Marine Le Pen candidate aux législatives : un stratagème pour se présenter malgré son inéligibilité
Marine Le Pen candidate aux élections législatives - en cas de nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale - malgré sa peine d'inéligibilité ? La principale concernée signe. "Oui, je me présenterai et j'irai défendre ma candidature auprès des instances chargées de la valider", a-t-elle assuré dans les colonnes du Parisien. Cette déclaration étonnante au premier abord fait en réalité référence à un stratagème bien pensé par le Rassemblement national (RN) pour permettre à sa patronne de pouvoir se présenter.
Pour rappel, la cheffe de file des députés RN dans la chambre basse du Parlement a été condamnée à une peine de quatre ans d'emprisonnement dont deux ans ferme, aménageable avec un bracelet électronique, à 100 000 euros d'amende, et à cinq ans d'inéligibilité, avec exécution provisoire, dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen. Marine Le Pen a fait appel, ce qui suspend sa peine de prison et l'amende, jusqu'au procès en appel.
"J'avais dit que j'utiliserai tous les recours possibles"
L'ex-présidente du parti à la flamme apparaît donc comme confiante, si un nouveau scrutin législatif venait à être organisé, malgré le caractère immédiat de sa peine d'inéligibilité. Elle entend déposer une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au Conseil constitutionnel sur l'exécution immédiate de sa peine d'inéligibilité. Une question "déjà rédigée", indique-t-elle.
"On ne peut pas faire comme si une réserve d'interprétation du Conseil constitutionnel (le 28 mars dernier au sujet de la démission d'office d'un conseiller municipal condamné à une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire) n'avait pas eu lieu. À l'aune de mon dépôt de candidature, l'autorité constitutionnelle pourrait enfin analyser la validité de cette exécution provisoire de l'inéligibilité qui m'a été appliquée en première instance. J'avais dit que j'utiliserai tous les recours possibles, je le ferai", confie-t-elle.
Des déclarations qui interviennent après la présentation du plan d'économies annoncé par le Premier ministre François Bayrou. Marine Le Pen y est farouchement opposée, et a annoncé la couleur concernant la position du Rassemblement national sur la question : "En l'état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement. Il faudrait que François Bayrou inverse quasiment totalement les grandes masses qu'il a annoncées. J'y crois peu", concède-t-elle.
La proposition de la suppression de deux jours fériés a particulièrement agacé la triple candidate à l'élection présidentielle. D'après elle, il s'agit d'un "leurre". "C'est le petit lapin qu'on met sur le rail devant les lévriers. C'est la mesure choquante sur laquelle, évidemment, M. Bayrou reviendra en disant 'Ah, vous voyez, j'ai quand même fait énormément d'efforts. Je reviens sur ma proposition des jours fériés."', dit-elle. Dans les faits, Le locataire de Matignon pourrait être renversé dès la rentrée prochaine. LFI et le PS ayant aussi appelé à la censure du gouvernement Bayrou.