L'accès au crédit reste le principal régulateur du marché de l’immobilier

Le contexte économique et le marché du crédit vont conditionner le marché immobilier. Au point de retarder l'accession à la propriété de nombre de candidats à l'achat.

L’immobilier est considéré comme la meilleure valeur refuge. 58% des ménages sont propriétaires. Depuis de nombreuses années, la volonté d’accéder à la propriété est toujours aussi forte, et peut donner le sentiment aux observateurs (à tort ou à raison) que le nombre d’acquéreurs potentiels est supérieur à celui des logements construits.
Aussi, la demande des emprunteurs ne faiblira pas.
Cependant, nous sommes actuellement confrontés à une contraction notable du volume des crédits distribués.
Les causes sont en réalité nombreuses et interdépendantes.
Ainsi, considérant l’environnement du secteur financier français, il s’agit d’une part de l’impérieuse obligation de
recapitalisation-désendettement des banques et d’autre part de leur perte de confiance les unes envers les autres, à l’origine des tensions interbancaires que nous connaissons.
Dans cette configuration, le financement de l’immobilier est directement touché et les volumes de crédit à l’habitat sont déjà annoncés en baisse.

Selon l'étude de l'observatoire Crédit Logement/CSA le montant des crédits immobiliers accordés par les banques est anticipé à 155 milliards pour 2011. Il sera donc en recul de 8 % par rapport à 2010. En outre, la production de crédits qui avait augmenté de juillet 2010 à juin 2011, a chuté de 13,7 % ce troisième trimestre.
Désormais nous sommes dans une situation où la demande de financement des ménages est confrontée à une offre de crédits significativement réduite et catégorielle.

Le durcissement des critères d’octroi aura des répercussions immédiates sur le marché.
Ainsi sur le plan du financement immobilier nous constaterons :

* une augmentation des taux d’intérêts lesquels, en moyenne, dépasseront les 4% pour les financements à 18 ans.

*
une sur-sélection privilégiant (accord rapide, taux plus faible)  les dossiers les moins risqués (taux d’effort inférieur à 33%, apport personnel important, durée d’emprunt plus courte).
* Une pénalisation des emprunteurs aux dossiers plus tendus qui paieront une prime d’intérêt supérieure s’ils veulent réaliser leur projet d’acquisition.

Au niveau national du marché de l’immobilier résidentiel, nous assisterons à une baisse des prix et paradoxalement à une diminution du nombre des transactions. En effet, à la rigueur budgétaire (Suppression du PTZ pour l’ancien, report des exonérations des plus-values à 30 ans pour les résidences secondaires, disparition du Scellier) s’ajoutent des critères d’octroi de crédits discrétionnaires, lesquels  écarteront ipso facto de l’accession à la propriété les ménages aux apports  ou  revenus jugés insuffisants.
Ces emprunteurs, majoritairement des primo accédant, devront nécessairement attendre  une éventuelle baisse significative des prix pour que, jugeant leur risque suffisamment maîtrisé (valeur du gage), les banquiers élargissent leurs conditions de financement.

La perspective d’une « France de propriétaires » ne se profile donc pas encore à court terme…