Cette langue très parlée en Europe (et même en France) créé des tensions au sein de l'UE
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Cette langue très parlée en Europe (et même en France) créé des tensions au sein de l'UE

Une langue régionale parlée par près de 10 millions de locuteurs à travers l'Europe a été retoquée par l'Union européenne pour entrer dans le cercle fermé de ses "langues officielles".

De nouvelles langues reconnues comme officielles par l'Union européenne ? Pas si vite, l'UE ne semble pas réellement encline à un tel chamboulement. En effet, l'Espagne pousse fort pour faire du catalan, du basque et du galicien, des langues officielles de l'institution. Problème, les ministres des Affaires européennes de l'UE, réunis à Bruxelles ce mardi ne sont pas parvenus à un consensus. De facto : la décision a été reportée a indiqué un diplomate européen, d'après l'Agence-France-Presse (AFP). C'est un véritable coup dur notamment pour l'une d'entre elles - le catalan - qui compte bien plus de locuteurs à travers l'UE que certaines de ses langues officielles. 

Aujourd'hui, l'UE compte 24 langues officielles : allemand, anglais, bulgare, croate, danois, espagnol, estonien, finnois, français, grec, hongrois, irlandais, italien, letton, lituanien, maltais, néerlandais, polonais, portugais, roumain, slovaque, slovène, suédois et tchèque. De son côté, l'Espagne a mis "tout son poids politique" dans la bataille, en vain, d'après un autre diplomate à Bruxelles. Malgré l'appui du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, les Etats membres ne sont pour l'instant pas favorables à une ouverture vers les langues régionales. 

L'UE craint certaines dérives

L'Union européenne se caractérise par "sa diversité culturelle et linguistique, et les langues parlées dans les pays de l'UE constituent un élément essentiel de son patrimoine culturel. C'est pourquoi l'UE soutient le multilinguisme dans ses programmes et dans le cadre des travaux de ses institutions", indique pourtant l'Union européenne sur son site officiel. Une reconnaissance comme langue officielle requiert en réalité une décision à l'unanimité des Vingt-sept, ce que le catalan, le basque et le galicien n'ont pas réussi à obtenir pour l'instant. 

Pourtant favorables à la demande espagnole, des Etats comme Chypre indiquent que cette démarche doit être faite de "manière juridiquement solide et que cela ne créé pas de précédant", selon Marilena Raouna, ministre chypriote adjointe aux Affaires européennes. "Je pense que la diversité linguistique est importante et nous sommes toujours constructifs", malgré le renvoi à une prochaine réunion - dont la date n'a pas été dévoilée - a tempéré le ministre finlandais aux Affaires européennes Joakim Strand. 

Dans les faits, l'Union européenne peut apparaître légèrement hostile à de nouvelles entrées dans le cercle très fermé de ses langues officielles pour une raison simple : la porte ouverte au russe, ce que beaucoup de pays ne souhaitent pas. Sur une grande partie des territoires baltes, le russe fait office de langue régionale, donc, elle pourrait "devenir une langue officielle", indique Marko Stucin, secrétaire d'Etat slovène aux Affaires européennes. Alors, pourquoi ne pas se limiter aux langues déjà reconnues comme officielles dans les constitutions nationales des pays membres ? Ici, trois langues seulement seraient éligibles, et porteraient le total à 27 : le catalan, le basque et le galicien.  

Le catalan parlé par 10 millions de locuteurs en Europe

Selon le ministère de la Culture français, le catalan est parlé par 10 millions de personnes, "de manière intensive, partagée, épisodique ou sporadique selon les lieux et les moments" en Europe, apprend-on. À titre de comparaison, seulement 1,3 à 1,5 million de personnes parlent le letton, alors que cette langue fait parties des langues officielles de l'UE. Voilà aussi pourquoi, le catalan fait parties des langues que l'Espagne souhaite voir déclarées comme officielles. En France, environ 125 000 personnes parlent le catalan.

De plus, selon l'Institut national des Statistiques espagnol (INE), en Espagne, 2,6 millions de personnes parlent le galicien et 1,1 million le basque. Loin d'être résignée pour parvenir à ses fins - malgré une route parsemée d'embûches - l'Espagne assure qu'elle est prête à payer les frais de traduction pour ces trois nouvelles langues, conclut le secrétaire d'Etat slovène.