Nous n’irons plus à Angoulême… Allez si, encore une fois !

Ah la la ! On est déjà au mois de janvier ! Et en janvier c’est... Angoulême ! Angoulême ! La ville fantôme qui renaît chaque début d’année. Si si ! Allez y faire un tour pendant la semaine du festival de la BD et vous pourrez le constater.

Le mardi, les rues sont désertes, il fait froid et les passants sont rares.

Le mercredi, c’est la ruée vers l’or, style Klondike. Des camions, des camionnettes, des voitures déversent des centaines d’exposants. Les stands se montent, les perceuses vrombissent et les marteaux disparaissent.


Le jeudi , les stands sont prêts ; Les écoliers de la région déambulent, par groupes de quarante,  trop contents de ne pas être en classe. Ils ramassent tout ce qui est gratuit et demandent des dédicaces à n’importe qui. Leurs profs courent derrière, tentant de leur inculquer l’intérêt culturel de la bd, et trop contents de ne pas être en classe… eux aussi !

Vendredi, ça ne rigole plus à Angoulême City. Plus un hôtel de libre, plus une chambre d’hôte, plus de grenier, plus de cave… Rien ! Fallait prévoir jeune novice, ou alors tu dormiras dans ta voiture.

Samedi, le summum. Tous les desperados du 9ème art sont dans le centre-ville. Il y a des exposants, des éditeurs, des auteurs , des collectionneurs, des traducteurs, des bénévoles, des prétentieux, des directeurs de marketing, des directeurs de collections, des directeurs de directeurs, des rigolos, des distributeurs, des vendeurs de saucisses, des diffuseurs, des jeunes, des vieux , des frimeurs, des familles, des sympas, des libraires, des obsédés de la dédicace, des animateurs, des journalistes, des brocanteurs, des élus, des lecteurs, des on ne sait pas ce qu’ils font là mais ça fait 30 ans qu’ils y sont, des stars du show-biz, des épiciers de la grande distribution, des vigiles, des pompiers, des escrocs, des fanzineux, des…des… Enfin, la grande famille de la bd !

Samedi, 1 heure du matin : L’hôtel Mercure ouvert toute la nuit est réservé à ceux qui ont un badge pro ; Le Versailles de la bande dessinée. Tout le monde s’y presse, s’y côtoie, s’y bouscule, un verre à la main. Il faut en être pour exister ; Des groupes se forment et se déforment telle la banquise subissant le réchauffement climatique. Les auteurs rois discutent entre eux sous le regard « bienveillant » de leurs éditeurs respectifs. Les ducs et les marquis se font aborder par les comtes et les vicomtes, quand à la petite noblesse, elle boit dans des gobelets en plastique. A la cour de la bd, l’étiquette et la bienséance sont respectées. Vers 3 heures du matin, les rois regagnent les étages, car les rois logent à Versailles tandis que les autres essaient de trouver taxis, navettes ou un copain chez qui dormir.

Dimanche, peu de dédicaces le matin pour cause de Mercure, peu de dédicaces l’après midi pour cause de départ. Les survivants de la veille ont tous des têtes de "Walking Dead" et le visiteur est plus local.

Dimanche soir, comme si la rumeur disait « il n’y a plus d’or au Klondike », les stands se défont, les perceuses vrombissent et l’on ne retrouve toujours pas son marteau. La rumeur dit aussi que c’était le dernier Angoulême pour cause de manque de financement et tout le monde espère, tel le néandertalien qui attend chaque matin avec angoisse le levé du soleil, que l’année prochaine il y ait un nouvel Angoulême.

Lundi, les rues sont désertes, il fait froid et le passant est rare….


PS : Quelques phrases obligatoires à placer si vous voulez passer pour un pro :

« T’es arrivé quand ? » « Tu repars quand ? » « Tu dors où ? » « Tu vas au Mercure ? » « T’étais au Mercure hier ? » « on se voit plus tard ? »


Ronchonzator