Quatre femmes dirigent ce journal français très connu
C'est désormais officiel, Edwy Plenel, 71 ans, l'un des quatre cofondateurs du journal en ligne Mediapart cède sa place de président et de directeur de la publication à Carine Fouteau, 49 ans, fidèle de la première heure. Arrivée en 2008 chez Mediapart, elle couvre pendant dix ans les questions migratoires, d'hospitalité, et de discrimination. Elle effectue aussi de nombreux reportages en Ukraine et en Seine-Saint-Denis, notamment pendant la présidentielle de 2012. Une page se tourne chez le célèbre journal d'investigation.
Quatre femmes à la tête de Mediapart
Carine Fouteau ne sera pas seule dans cette nouvelle mission. Elle sera notamment entourée de femmes. Car c'est une spécificité chez Mediapart, le média sera désormais dirigé uniquement par des femmes. Aujourd'hui libéré de tout actionnaire privé après la création du Fonds pour une presse libre (FPL), Mediapart voit dès 2022 Carine Fouteau le présider, tout en contribuant régulièrement au journal.
En 2023, la cofondatrice Marie-Hélène Smiejan transmettait la direction générale de Mediapart à Cécile Sourd. "Elle préside aujourd'hui le garant moral de tout notre édifice, l'Association pour le droit de savoir (ADS) dont les cofondateurs sont membres de droit ainsi que Martine Orange, qui présidait notre Société des salariés" précise Edwy Plenel. Désormais, quatre femmes sont à la tête du média : Carine Fouteau, présidente, Cécile Sourd, directrice générale, Lénaïg Redoux et Valentine Oberti, codirectrices éditoriales depuis un an.
"Cette égalité des droits est une boussole irremplaçable"
Avec ce nouveau cap, Médiapart compte bien s'inscrire dans une nouvelle dynamique et jouer un rôle "dans la révolution #MeToo" comme l'explique Edwy Plenel : "Sous toutes latitudes et sous tous régimes, la cause des femmes emporte la question de l'égalité jusqu'à son point d'incandescence, en portant le refus de toute hiérarchie prétendument naturelle, fondée sur le sexe ou le genre. Dans notre époque inquiète et incertaine, cette égalité des droits est une boussole irremplaçable qui fédère aussi bien les questions de politique intérieure que d'actualité internationale. Mediapart s'en revendique à l'instar de toutes celles et tous ceux qui se réclament de l'émancipation, refusant d'être assignés à résidence par le hasard de la naissance, de la condition, de l'origine, du genre, etc" explique-t-il.
Le choix logique d'une "emblématique" de la maison
Pour remplacer Edwy Plenel, le choix de Carine Fouteau s'est imposé logiquement dans les couloirs de la rédaction de Mediapart. Cette dernière est jugée comme "emblématique", capable de fédérer, impulser, et entraîner toute l'équipe avec autant de bienveillance que de rigueur" loue l'ex-directeur de la publication du journal en ligne. Un passage de témoin évoqué dès 2015 mais qui s'est avéré plus délicat que prévu à mettre en place, et surtout plus long, tant il incarnait le média grâce à son aura, sa personnalité et sa fameuse moustache. Si elle est une inconnue du grand public, Carine Fouteau est extrêmement respectée en interne.
Cette nomination fait également écho à une singularité propre à Médiapart : l'entreprise de presse n'a pas de non-journaliste à sa tête, comme cela est le cas dans la majorité des médias. Le journal impose d'ailleurs dans ses statuts que le président de sa société éditrice assume aussi la direction de la publication, et qu'il soit journaliste. Concernant la ligne éditoriale, elle ne devrait pas changer sous la houlette de Carine Fouteau qui compte poursuivre la défense d'un "journalisme engagé mais non militant" peut-on lire dans Le Monde. "Que ce soit l'affaire Bettencourt en 2010, l'affaire Cahuzac en 2012 ou encore notre travail avant et après le mouvement #metoo, Mediapart a montré son utilité" conclut-elle.