Documentaire "Nature" : tous les secrets d'un tournage extrême

Documentaire "Nature" : tous les secrets d'un tournage extrême 2,4 tonnes de matériel, 1 attaque d'hippopotame, 2 bateaux coulés... L'équipe du film n'a pas ménagé ses efforts pour vous rapporter des images jamais vues d'Afrique.

573 jours de tournage ont été nécessaires aux coréalisateurs Patrick Morris et Neil Nightingale pour nous rapporter des images exceptionnelles de territoires hostiles rarement montrés à l'écran et d'animaux sauvages dans leur milieu naturel aux comportements fascinants. Un défi à la fois humain et technique au vu des conditions difficiles auxquelles a dû faire face l'équipe du film.

Le choix de réaliser le documentaire en 3D pour un rendu plus "immersif" s'est en effet accompagné de certaines difficultés logistiques, car le matériel nécessaire est alors trois à quatre fois plus lourd que celui utilisé habituellement. Résultat : un aéroport a dû être fermé en raison des embouteillages créés par l'excès de bagage de l'équipe du film et notamment les 2,4 tonnes d'équipement caméra.

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Sur les rives du lac Bogoria, au Kenya © Metropolitan FilmExport

Une fois sur place, ce sont 126 porteurs qui ont été engagés pour transporter le matériel de l'équipe sur le mont Kenya. Filmer à plus de 4 500 mètres d'altitude a alors constitué un nouveau défi, car les batteries des appareils tombaient régulièrement en panne à cause des températures négatives. La tente qui protégeait le générateur a également été emportée par le vent, tandis qu'un caméraman a dû prendre quelques jours de repos après avoir commencé à ressentir les symptômes du mal aigu des montagnes.

Ce tournage éprouvant a continué dans la vallée du grand rift, où l'équipe est allée filmer le cratère du Dallol. La température s'y élève à 46°C et des fumeroles sulfureuses toxiques pour l'homme témoignent de l'activité volcanique qui façonne ce paysage cristallin. "Les mares sont remplies d'acide sulfurique dont le gaz vous prend à la gorge, tandis que le vent charrie du sel des salines, explique la réalisatrice associée Renee Godfrey. Les conditions sont exécrables, mais le paysage, avec sa luminosité et ses couleurs, est absolument extraordinaire." 

Mettre en boîte les animaux d'Afrique dans leur milieu naturel n'a également pas été une mince affaire. L'assistant de production Stephen Lyle a ainsi dû vivre pendant six jours parmi les singes géladas avec une réplique du matériel 3D pour leur faire accepter la présence de l'équipe de tournage. Un caméraman a, lui, passé jusqu'à huit heures par jour dans des abris construits spécialement sur les rives du lac Bogoria, au Kenya, pour capter la saison des amours chez les flamants roses. L'équipe a par ailleurs dû adapter un véhicule de safari sur mesure afin de réaliser un travelling à hauteur du regard des éléphants, donnant ainsi l'impression aux spectateurs de marcher au plus près des pachydermes

 En vidéo :


"Making-of VOST, Nature"

Même les plus petits animaux du film ont engendré quelques soucis techniques. Les colonies de fourmis légionnaires comptent en effet 5 millions d'individus et il faut attendre qu'elles sortent de leur nid pour déterminer à quel endroit installer tout le matériel 3D au plus près du sol. "Et lorsqu'elles vous grimpent dessus, il ne faut pas paniquer, sinon elles vous piquent, ajoute Patrick Morris. Il suffit de continuer à filmer ce que l'on peut et de les laisser vous passer sur le corps sans réagir."

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Le monde coloré des récifs coralliens de la mer Rouge © Metropolitan FilmExport

Le tournage a également emmené l'équipe du film en mer Rouge à la découverte de ses récifs coralliens colorés. Les caméras 3D ont alors été placées dans d'immenses boîtiers sous-marins avant d'être immergées. Puis, le directeur de la photo et le caméraman stéréographe, qui avaient chacun un jeu de commandes, ont dû nager en totale synchronisation afin de pouvoir les manoeuvrer. Une séquence qui nécessitait donc un très bon niveau de plongée de la part des techniciens.

On assiste aussi dans le film à la toute première prise de vues en travelling horizontal au-dessus des chutes Victoria. Pour réaliser cette séquence, l'équipe a dû faire face à des attaques d'éléphants et d'hippopotames, ainsi qu'au retournement de deux de ses bateaux. Le coréalisateur Patrick Morris raconte que, lors de la descente des rapides du fleuve Zambèze sur un radeau équipé de plusieurs caméra, il s'est retrouvé sous l'eau, roulant dans tous les sens. "Lorsque je suis finalement remonté à la surface grâce à mon gilet de sauvetage, j'ai vu que les autres membres de l'équipe et le radeau étaient emportés par le fleuve", confie-t-il. Tout le monde s'en est heureusement sorti indemne, même l'équipement était intact, si bien que ce retournement à 180° a été intégré au film. Enfin, pour donner la sensation au public de survoler, puis de plonger dans les chutes Victoria, l'équipe du film a monté une caméra sur un câble tendu entre les gorges du fleuve. Une véritable prouesse physique étant donné le niveau des eaux beaucoup plus élevé que prévu.

 En vidéo :

"Making-of VOST, Nature"

Le tournage de la séquence finale s'est révélé lui aussi dangereux. Les orages des plaines de Busanga, en Zambie, ont en effet rappelé à l'équipe du film combien les éléments étaient puissants en Afrique lorsque la foudre est tombée à 100 mètres de l'endroit où elle se trouvait, ainsi que sur l'antenne radio située dans le campement. Qui a dit que filmer la nature était une partie de plaisir ?

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