Macron "nous prend pour des idiots" : les gilets jaunes en colère

Macron "nous prend pour des idiots" : les gilets jaunes en colère MACRON - Les gilets jaunes interrogés après les annonces faites par Emmanuel Macron sont tous déçus ou en colère. De nouvelles manifestations se préparent.

[Mis à jour le 28 novembre à 16h46] Le chef de l'Etat n'a manifestement pas apporté d'éléments permettant d'apaiser la colère des gilets jaunes lors de son intervention de mardi 28 novembre. Emmanuel Macron a fait un long discours pour présenter la trajectoire à laquelle va se tenir le gouvernement pour assurer la transition écologique. Son intervention, qui ressemblait à un discours de politique générale, n'a pas convaincu. Un sondage Opinionway pour RTL, LCI et Le Figaro rend compte de l'ampleur du décalage entre les attentes des Français et les réponses du président : 76% des sondés considèrent que les annonces d'Emmanuel Macron ne sont pas suffisantes, 78% considèrent qu'Emmanuel Macron doit supprimer la nouvelle hausse des taxes sur le carburant. Ce qu'il ne fera pas. Ce mercredi matin, Edouard Philippe a martelé, une nouvelle fois, que l'augmentation de ces taxes serait bien effective dès le 1er janvier 2019. Mais le gouvernement déploiera un mécanisme d'ajustements pour limiter la hausse en fonction du cours du pétrole.

Les réactions des gilets jaunes sont unanimes, si l'on en croit les témoignages recueillies par la presse régionale. "Il ne fera rien, c'est un dialogue de sourd", s'agace auprès du Parisien Corinne Cartau. Un autre gilet jaune ajoute dans les colonnes du journal : "Le carburant, il a bon dos ! Moi, si je porte le gilet, c'est pour stopper la paupérisation, explique Corinne Cartau. J'ai cinq enfants. Mon mari perçoit une pension d'handicapé. Il ne nous reste plus que la maison, mais les créanciers sont pressés…". Et un autre manifestant d'ajouter : "Ce que j'ai compris, c'est dans trois mois, on verra. L'État ne nous écoute pas… Macron ne veut rien lâcher, il nous prend pour des idiots". Europe 1 rapporte la réaction de Christophe, un gilet jaune du Nord : "Je pense qu'il veut faire traîner les choses en espérant que le mouvement s'essouffle. [...] Il n'a rien lâché, on ne lâchera rien non plus. Comme on voit qu'il se fout vraiment du monde, je crois que la colère va s'amplifier au lieu de s'apaiser". "J'étais enragé devant ma télé", explique quant à lui un gilet jaune de Meaux interrogé par France Bleu, qui rapporte les propos de Pierre, un autre manifestant : "J'attends la démission du président, il n'a plus aucune crédibilité".

"Je peux vous dire que samedi prochain, ce sera encore le bordel ici. En fait, il ne nous a rien dit du tout, il a raconté sa vie, c'est tout ! Il n'a rien donné, aucune mesure concrète", renchérit Robert, un autre manifestant contacté par France Bleu à Lunéville en Meurthe-et-Moselle. Et son camarade Jean-Paul d'ajouter : "Monsieur Macron est totalement à l'ouest. Il n'a plus les pieds sur terre. J'ai l'impression qu'il nous prend pour des demeurés. Avec ses bons mots de technocrates, il n'y a pas beaucoup de Français qui l'ont compris, d'ailleurs beaucoup m'ont dit qu'ils n'avaient rien compris. Et quand on tend bien l'oreille, on se rend compte qu'il endort les gens".

Une nouvelle manifestation à Paris samedi

L'acte 3 de la mobilisation est acté désormais. Mardi soir, le ministre de la Transition écologique a reçu deux porte-parole des gilets jaunes, qui sont sortis "déçus" de leur entretien. "On a exprimé le ressenti qu'on a par rapport aux sorties médiatiques du président, [et le fait] que les Français ne sont pas vraiment pas du tout convaincus", a fait savoir Éric Drouet, chauffeur routier désigné "messager" des manifestants il y a quelques jours. Et d'indiquer que la manifestation parisienne aurait bien lieu ce samedi 1er décembre. "Ça commence à agacer tous les gilets jaunes qui sont sur le terrain. Le sentiment qu'on a aujourd'hui, c'est que non, il n'y a pas de réelle envie d'améliorer le sort des gens. Samedi prochain est maintenu", a-t-il dit. Auprès de Midi Libre, Thomas Miralles, autre porte-parole va dans le même sens : "C'est décidé, il y aura un acte 3 samedi, à Paris, sur les Champs-Elysées. Oui, ça va continuer".

Selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur, les manifestants étaient 282 000 lors du premier samedi de la mobilisation, le 17 novembre. Les gilets jaunes étaient 106 000 samedi 24 novembre, journée marquée par d'importants incidents sur les Champs Elysées à Paris. Pour la maire de la capitale, Anne Hidalgo, il faut que l'Etat donne davantage de garanties ce samedi 1er décembre pour que la manifestation se déroule dans de meilleures conditions que la semaine passée. Selon Le Figaro, l'opération de piétonnisation de la "plus belle avenue du monde" sera annulée, mais la municipalité va demander plus de moyens auprès des services du Premier ministre.