Marine Le Pen : la "priorité nationale", c'est quoi au juste ?

Marine Le Pen : la "priorité nationale", c'est quoi au juste ? La présidente du Front national a défendu à la télévision sa "priorité nationale". Une proposition qui met Marine Le Pen sous le feu des critiques.

Marine Le Pen était l'invitée de l'émission "Des paroles et des Actes" jeudi 21 février sur France 2. Une prestation pendant laquelle elle a été obligée de rassurer sur sa proposition de "priorité nationale", mise en avant après une séquence que beaucoup ont jugée ratée de la part de l'eurodéputée sur le mariage pour tous. Marine Le Pen, qui s'inspire de l'idée de "préférence nationale" chère à son père Jean-Marie Le Pen, en reprend les grands principes, mais avec le souci, une fois de plus, de lisser le propos du FN. Dès 1985, le fondateur du Front national voulait réserver des avantages aux "Français de souche", qu'il s'agisse d'emploi ou de prestations sociales. Il s'agissait alors clairement, à l'inverse, de priver de toute aide les étrangers vivant sur le territoire. Sans renier le concept inventé par son père, Marine Le Pen a rappelé sur le plateau de France 2 que sa "priorité nationale" ne se limitait "pas aux blancs" ou "aux Français de souche".

Qu'est-ce que la "priorité nationale" sauce Marine ? Il s'agit donc de donner un avantage "en matière d'emploi ou de logement aux Français". Marine Le Pen précise qu'il ne s'agit pas d'avantager les "blancs" ou les "Français de souche" mais bien "ceux qui ont la nationalité française". Et l'ancienne candidate à la présidentielle de préciser, "quelle que soit leur origine, quelle que soit leur religion". Agacée qu'on compare cette mesure à une manifestation xénophobe, elle a martelé qu'elle ne s'intéressait pas "aux orientations sexuelles des patriotes qui veulent défendre leur pays, ni à leurs origines, ni à leur religion". Reste que, malgré un léger glissement sémantique, la mesure reprend presque point par point l'idée de l'ancienne "préférence nationale". Comme Jean-Marie le Pen, Marine Le Pen propose la suppression des allocations familiales aux familles étrangères (hors-UE) résidant dans l'Hexagone.

La "priorité nationale" est-elle vraiment applicable en France ? La mesure figurait dès 2011 dans le programme présidentiel de Marine Le Pen. Sur le plateau de France 2, elle a affirmé que son application devra faire l'objet d'un référendum. "Nous proposerons aux Français une révision constitutionnelle", a-t-elle expliqué, toujours dans un souci d'apaisement. Beaucoup de constitutionnalistes ont, par le passé, jugé cette mesure contraire au principe d'égalité entre les citoyens. Celle-ci a pourtant déjà été votée en France. En 1932, en pleine crise économique, l'Assemblée adoptait en effet une loi protégeant la main d'œuvre nationale. Un quota de travailleurs étrangers de 10 % était créé pour les entreprises privées. Ce dernier passait à 5 % dans les entreprises publiques. Ailleurs dans le monde, les Etats-Unis disposent d'une législation qui oblige les employeurs à prouver qu'un poste ne peut être pourvu à aucun Américain avant d'être confié à une personne de nationalité étrangère. Russie, Suisse et Italie ont à un moment ou à un autre adopté des mesures allant elles aussi vers la "préférence nationale".

A l'approche des municipales de 2014, la mesure ne devrait pourtant pas figurer dans le programme du Front national. "Notre but n'est pas de la mettre en oeuvre dans des municipalités en contradiction avec la loi", a expliqué Marine Le Pen. En 1998, Catherine Mégret, femme du frontiste Bruno Mégret et maire de Vitrolles avait créé une allocation de naissance de 5 000 francs (762 euros) pour les enfants nés de parents français ou ressortissants de l'Union européenne. Une mesure invalidée par un tribunal administratif que Marine Le Pen a jugée "indélicate" et comparée à une "erreur". Pour les municipales, l'accent sera donné par le FN sur les dépenses des communes, le contrôle plus strict des subventions et la sécurité.

EN VIDEO - La présidente du Front national Marine Le Pen a expliqué dimanche 13 janvier avoir délibérément choisi de ne pas participer à la manifestation parisienne des opposants au mariage homosexuel.

"Marine Le Pen absente de la manifestation contre le mariage pour tous"