Résultat de la présidentielle 2022 : scores et bilan de l'élection
PRÉSIDENTIELLE 2022. Emmanuel Macron a été réélu président de la République à l'issue de la présidentielle 2022. De l'irruption de Zemmour au score historique du RN, en passant par la division de la gauche ou encore l'abstention, voici ce qu'il faut retenir de l'élection et de son résultat...
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Emmanuel Macron a été réélu pour un second mandat de président de la République le dimanche 24 avril 2022, à l'issue de l'élection présidentielle, face à Marine Le Pen, recueillant 58,55 % des suffrages exprimés, soit 18 768 639 de voix, comme l'a proclamé le Conseil constitutionnel le 27 avril 2022. Une victoire à l'issue d'une campagne particulière, qui n'a pas réellement intéressé les Français, marquée par la répétition constante dans les sondages d'une affiche finale entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dont la plupart des électeurs disaient pourtant ne pas vouloir.
Cette élection présidentielle 2022 aura aussi été caractérisée par l'irruption d'un Eric Zemmour venu dynamiter, un temps seulement, le jeu politique, tandis que la gauche a affiché au grand jour ses divisions et est apparue irréconciliable, au grand dam de son électorat. Ce qu'il faut retenir de la 12e élection présidentielle de la Ve République.
Quel est le résultat de l'élection présidentielle 2022 ?
Que disent les cartes de résultats de la présidentielle 2022 ?
L'élection présidentielle 2022 a également confirmé la tendance politique qui se dessinait depuis l'irruption d'Emmanuel Macron en 2017 : la France est désormais coupée en trois grandes tendances politiques. Le bloc majoritaire, libéral et progressiste, incarné par Emmanuel Macron ; le bloc conservateur et nationaliste porté par Marine Le Pen ; le bloc de gauche radicale mené par Jean-Luc Mélenchon. Une France tripartite donc, loin du clivage traditionnel connu durant des décennies entre la gauche et la droite. Au président de la République les territoires les plus aisés, à sa rivale la France rurale, au tribun de la gauche les terres populaires et quelques grandes villes.
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Que retenir du résultat d'Emmanuel Macron à la présidentielle 2022 ?
Pour Emmanuel Macron, ce nouveau succès face à Marine Le Pen, après celui de 2017, a été décroché dans un contexte très particulier. D'abord parce que le pensionnaire de l'Elysée a tardé à se lancer dans la course. Ce n'est qu'à travers une "Lettre aux Français" publiée dans la presse quotidienne régionale le 3 mars 2022 que le chef de l'Etat a à nouveau sollicité la confiance des électeurs. Sa campagne de premier tour aura été express avec un seul gros meeting organisé à la Paris La Défense Arena de Nanterre (Hauts-de-Seine), au milieu de la gestion de la crise en Ukraine.
Ce n'est qu'une fois sa qualification acquise au second tour que l'ancien ministre de l'Economie a accéléré, multipliant les déplacements au contact de la population, avant de débattre sereinement face à sa rivale, aboutissant à sa réélection sans avoir donné l'impression de s'être épuisé à la tâche. Il faut dire que depuis qu'il s'est installé au palais en 2017, "Jupiter", comme il est surnommé, n'a jamais semblé en mesure d'être battu par qui que ce soit. La gauche s'étant présentée au scrutin morcelée, la droite ayant perdu son électorat au profit du chef de l'État, et l'extrême-droite ne parvenant pas à casser son plafond de verre, Emmanuel Macron pouvait légitimement prétendre à un nouveau quinquennat.
S'il a une nouvelle fois été porté au pouvoir, le projet porté par Emmanuel Macron a recueilli bien moins d'adhésion qu'en 2017. S'il a obtenu davantage de voix au 1er tour en 2022 que cinq ans auparavant (+1,1 million), moins de suffrages ont été comptabilisés en sa faveur au 2e tour de 2022 par rapport à 2017 (-1,9 million). De quoi ne représenter l'adhésion que de 38,5 % des inscrits contre 43,61 % au précédent scrutin. Face à Marine Le Pen, le "front républicain" porté par tous les responsables politiques (hors extrême-droite) n'a pas reçu le même écho qu'en 2017, Emmanuel Macron ayant alors remporté l'élection avec 66 % des suffrages.
Que retenir du score de Marine Le Pen à la présidentielle 2022 ?
Pour la première fois de l'histoire, le Rassemblement national a pour sa part dépassé la barre des 40% à une élection présidentielle, Marine Le Pen recueillant 13 288 686 voix au second tour, le 24 avril. La candidate du Rassemblement national a été boostée en comparaison de 2017 (33,90%, soit un peu plus de 10,6 millions de voix à l'époque) par la progression de sa campagne de dédiabiolisation, flagrante dans l'entre-deux tours et en particulier pendant le débat, où elle a tenté d'afficher une image de sérieux et de sérénité.
