Grenoble, quartier du mistral : nouveaux incidents et affrontements
[Mis à jour le 7 mars 2019 à 12h18] Après une journée de calme, le quartier du Mistral à Grenoble a vu de nouvelles violences dans la nuit de mercredi à jeudi. L'agitation a commencé vers 21 heures mercredi 6 mars. Plusieurs voitures ont été retournées et incendiées. A nouveau, les forces de l'ordre ont fait l'objet de jets de projectiles, pierres mais aussi cocktails molotov lancés depuis les toits d'immeubles. Deux individus, équipés d'objets dangereux et transformés en arme ont été interpellés.
Cette nouvelle nuit de tensions à Grenoble fait suite à la mort de deux jeunes samedi soir. Âgés de 17 et 19 ans, ils avaient été pris en chasse par la brigade anticriminalité alors qu'ils roulaient sans casque, sur un scooter probablement volé et sans plaque d'immatriculation. Une poursuite qui les aura entraînés sur l'autoroute, où ils ont percuté un autocar. Une information judiciaire a été ouverte sur l'incident. Si le parquet évoque pour le moment "un accident", les proches des deux jeunes et les habitants du quartier voient ici une bavure policière.
Émeutes après une journée d'accalmie
Cette nuit de violences fait pourtant suite à une journée d'hommages rendus à Adam et Fatih, les deux adolescents décédés. Ils étaient âgés de 17 et 19 ans. Une marche blanche silencieuse était organisée dans le quartier du Mistral à 16h30 mercredi. Elle a rassemblé près de 1500 personnes. Dans la foule, des slogans réclamaient justice pour ce que les habitants considèrent comme une erreur policière. "Adam et Fatih, plus jamais ça", "Que justice soit faite" pouvait-on lire sur les banderoles. Après le quartier du Mistral, le cortège s'était rendu sur le lieu de l'accident, au pont de Catane. Les familles ont pu se recueillir, avant de rejoindre à nouveau la marche. Les proches des deux jeunes ont remercié les participants de les "avoir accompagnés dans (leur) peine", selon des propos rapportés par LCI. La cousine de Fatih Karakuss, le plus âgé des deux adolescents s'est exprimé avant la marche : "Je souhaite remercier tous ceux qui les ont rendus heureux jusqu'au bout". Les proches ont également appelé "à ce que cesse ce qui se passe et à [les] laisser reposer en paix".
"La police a fait une grande erreur"
Plusieurs membres de la famille d'Adam Soli, l'un des deux garçons, s'étaient aussi exprimés en début de semaine. Son oncle Karim Boudiaf déplorait les événements : "Il n'avait pas de casque, a brûlé des feux rouges. Il était en infraction. Mais il n'était pas armé. […] Fallait-il aller jusqu'à le pourchasser avec un véhicule de la Bac ? […] Il est de la responsabilité de l'Etat de veiller sur nos enfants. La police également. Ils auraient dû faire en sorte que ces gamins ne se blessent pas. Et malheureusement, on a ôté la vie à deux personnes.", avait-t-il déclaré au Parisien. Pour Hassan, son père, "la police a fait une grande erreur". Il le décrit comme un jeune homme sérieux, qui s'apprêtait à passer son bac. Il regrette la façon dont s'est déroulée l'interpellation et la pression qu'ont subie les deux adolescents pendant la course poursuite. "Ils auraient pu l'arrêter plus tard. Ils savent où il habite", avait-t-il estimé. Hassan Soli souhaite cependant voir s'apaiser les tensions. "Je fais confiance à la justice pour savoir ce qui s'est passé". "Je lance un appel au calme. Je suis contre la violence. […] Je ne veux donc plus qu'il y ait de violence. C'est mon message."
Déjà le quatrième épisode de violences à Grenoble
En dépit de ces nombreux appels au calme, y compris celui du maire Eric Piolle, de nombreux incidents sont toujours à signaler depuis samedi soir. Après les faits survenus samedi, un groupe de personne avait tenté de pénétrer dans une caserne de CRS. Un adolescent de seize ans avait été blessé à l'œil lors d'un précédent épisode de violence ce week-end. Selon des témoignages, celui-ci aurait pu être victime d'un flash ball tiré par un policier lors des affrontements de samedi à dimanche. Le procureur Eric Vaillant a également fait savoir qu'une enquête avait été ouverte concernant cet incident. Le quartier du Mistral avait déjà fait l'actualité lors de précédentes violences il y a quelques jours après l'arrestation d'un homme en possession de cannabis.