "marquis à l'Elysée"

"Il se comporte comme un "petit marquis" au Palais où il abuse des privilèges de la République" écrit Mediapart. Le journal a contacté l'homme engagé comme "cireur de chaussures" d'Aquilino Morelle. L'homme décrit le goût du luxe du conseiller, qui n'a pourtant de cesse de rappeler ses origines modestes. "Trente paires de souliers de luxe sur mesure. Des Davison, des Weston... Des chaussures de plein cuir toujours du même style" écrit le journal. Plus incroyable encore, Aquilino Morelle aurait fait privatiser un salon de l'hôtel Marigny pour plus de tranquillité avec son cireur.

Aquilino Morelle aurait à sa disposition deux chauffeurs. Mediapart affirme que l'un d'eux est chargé d'accompagner son fils à des activités personnelles dans le XVe arrondissement de Paris. Le conseiller aurait pris l'habitude d'entrecouper ses longues séances de travail par des escapades au "sauna et au hammam", notamment pour quelques "gommages". Mediapart poursuit en indiquant qu'en amateur des bonnes choses, il serait un fin consommateur des grands crus de la cave de l'Elysée.