Marine Le Pen a aussi bénéficié des bulletins d'un vote "Tout sauf Macron", dont la petite musique s'est fait entendre durant l'entre-deux-tours. Un vote sanction qui a pu un temps alimenter la crainte d'une victoire de l'extrême droite et qui n'a été compensé que grâce aux voix de barrage de la gauche. Le tout, dans le contexte d'une abstention quasi-historique au 2e tour avec 28,01% des électeurs qui ne se sont pas déplacés, soit 13 655 861 inscrits, un niveau jamais atteint depuis 1969 (31,1%).
Que retenir du résultat de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle 2022 ?
Pendant cinq ans, il a répété à l'envi être passé à côté du 2e tour de 2017 à 600 000 voix près. Cette fois, Jean-Luc Mélenchon est venu échouer à à peine plus de 400 000 voix. Le candidat de la France insoumise a échoué à la troisième place le 10 avril 2022, lors du premier tour de scrutin, avec 21,95% des voix, soit 7 712 520 suffrages. Une nouvelle défaite aux portes du 2e tour difficile à digérer pour le tribun de gauche et ses soutiens, compte-tenu du morcellement de la gauche pour le scrutin. Ces 400 000 voix, le député des Bouches-du-Rhône aurait pu aisément les piocher dans l'électorat de Yannick Jadot, de Fabien Roussel ou même d'Anne Hidalgo. Mais faute d'union, la gauche s'est sabordée.
Qu'importe la tentative de conciliation menée par le processus de la Primaire populaire, aboutissant à une éphémère tentative de Christiane Taubira, qui ne parviendra même pas à réunir les 500 signatures nécessaires à concourir. Les pourparlers pour une union derrière un projet commun n'avaient de toute manière pas abouti en raison de divergences importantes sur certains aspects programmatiques. Les communistes, de leur côté, ont même avancé que s'être rallié à LFI en 2012 et 2017 n'avait pas permis d'accéder au second tour, les poussant ainsi à faire cavalier seul. Mais aucune des paroisses autres que celle de LFI n'a dépassé les 5%.
L'irruption de Zemmour, le naufrage de Pécresse et Hidalgo
Si le résultat de l'élection présidentielle ne souffre d'aucune contestation, la campagne, bien qu'elle n'ait pas passionné les foules, a été animée par l'irruption d'Eric Zemmour au milieu du jeu politique. Dès le début de l'été 2021, les prémices d'une arrivée du polémiste sur la scène présidentielle se font sentir. Tout s'est accéléré lors de la sortie de son dernier livre La France n'a pas dit son dernier mot. L'habitué des plateaux de CNews se lance alors dans une tournée en France pour, officiellement, présenter et parler de son ouvrage. Partout où il passe, l'ancien journaliste du Figaro fait salle comble. En coulisses, il prépare en fait une candidature à l'élection présidentielle.
Au fil des semaines, la rumeur devient certitude, au point que les instituts de sondage l'intègrent dans leurs enquêtes d'opinion sur les intentions de vote, alors même qu'il ne s'est pas officiellement déclaré. L'annonce est finalement faite début décembre. Eric Zemmour joue alors des coudes avec Marine Le Pen dans les sondages, montant jusqu'à 16%. Au point, parfois, de doubler la candidate du RN dans les intentions de vote. Mais sa campagne s'essouffle et, malgré plusieurs ralliements et l'arrivée médiatique de Marion Maréchal, ne redécollera jamais. Au point qu'Eric Zemmour termine finalement avec 7,07% des suffrages exprimés, n'empêchant pas Marine Le Pen - sur qui il aura tapé durant toute la campagne - de se qualifier.
Cette élection présidentielle 2022 a également été marquée par un tournant majeur : la fin des partis historiques. Le Parti socialiste était déjà au bord du gouffre, Anne Hidalgo a sauté dedans à pieds joints et y a entraîné sa famille politique. Après un simulacre de primaire, la maire de Paris s'est entêtée à vouloir aller jusqu'au bout sans jamais dépasser la barre de 5% dans les sondages, au cours d'une campagne qui n'a jamais décollé. Elle termine avec le piteux score de 1,75 % sous la bannière d'un parti pourtant arrivé au pouvoir dix ans plus tôt avec François Hollande.
Un scénario tout aussi catastrophe s'est dessiné chez Les Républicains. Après des querelles internes pour la nomination du candidat (Xavier Bertrand voulant y aller seul), Valérie Pécresse a finalement représenté la droite après une désignation des militants, en décembre. Trop tard, ont dénoncé certains. Mais est-ce uniquement en raison d'un calendrier serré que la présidente de la région Île-de-France n'est parvenue à impulser aucune dynamique derrière son projet, en dépit d'un premier sondage post-primaire la donnant en mesure de battre Emmanuel Macron ?
L'ancienne ministre de l'Education nationale n'a pas fait lever les foules, voyant certains historiques filer entre les mains d'Emmanuel Macron, même sans officialisation. Figure tutéllaire des Républicains, parti qu'il a lui-même fondé, Nicolas Sarkozy n'aura jamais poussé la candidature de son ex-ministre. Le résultat est catastrophique : avec 4,78 %, les frais de campagne ne seront pas remboursés. Une déroute totale, symbole de la nouvelle ère politique.