Censure de Bayrou : une date déjà annoncée, qui va la voter ?
Le gouvernement Bayrou est en place, mais jusqu'à quand ? Pour les Insoumis, la réponse est claire : le gouvernement ne passera pas l'hiver, ce sera la censure. Jean-Luc Mélenchon assurait déjà, avant la formation de l'équipe ministérielle, que François Bayrou "ne passera[it] pas l'hiver", dans un entretien accordé au Parisien. Une déclaration reprise par d'autres élus LFI, comme Éric Coquerel et Aurélie Trouvé.
Il faut dire que les oppositions sont particulièrement mécontentes de ce gouvernement. À gauche, on reproche à François Bayrou d'avoir composé avec les exigences du Rassemblement national, en préférant nommer Gérald Darmanin à la Justice plutôt que Xavier Bertrand.
Le président de la région Hauts-de-France, lui-même, a écrit un message sur X allant dans ce sens, une heure avant l'annonce des nominations : "Je refuse de participer à un gouvernement formé avec l'aval de Marine Le Pen." Une affirmation démentie par le Premier ministre, qui a réfuté toute "influence" du RN, au micro de BFMTV.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) December 23, 2024
Pourtant, le RN n'est pas non plus ravi de ce gouvernement. Sur X, Marine Le Pen a dénoncé "une absence manifeste de légitimité et une majorité introuvable", au même titre que "le gouvernement précédent". Jordan Bardella a déploré de son côté une "coalition de l'échec", et Éric Ciotti, proche du RN, a comparé les nouveaux ministres à des "somnambules du chaos [qui] sont socialistes, macronistes historiques et convertis issus de LR". L'extrême droite pourrait voter une censure si elle est trop en désaccord avec le gouvernement.
La censure le 16 janvier ? Des intentions de vote déjà connues
Une menace brandie dès l'annonce du gouvernement. LFI l'a annoncé : si le Premier ministre ne demande pas la confiance des députés à l'issue de son discours de politique générale, le 14 janvier, "nous déposerons une motion de censure, le 16 janvier certainement, après son discours de politique générale", a annoncé Aurélie Trouvé, députée LFI, au micro de franceinfo, ce 24 décembre.
Une censure qui sera votée par les élus LFI, et probablement par le reste du Nouveau Front populaire. Si ses membres n'étaient pas tous définitifs sur le vote de la censure, ils n'ont pas caché leur grande déception après la formation du gouvernement. Olivier Faure a qualifié celui-ci de "provocation" et a assuré qu'"aucune des conditions d'une éventuelle non-censure n'a été respectée". "Pas de dépendance vis-à-vis de l'extrême droite, plus de passage en force avec le 49.3 et enfin un changement de cap", avait exigé le patron du PS. "Je n'ai rien entendu de la sorte, je n'ai pas vu quoi que ce soit et donc je me dis : 'Mais en fait, à quoi ont servi ces heures passées ensemble ?'". Pas de promesse de censure donc, mais rien de rassurant pour le gouvernement Bayrou. Même chose du côté des écologistes et des communistes.
L'extrême droite pourrait donc également voter une motion de censure, y compris déposée par les Insoumis. Ce ne serait pas la première fois. Le RN a tout de même assuré que ce seraient les actes des ministres, et non leur nom, qui feront pencher la balance vers la censure. À eux deux, le NFP et le RN représentent 316 députés, soit plus que les 289 nécessaires pour faire adopter une motion de censure. C'est d'ailleurs l'alliance des deux groupes qui ont permis de censurer le gouvernement Barnier.
Pour autant, le Premier ministre, s'est dit "persuadé" que le gouvernement ne sera "pas censuré" lors de son interview sur BFM TV.
Il pourra notamment compter sur le soutien de LR. Car du côté du groupe dénommé "Droite républicaine", rien ne laisse penser que les députés estampillés "DR" pourraient participer à la censure. Laurent Wauquiez, leur patron, a assuré que leur "devoir est d'avoir comme seul raisonnement ce qu'est l'intérêt du pays dans la situation politique actuelle" et a informé que ses députés décideront de leurs votes "texte par texte".
Quelles que soient les réserves que nous pouvons avoir sur le gouvernement composé par François Bayrou, notre devoir est davoir comme seul raisonnement ce qu est lintérêt du pays dans la situation politique actuelle. Au nom de la responsabilité, le soutien des députés de la
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) December 23, 2024
Si la motion de censure ne passe pas à l'issue du discours de politique générale, l'opposition pourrait avoir l'occasion d'en déposer une autre, lors de l'examen du budget. En effet, François Bayrou a assuré préféré faire passer le budget par 49.3 que par ordonnance, comme le prévoit la Constitution, si l'Assemblée ne parvenait pas à se mettre d'accord. Or, qui dit 49.3, dit dépôt d'une motion de censure.