Motilium (dompéridone) : danger mortel signalé, efficacité remise en question... Et maintenant ?
En cas de reflux acides et de douleurs à l'estomac, il semble plus prudent de se tourner vers l'ésomézrazole ou l'oméprazole. En cas de nausée, il ne faut pas oublier les bons réflexes qui consistent à s'hydrater en buvant des petites doses régulièrement et à fractionner ses repas. Et au Motilium, comme à tous les anti-vomitifs intégrant la molécule de dompéridone, il vaut mieux préférer - avec parcimonie - le métoclopramide. Voici ce que la revue Que choisir écrivait déjà en février 2014. Car face à la dangerosité montrée du doigt du Motilium et des médicaments assimilés, pour l'heure, les réactions du monde médical et des autorités publiques tardent.
Une nouvelle étude dénonçant les effets indésirable de la dompéridone dans Pharmacoepidemiology and Drug Safety ces derniers jours éclabousse à nouveau le monde médical. Cette étude estime que près de 200 personnes sont mortes subitement à cause du médicament en 2012. La revue Prescrire, qui alertait déjà les autorités et les professionnels de la santé sur la dangerosité de la molécule l'an dernier, relaie depuis quelques jours ce constat alarmant, rappelant que "la dompéridone est encore en vente et remboursable en France". Pour la revue médicale française, il est urgent de réagir : "Sans attendre un 'déremboursement' par l'assurance maladie et surtout un retrait du marché européen, les patients ont intérêt à être informés des dangers de la dompéridone et des médicaments voisins".
La dompéridone, dangereuse et inefficace ?
Pour autant, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n'a pas attendu les travaux des scientifiques de ces derniers mois pour mettre en garde les pharmaciens sur les statistiques élevées de mort subite liée à l'utilisation du médicament. L'Agence européenne du médicament a aussi alerté sur "le petit risque accru d'effets cardiaques potentiellement mortels", recommandant il y a plusieurs mois aux médecins de ne pas prescrire cette molécule aux patients âgés de plus de 60 ans ou de limiter les doses à moins de 30 mg par jour. La revue Prescrire va bien plus loin, mettant en question l'efficacité réelle de la dompéridone : "le danger mortel de la dompéridone est injustifié par son efficacité, symptomatique et incertaine au-delà d'un effet placebo" écrit la revue, qui considère que les molécules proches sont aussi à éviter : "les médicaments tels que la métopimazine (Vogalène ou autre) et le métoclopramide (Primpéran ou autre) sont voisins de la dompéridone et sont dangereux aussi".
EN VIDEO - Plusieurs laboratoires sont désormais prêts à rembourser l'Assurance Maladie en cas d'inefficacité avérée d'un médicament :