La femme la plus riche du monde : une chronique sociale cruelle inspirée de l'affaire Bettencourt
La femme la plus riche du monde n'est pas un film sur l'affaire Banier-Bettencourt, du moins pas vraiment. C'est ce que martèle le dossier de presse, le carton qui précède le film, mais aussi le réalisateur Thierry Klifa en conférence de presse au Festival de Cannes, où le long-métrage est présenté hors-compétition : "un docu-fiction n'aurait pas été intéressant, c'était l'intimité de ces personnages qui nous a intéressés".
La femme la plus riche du monde se concentre sur une milliardaire, femme d'affaires puissante qui s'ennuie dans sa vie. Sa rencontre avec un photographe et écrivain, grossier, irrespectueux mais drôle et vivant, va tout changer pour elle. Pour son amitié, elle est prête à dépenser les sommes les plus folles. Mais ce rapprochement ne va absolument pas plaire à ses proches, en particulier sa fille en quête de l'affection maternelle, et son majordome qui doit tout à ses employeurs.

En prétextant adapter très librement l'une des affaires judiciaires les plus médiatiques de ces dernières années, Thierry Klifa signe surtout une chronique sociale mordante et cruelle (dans le bon sens du terme). La femme la plus riche du monde égratigne la haute-bourgeoisie catholique française à travers la relation complexe entre Fantin (pendant fictif de François-Marie Banier, condamné à quatre ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende) et Marianne (alter-ego de Liliane Bettencourt). Une emprise, mais qui détient vraiment le pouvoir ? Et au milieu de ce drôle d'équilibre, on perçoit un amour parfois sincère et une amitié touchante entre ces deux personnages.
La femme la plus riche du monde fonctionne grâce à l'écriture très précise de ses personnages, et aux interprétations excellentes des acteurs (Isabelle Huppert donc, mais aussi Laurent Lafitte, Raphaël Personnaz et Marina Foïs). On rit de malaise devant les exubérances du grossier Fantin, on se moque de la déconnexion totale de ces ultra-riches, on est horrifié par leur antisémitisme ordinaire et leur passé collaborationniste, on s'émeut des trahisons familiales, ou de la loyauté de ce majordome qui a tout à perdre. Une chronique sociale qui fait mouche, servie par de grands acteurs, à découvrir en salles le 29 octobre.