Kneecap à Rock en Seine : pourquoi ce groupe irlandais fait polémique

Kneecap à Rock en Seine : pourquoi ce groupe irlandais fait polémique La ville de Saint-Cloud retire 40 000 euros de subvention au festival Rock en Seine en raison de la participation du groupe nord-irlandais Kneecap.

Le groupe nord-irlandais Kneecap est au cœur d'une polémique avant le festival Rock en Seine, prévu du 20 au 24 août. Ce mercredi 16 juillet, la ville de Saint-Cloud, ville hôte de l'évènement a annoncé via un communiqué avoir retiré 40 000 euros de subvention au festival (sur un budget de 17 millions d'euros), en raison de la programmation de Kneecap. Cette aide financière avait été votée avant que la programmation ne soit connue. Le directeur de Rock en Seine, Mathieu Ducos, n'a pas souhaité réagir, rapporte 20 minutes.

L'un des rappeurs Liam O'Hanna, surnommé "Mo Chara", a été inculpé au Royaume-Uni pour "infraction terroriste" après avoir arboré un drapeau du Hezbollah pendant un concert à Londres en 2024. Il lui est par ailleurs reproché d'avoir crié "Allez le Hamas ! Allez le Hezbollah !" ce soir-là, alors que le mouvement chiite est classé organisation terroriste au Royaume-Uni. Le trio a nié tout soutien au Hezbollah, et parle d'une affaire "politique". Mo Chara a comparu en juin devant un tribunal de Londres, où il est sorti libre. Une nouvelle audience est prévue le 20 août.

Un groupe aux prises de positions très engagées

Kneecap s'est fait connaître en 2024 grâce à son album Fine Art et à un docu-fiction éponyme, sorti en salles en France le 16 juin dernier, et primé au Festival du Film de Sundance. Le groupe, formé en 2017, milite pour la réunification de l'Irlande et défend la langue irlandaise, qu'il présente comme un cri "anticolonialiste" face à l'influence britannique. Son nom fait référence à une méthode utilisée pendant le conflit nord-irlandais, où des groupes paramilitaires tiraient dans les genoux des ennemis.

Le groupe est aussi connu pour ses prises de position très engagée, notamment en faveur de la Palestine. En avril dernier, à Coachella, ils ont projeté sur scène un message accusant Israël de commettre "un génocide contre le peuple palestinien". En novembre 2023, un des membres a aussi déclaré sur scène : "Un bon Tory est un Tory mort. Tuez votre député", selon le communiqué de la mairie. Le groupe s'est ensuite excusé.

Une aide supprimée, mais pas de déprogrammation en vue

Le maire de la ville, Eric Berdoati (DVD), justifie le retrait de la subvention en expliquant qu'il ne souhaite pas financer "d'action, ni de revendications politique et encore moins des incitations à la violence". Il assure toutefois respecter "la liberté de programmation du festival", raison pour laquelle la mairie ne souhaite pas "engager une quelconque négociation dans le but d'influencer la programmation".

Fin juin, Kneecap s'est produit au festival de Glastonbury, en Angleterre. Après le concert, la police a ouvert une enquête sur les propos du groupe, qui a qualifié Israël d'État "criminel de guerre". Depuis, plusieurs artistes connus, comme Massive Attack, Pulp ou Fontaines D.C., ont soutenu Kneecap. Ils dénoncent une "répression politique" et une "tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation".

Malgré la controverse, le groupe a joué aux Eurockéennes de Belfort le 6 juillet, sans incident. Mais depuis l'inculpation de Mo Chara, plusieurs concerts ont été annulés, notamment en Écosse et en Allemagne. À ce jour, Kneecap est toujours programmé à Rock en Seine et à Charleville-Mézières (Ardennes), le 17 août. Selon TF1, aucune annulation n'est prévue, même si des élus locaux, comme Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, ont demandé leur déprogrammation sur X.