Un discours de Macron pour nommer un Premier ministre... et faire une annonce surprise ?
La crise politique que traverse la France n'en finit pas. Cela coulait de source : la chute du gouvernement semblait évidente depuis la présentation des grandes lignes du budget 2026 en juillet : le départ de François Bayrou, à l'issue du vote de confiance ce lundi 8 septembre 2025, n'est finalement que la démonstration que l'obstacle de ce budget était infranchissable pour le gouvernement. Le Premier ministre a simplement précipité les choses, appelant les oppositions à une forme de sursaut avant d'envisager de très longues négociations, mais son coup de poker se solde par un échec retentissant.
Et maintenant ? Que François Bayrou ait péché par naïveté - s'il pensait passer le vote de confiance grâce à une large abstention - ou par orgueil - pensant avoir raison contre tous, quitte à partir avec panache -, le Premier ministre laisse au pays une situation institutionnelle chaotique. La dette est toujours là, le pays n'a pas préparé de budget. Et seul Emmanuel Macron a les clés pour la suite. Il devrait rapidement prendre la parole, pour clarifier ses intentions. Va-t-il dissoudre l'Assemblée nationale ? Le président de la République l'écarte pour le moment et va commencer par nommer un nouveau Premier ministre qu'il chargera de former un nouveau gouvernement, tout en exhortant le "socle commun", des macronistes à LR, à voir plus large et à se montrer responsables. Emmanuel Macron a déjà fixé un semblant de calendrier : le nouveau chef de gouvernement sera nommé "dans les tout prochains jours", a-t-il indiqué mardi.
Un discours solennel d'Emmanuel Macron pourrait donc intervenir très rapidement. Selon Le Parisien, une prise de parole devant les Français cette semaine est très envisageable. Politico abonde et indique que le chef de l'Etat pourrait s'exprimer vite, "dès le début de semaine", même si "le tempo fait encore débat". Emmanuel Macron pourrait notamment laisser passer le mouvement du 10 septembre pour une prise de parole en fin de semaine, peut-être pour annoncer le nom du Premier ministre et donner son sentiment sur la situation politique. Selon un proche du président, il devrait exprimer "son regret que les forces partisanes n'aient pas trouvé les moyens de s'entendre". Et bien sûr, faire des annonces sur la manière dont il entend ordonner les choses et l'agenda politique.
Une annonce choc sur la proportionnelle ?
Il pourrait bien surprendre les Français, par exemple en faisant une annonce forte sur l'instauration de la proportionnelle aux législatives. Ce qui lui permettrait de préparer les esprits à de nouvelles élections sur de nouvelles bases et un nouveau scrutin. Le scénario n'a rien d'improbable, le journaliste Patrice Duhamel l'a exposée sur LCI dimanche, s'appuyant sur une source robuste. Emmanuel Macron réfléchirait bien à une annonce sur la proportionnelle dans la foulée de la chute de François Bayrou.
Cela aurait l'effet d'une bombe : "S'il fait ça, il déclare la guerre à LR et c'est pas vraiment une demande du PS… mais ça peut sauver les macronistes en cas de dissolution", estime le constitutionnaliste Benjamin Morel, qui voit déjà plus loin. "Une proportionnelle, ça écarterait le RN d'une majorité absolue (sauf si proportionnelle départementale) et ça sauve Renaissance qui peut finir en charpie en cas de dissolution avec l'actuel mode de scrutin. Alors qu'avec la proportionnelle, ils garderont entre 60 et 100 députés. Pour les LR, ça peut leur donner des députés supplémentaires, mais pas forcément les mêmes… des fiefs sauteront".
Emmanuel Macron pourra se présenter comme l'homme providentiel de cette séquence proposant une solution explosive, mais visant à apportant de la clarté et à pousser les partis politiques à s'accorder pour dégager un programme de gouvernement. Encore faut-il un gouvernement pour porter un projet de loi. Et l'option du référendum pour le faire adopter ?
11:17 - Un nouveau Premier ministre dans les "tout prochains jours", c'est-à-dire ?
Emmanuel Macron a publié mardi soir un communiqué pour faire savoir que le prochain Premier ministre serait nommé très rapidement, dans les "tout prochains jours". “Ils ont beauuucoup réfléchi à la tournure du communiqué”, explique un conseiller de l’Elysée à Politico. Ce qui signifie, selon ce proche collaborateur du chef de l'Etat, que le président peut nommer un nouveau Premier ministre à “j1 comme j3”. C'est à dire d'ici jeudi. Il serait étonnant qu'Emmanuel Macron se satisfasse d'un communiqué et ne prenne pas, en plus, la parole pour expliciter de quelle manière nouvelle il entend faire travailler son nouveau chef de gouvernement.