Richard K. B. Jenkins "Le caméléon de Belalanda est encore entouré de beaucoup de mystères"
Une nouvelle population de caméléons vient d'être découverte à Madagascar. Le britannique Richard Jenkins, qui a participé aux recherches, nous en apprend un peu plus au sujet du caméléon de Belalanda.
Le docteur Richard K. B. Jenkins travaille aux côtés du professeur Richard A. Griffiths, de l'université britannique du Kent.
Tous deux sont en charge du programme regroupant l'Institut Durrell et des associations malgaches autour de la protection des caméléons. C'est dans le cadre de ce projet qu'ils ont fait l'extraordinaire découverte d'une nouvelle population de caméléon de Belalanda éloignée de son milieu naturel traditionnel.

Que pouvez-vous nous dire à propos du caméléon de Belalanda ?
R. K. B. Jenkins : Nous savons peu de choses. Nous sommes à peu près sûrs que l'espèce vivait dans une forêt riveraine d'une petite zone côtière près de la ville portuaire de Toliara, au Sud de Madagascar. Cette forêt n'existant plus, on a pensé durant plusieurs années que le caméléon était resté au village de Belalanda, où il vit dans de grands arbres d'ombrage. Depuis 2009, nous avons compris qu'il occupe en réalité deux villages, Belalanda et Sakabera. Même si tout son habitat naturel a disparu, il loge toujours dans des zones peu adaptées de ces villages. Mais il faut tout de même avouer que cette espèce est encore entourée de beaucoup de mystères.
Comment avez-vous découvert ce nouveau foyer de caméléons ?
R. K. B. Jenkins : Nous avons réalisé depuis 2009 un certain nombre d'expéditions pour retrouver des caméléons de Belalanda dans leurs habitats traditionnels. Au début, nous nous sommes concentrés sur les lieux habituels, les forêts riveraines, mais aucun caméléon ne s'y trouvait. En février, nous avons étendu nos recherches à l'intérieur des terres, loin de la rivière, et c'est là que nous avons découvert cette nouvelle population dans un village près de la route principale.
Quel est le but de l'association entre l'Institut Durrell et les organisations malgaches ?
R. K. B. Jenkins : Le projet vise à protéger et utiliser durablement les caméléons (NDLR : l'exportation de caméléons pour en faire des animaux de compagnie est courante à Madagascar). Pour certaines espèces beaucoup plus rares et menacées, comme le caméléon de Belalanda, il s'agit de travailler avec les collectivités et les acteurs locaux afin de préserver l'essentiel des habitats. Pour les autres espèces, plus communes, on aide les autorités malgaches à s'assurer que le commerce légal n'a pas trop d'impact sur les populations sauvages.
La principale menace qui pèse sur cet animal est l'abattage des arbres pour faire du charbon de bois
Qu'allez-vous faire désormais pour protéger cette espèce ?
R. K. B. Jenkins : L'association Madgasikara Voakajy est le principal partenaire de l'Institut Durrell sur ce projet. Nous organisons ensemble cette semaine un atelier qui rassemblera des organisations non gouvernementales comme le WWF, des gouvernements, des scientifiques, des politiciens et des acteurs locaux pour concevoir une stratégie visant à sauver l'espèce de l'extinction.
Bien que les villages où se trouve le caméléon soient au sein d'une aire protégée gérée par le WWF, la protection de la biodiversité n'est pas une priorité puisqu'il s'agit de villages habités. Nous espérons que la nouvelle stratégie de conservation des espèces sera adaptée aux besoins des personnes et des caméléons qui cohabitent en ces lieux. La principale menace qui pèse sur cet animal est l'abattage des arbres où il réside pour faire du charbon de bois... L'objectif principal de la future stratégie est donc de trouver une solution à ce problème.
Plus d'informations :
Site officiel de l'Institut Durrell
Le site Internet de l'organisation malgache Madagasikara Voakajy