Bijoutier de Nice : peut-on se faire justice soi-même ?

Bijoutier de Nice : peut-on se faire justice soi-même ? Le soutien inattendu du bijoutier de Nice, qui a tué un braqueur la semaine passée, soulève bien des interrogations sur Internet mais aussi dans le monde politique.

En recueillant environ 1,5 million de "likes", la page Facebook de soutien au bijoutier qui a tué un braqueur le 11 septembre, à Nice, a suscité la méfiance des médias ce week-end. Après la suspicion d'un trucage (l'achat massif de "likes"), plusieurs enquêtes semblent désormais indiquer que de véritables soutiens se cachent derrière ce nombre impressionnant de "j'aime". Autrement-dit, d'authentiques citoyens prenant la défense d'un bijoutier qui a ouvert le feu face à ceux qui voulaient le détrousser. Ce lundi, plusieurs centaines de personnes (près d'un millier selon les organisateurs) se sont réunies à Nice à l'appel des commerçants, en colère après la mise en examen de leur collègue pour homicide volontaire et détention illicite d'arme.

Et c'est encore sans compter les soutiens d'une certaine partie de la classe politique, à l'instar de celui du maire de Nice Christian Estrosi, qui parle du bijoutier comme d'une "victime" et se réjouit que ce dernier ait échappé à une peine préventive de prison (il est assigné à résidence avec surveillance électronique depuis sa mise en examen). Ce dimanche 15 septembre, lors des universités d'été du FN à Marseille, Marine Le Pen a utilisé les mêmes termes, évoquant une "victime du laxisme de l'Etat" quand Jean-Marie Le Pen déclarait qu'il aurait "fait la même chose" que le commerçant.

 

Rappels des faits et des principes de la Justice

En démocratie et a fortiori en République, peut-on se faire justice soi-même ? Alors que la peine de mort a été abolie depuis plus de trente ans, peut-on cautionner la mort à un individu, même braqueur ? Ces questions font de plus en plus débat dans la classe politique et sur les réseaux sociaux depuis une semaine. D'un côté, beaucoup soulignent que "La Turquoise", la bijouterie visée par les deux malfaiteurs, avait déjà été la cible d'un vol "à la disqueuse" en 2012, ou encore que les braqueurs étaient armés et ont menacé le bijoutier pour qu'il ouvre son coffre et leur remette le butin.

D'autres estiment le commerçant, Stephan Turk, 67 ans, a ouvert le feu à trois ou quatre reprises avec un pistolet automatique, alors que les malfaiteurs prenaient la fuite à scooter. Le braqueur tué, assis à l'arrière du deux roues, a vraisemblablement été touché dans le dos. Une thèse qui semble écarter, pour l'instant, tout acte de légitime défense du bijoutier. Dans un billet, Maître Eolas, blogueur reconnu dans le monde judiciaire, est longuement revenu sur les faits présumés avant de mettre en garde contre la "loi du Far West".

Interrogé sur cette affaire et les débats qu'elle suscite sur TF1 dimanche soir, François Hollande a déclaré quant à lui que "c'est à la justice de faire justice et pas à quelque personne que ce soit d'autre".

EN VIDÉO - Des milliers de personnes sont devenues "fans" d'une page Facebook créée anonymement et intitulée "Soutien au bijoutier de Nice" depuis mercredi 11septembre.

"Vague de soutien sur les réseaux sociaux pour le bijoutier niçois qui a abattu son braqueur"