Macron et McKinsey : les soupçons de la justice, la réaction du président
Le Parquet national financier a ouvert deux enquêtes sur le cabinet McKinsey pour favoritisme et à propos des comptes de campagne de 2017 et de 2022 d'Emmanuel Macron. "Que toute la lumière soit faite", a-t-il répondu, vendredi 25 novembre.
[Mis à jour le 25 novembre 2022 à 15h30] Le Parquet national financier (PNF) a ouvert, fin octobre, une information judiciaire pour des soupçons de financement illégal des campagnes électorales de 2017 et de 2022 d'Emmanuel Macron en lien avec le cabinet de conseil Mc Kinsey. Dans le même temps, le PNF a ouvert une nouvelle enquête pour "favoritisme" et "recel de favoritisme", a indiqué Le Parisien, jeudi 24 novembre. "Que toute la lumière soit faite et que toute la transparence soit faite", a répondu Emmanuel Macron, en déplacement, vendredi 25 novembre. "Je veux que la justice fasse son travail de manière normale", a-t-il ajouté, dans des propos rapportés par Franceinfo. "C'est normal que la justice fasse son travail, elle le fait librement [...] Les comptes de campagne de 2017 ont déjà été soumis et vérifiés comme pour les autres candidats", a déclaré le président de la République qui a rappelé que l'enquête ne portait pas sur lui spécifiquement.
En effet, dans son communiqué publié jeudi 24 novembre, le Parquet national financier ne nomme pas Emmanuel Macron. Ainsi, la première enquête ouverte porte sur "les conditions d'intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022", et a pour chefs d'accusation "tenue non conforme de comptes de campagne" et "minoration d'éléments comptables dans un compte de campagne". Une autre a été ouverte pour "favoritisme" et "recel de favoritisme" vis-à-vis du cabinet McKinsey. Les juges d'instruction vont chercher si le cabinet McKinsey a participé au financement de la campagne politique du chef de l'État en échange de contrats publics conclus avec le gouvernement.
L'ouverture de ces deux informations judiciaires est la suite d'une enquête du PNF visant McKinsey depuis le 31 mars 2022. Le cabinet est soupçonné de "blanchiment aggravé de fraude fiscale" après un rapport du Sénat qui faisait apparaître que l'entreprise n'avait pas payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020. Un rapport de la commission d'enquête avait également pointé le recours croissant du gouvernement aux cabinets privés durant le premier mandat d'Emmanuel Macron. Plusieurs plaintes d'élus, de particuliers et d'associations ont poussé à l'ouverture de ces nouvelles enquêtes.
Quelle réaction à l'Élysée ?
Vendredi 25 novembre, Emmanuel Macron, interrogé sur l'affaire McKinsey, a déclaré : "C'est normal que la justice fasse son travail, elle le fait librement", rapporte BFM TV. Le président a rappelé ne pas être au cœur de l'enquête et a insisté sur le fait que ses comptes de campagne avaient déjà été regardés. "Je veux que la justice fasse son travail de manière normale", a-t-il ajouté. La veille, dans un communiqué, l'Élysée avait indiqué avoir "pris connaissance de la communication du Parquet national financier concernant l'ouverture de deux informations judiciaires à la suite notamment de plaintes d'élus et d'associations". Et d'ajouter qu'il "appartient à la justice de conduire ces investigations en toute indépendance."
L'ouverture d'une enquête pour "tenue non conforme des comptes de campagne" n'est pas une excellente nouvelle pour l'exécutif qui risque d'être fragilisé auprès de l'opposition. Pourtant, en macronie, des cadres estiment que l'affaire retombera comme un soufflé compte tenu de la rigueur avec laquelle Emmanuel Macron aurait tenu ses comptes de campagne. D'autres jugent que les enquêtes ne peuvent "pas concerner la campagne de 2022" auprès de Franceinfo.
Les liens entre Emmanuel Macron et McKinsey scrutés
Alors que le rapport de la commission d'enquête du Sénat, daté du mois de mars, pointe le recours à plusieurs cabinets de conseils, c'est sur l'entreprise McKinsey que l'attention s'est portée. Et pour cause, selon les données du rapport, l'État a eu recours aux services du cabinet américain pour plusieurs centaines de milliers d'euros rien que sur l'année 2021. Un seul contrat concernant un audit sur "l'évolution du métier d'enseignant" a coûté 500 000 euros au ministère de l'Éducation, prend en exemple Le Parisien. De telles sommes, déboursées auprès d'une seule entreprise, ont mis à la puce à l'oreille des enquêteurs qui se posent une question : la conclusion d'autant de contrats avec McKinsey était-elle la contrepartie d'un financement politique et peut-être celui de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron ?
Les liens entre le chef de l'État et le cabinet de conseils sont évidents. Des transferts de forces ont été observés avec des salariés de McKinsey qui occupent des postes internes au parti présidentiel La République en Marche et d'autres qui travaillent au sein des cabinets ministériels, rapporte le quotidien francilien. Certaines forces ou des ex-consultants de McKinsey avaient aussi œuvré pour le compte d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle en 2017, comme l'a révélé Le Monde.