Budget de François Bayrou : un "effort" demandé aux malades, ce que le gouvernement veut couper dans la santé

Budget de François Bayrou : un "effort" demandé aux malades, ce que le gouvernement veut couper dans la santé François Bayrou vise 5,5 milliards d'euros d'économies dans le secteur de la santé. Médicaments, affections longue durée, arrêts maladie : les malades sont appelés à la contribution.

"Tous le monde devra participer à l'effort" a insisté le Premier ministre, y compris les malades. François Bayrou a dévoilé, mardi 15 juillet, les grandes lignes du budget 2026. Objectif : près de 44 milliards d'euros d'économies, dont 5,5 milliards dans la santé. "Si nous ne faisons rien, les dépenses de l'Assurance maladie augmenteront de dix milliards d'euros dès l'année prochaine", a expliqué le chef du gouvernement lors de sa prise de parole. Il propose de "limiter cette hausse de moitié et de faire un effort d'économies de 5,5 milliards d'euros".

Pour ce faire, le chef du gouvernement a émis plusieurs pistes d'économies. L'une d'elles concerne le remboursement de médicaments et des consultations médicales par l'Assurance maladie, qui avait déjà enflammé l'Assemblée l'an dernier et contribué à la chute de Michel Barnier. Aujourd'hui, les Français paient, à l'achat, 1 euros par boîte de médicament et 2 euros par consultation, dans la limite de 50 euros par an, chacun. François Bayrou annonce un plafond porté à 100 euros, sans préciser s'il ne concernerait que les boîtes de médicaments, ou bien les autres dépenses de soins soumises à franchise (actes médicaux et transports sanitaires).

"Nous devons responsabiliser les patients pour que le coût de la santé soit plus concret pour nos concitoyens", a déclaré le Premier ministre pour justifier ce doublement. Cette contribution est peu visible puisqu'elle est déduite des remboursements. Pour y remédier et "aider chacun à mieux économiser", Catherine Vautrin, la ministre de la Santé, suggère qu'elle soit versée "directement au comptoir, afin de faire prendre conscience que la santé a un coût et que rien n'est gratuit", rapporte Ouest-France.

Révision du statut des affections longue durée

Parmi les autres mesures envisagées, le gouvernement cible les dépenses liées aux "affections de longue durée" (ALD), comme le cancer, le diabète ou certaines maladies chroniques. Plus de 13 millions de Français sont concernés, avec une prise en charge à 100% par l'Assurance maladie. Cette dernière pèse de plus en plus lourd à l'Etat, notamment en raison du vieillissement de la population. Selon le rapport Charges et produits présenté en juin par le directeur général de l'Assurance maladie, Thomas Fatome, "à l'horizon 2035, les patients en affection longues durée pourraient représenter un quart de la population et concentrer trois quart de dépenses de l'assurance maladie".

"20% des Français sont en affection de longue durée contre 5% de la population allemande. (...) Et je ne crois pas que les Français soient en plus mauvaise santé que les Allemands", a affirmé François Bayrou. Il propose "que l'on sorte de l'ALD quand le statut ne le justifie plus". Autrement dit, un patient guéri de son cancer ou de son diabète perdrait le bénéfice du remboursement de ses soins à 100%. A noter tout de même qu'en cas de rechute, les droits seraient rouverts. "Le rapport des Français à l'ALD doit être différent", appuie la ministre de la Santé, Catherine Vautrin. Mais la mesure inquiète déjà les associations. "Il n'est pas juste de vouloir faire porter des efforts sur les personnes qui sont en affection de longue durée, qui sont les plus fragiles", affirme Gérard Raymond, président de France Assos Santé au Point.

"Mettre fin à une dérive" des arrêts maladie

François Bayrou veut s'attaquer à ce qu'il appelle une "dérive" des arrêts maladie. Selon lui, les contrôles effectués sur les arrêts maladie de plus de 18 mois ont montré que la moitié d'entre eux ne sont pas justifié. Pour désengorger le système, il propose de permettre aux salariés de reprendre le travail après 30 jours d'arrêt sans passer par la médecine du travail, rapporte France Bleu. "Comme nous manquons cruellement de médecins du travail, comme d'autres spécialités, des dizaines de milliers de personnes qui souhaiteraient reprendre le travail en sont empêchées (...) c'est absurde", a-t-il poursuivi. Désormais, hors maladie professionnelle ou accident du travail, le médecin traitant ou spécialiste seul pourra décider de la reprise du travail. François Bayrou a également annoncé un "projet de loi à l'automne sur la fraude fiscale et sociale, pour mieux la détecter, la sanctionner et retrouver l'argent perdu".

Les hôpitaux et les médecins de ville sont également appelés à faire des efforts. Le gouvernement veut des économies sur les achats, le développement de la médecine ambulatoire, et des actes jugés redondants, comme les consultations et examens radiologiques multiples. "La santé ne peut pas être seulement un marché sur lequel les consommateurs soient sans frein et sans limite", a averti François Bayrou. Pour l'heure, ces mesures restent des propositions. Elles seront tranchées à l'automne, lors de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.