Steeltown Murders, série diffusée sur Arte, revient sur les viols et assassinats particulièrement violents de trois adolescentes au Pays de Galles...

La mini-série Steeltown Murders, programmée sur Arte à compter du 3 octobre 2024, plonge les spectateurs dans les années 1970, dans une petite ville ouvrière du sud du Pays de Galles, où trois adolescentes ont été brutalement violées et assassinées. Malgré les efforts des policiers de l'époque, l'enquête n'a pas permis de retrouver le coupable. Mais trente ans plus tard, deux anciens policiers, toujours hantés par l'affaire, décident de relancer l'enquête, aidés par un volontaire. Grâce à l'utilisation des avancées scientifiques, notamment l'ADN, ils vont réussir à faire aboutir une affaire qui avait laissé la communauté en deuil et les enquêteurs dans le doute.

A l'heure où les programmes "true crime" pullulent sur les écrans et les plateformes de streaming, Steeltown Murders ne fait pas exception. La série s'inspire en effet d'une histoire vraie qui a marqué l'histoire judiciaire du Royaume-Uni et du Pays de Galles en particulier. Réalisée par le Gallois Marc Evans, elle souligne comment le recours à la génétique a fait jurisprudence il y a quelques années désormais dans le dénouement d'affaires judiciaires au point mort, marquant un tournant dans les méthodes d'investigation criminelle. Attention spoiler...

Comment le tueur, Joseph Kappen, a été retrouvé

Steeltown Murders revient en effet sur la manière dont Joseph Kappen, surnommé "l'étrangleur du samedi soir", a été confondu pour les viols et assassinats de Sandra Newton le 14 juillet 1973, puis de Geraldine Hughes et Pauline Floyd, un peu plus de deux mois plus tard, le 16 septembre de la même année, à Port Talbot, dans le sud du Pays de Galles. Il aura fallu près de 30 ans aux détectives pour arrêter le tueur grâce aux progrès de la technologie. Joseph Kappen deviendra, en 2001 seulement, le premier tueur en série documenté du Pays de Galles.

Le mode opératoire de Joseph Kappen a lui aussi été décortiqué : les trois femmes, âgées de 16 ans, ont été attirées dans son véhicule un samedi soir. Après les avoir violées, le criminel les a étranglées. Malgré cela, la mort de Sandra Newton ne sera pas tout de suite reliée à celles de Hughes et de Floyd. En échec pendant environ un an, les enquêteurs réduiront leurs investigations à la mi-1974, faute d'avancée. Parmi les difficultés : la marque de la voiture du tueur, une Austin 1100, si courante à l'époque que 10 000 personnes dans la région utilisaient ce modèle. Interrogé dès le début de l'affaire, Kappen affirmera que son véhicule n'était pas en état de rouler et sera écarté à tort comme suspect.

La voiture sera pourtant bien enregistrée par la police comme étant sur la route dans les jours qui ont suivi le meurtre de Hughes et Floyd, mais sans système informatisé de recoupement, cette preuve décisive passera inaperçue aux yeux des détectives. Kappen a également affirmé qu'il était à Neath Fair, un lieu éloigné de ceux des meurtres et sa femme lui donnera en outre un faux alibi.

L'enquête, elle, ne sera rouverte qu'à la fin des années 90, les progrès des tests ADN permettant alors enfin d'établir un profil du tueur. Malgré cela, aucune correspondance ne sera établie avec une quelconque personne arrêtée ou inculpée. Ce n'est qu'en 2001 que les tests ADN ont pu identifier le meurtrier de Newton comme étant la même personne que celle qui avait tué Hughes et Floyd. La même année, Kappen sera identifié après que la police ait effectué une recherche ADN pour trouver des correspondances avec d'éventuels descendants vivants du tueur. C'est son fils, Paul, un voleur de voiture dont l'ADN était déjà dans le dossier, qui permettra de le confondre.

Un traumatisme au Pays de Galles

Joseph Kappen, lui, ne sera jamais puni. Il est mort depuis 1990, d'un cancer du poumon. En 2002, son corps a été exhumé du cimetière de Goytre, à la périphérie de Port Talbot, et des tests médico-légaux ont prouvé qu'il était le meurtrier. Après les conclusions de l'enquête, l'ex-épouse de Kappen, Christine Powell, qui avait auparavant affirmé l'innocence de Kappen, a déclaré qu'ils étaient "tous profondément choqués par ces révélations". Joseph Kappen est également soupçonné d'avoir commis un quatrième meurtre, en février 1976.

La série met aussi en lumière les répercussions émotionnelles de ce drame dans le pays, des traumatismes subis par les familles des victimes, de la douleur de ne pas avoir pu enterrer leurs filles à l'impossibilité de tourner la page pour des enquêteurs profondément affectés jusque dans leur vie personnelle, ajoutant une dimension humaine à ce thriller judiciaire. Mais attention, si l'affaire est authentique, les détails spécifiques sur les protagonistes et certains événements peuvent avoir été romancés pour les besoins de la narration.

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