Mort de Robert Faurisson : la Licra ironise sur le décès du négationniste

Mort de Robert Faurisson : la Licra ironise sur le décès du négationniste Le négationniste Robert Faurisson est décédé à l'âge de 89 ans. Parmi les nombreuses réaction à sa mort l'association antiraciste Licra va jusqu'à ironiser : "Robert Faurisson exigerait des preuves de sa propre mort".

[Mis à jour le 22 octobre 2018 à 23h28] Robert Faurisson est mort dimanche 21 octobre. Ce professeur de littérature s'est fait connaître pour ses thèses négationnistes et ses interventions fracassantes. Robert Faurisson déclarait considérer que la Shoah n'a jamais existé ou que les chambres à gaz n'étaient que fiction. La sœur de Robert Faurisson a annoncé sa mort : il s'est éteint à Vichy, dans l'Allier, des suites d'une crise cardiaque, à l'âge de 89 ans. La mort de Robert Faurisson intervient quelques jours seulement avant que le tribunal correctionnel de Cusset ne rende son jugement quant à des posts de blog de l'écrivain négationniste. Robert Faurisson était accusé de "contestation de crime contre l'humanité".Ces dernières années, Robert Faurisson s'était également illustré en montant sur scène lors d'un spectacle de Dieudonné

"Hitler n'a jamais ordonné ni admis que quiconque fût tué en raison de sa race et de sa religion", "L'inexistence des "chambres à gaz" est une bonne nouvelle pour la pauvre humanité", le journal Libération rappelle que Robert Faurisson aimait recourir à des phrases-choc pour répandre ses thèses négationnistes. Selon sa biographe, l'historienne Valérie Igounet, auteure de Robert Faurisson, portrait d'un négationniste, cela s'explique par une intense volonté de devenir célèbre, de faire parler de lui. Elle déclare dans les colonnes de 20 Minutes :"Robert Faurisson est un homme qui n'est pas historien et qui va réussir à avoir le soutien d'une ultra-gauche française, qui va donner une coloration différente par rapport au négationnisme classique. Il y a aussi sa thèse selon laquelle techniquement les chambres à gaz n'auraient pas pu gazer des juifs. Il crée un autre versant du négationnisme, un négationnisme technique."

Depuis l'annonce de sa mort, les réactions publiques sont unanimes pour condamner, à nouveau, les propos et les thèses négationnistes de ce professeur de littérature, qualifié de "faussaire de l'histoire" par Robert Badinter, en 2006. La Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra) a officiellement réagi sur Twitter en se permettant un trait d'humour et de sarcasme, avec le hashtag "Ni fleurs ni couronnes." "Robert Faurisson exigerait des preuves de sa propre mort", a posté l'association, en référence à son acharnement à présenter la Shoah comme un fait sans preuve.

Jean-Marie Le Pen réagi à la mort de Robert Faurisson

Mais il y a bien une exception à ces réactions qui dénoncent unanimement les idées de Robert Faurisson : celle de Jean-Marie Le Pen. A 90 ans, le cofondateur du Front national a réagi à la mort du négationniste en publiant un communiqué dans lequel apparaît une certaine empathie pour le personnage. "Je ne connaissais pas Robert Faurisson, mais les moyens considérables employés durant des décennies pour le réduire au silence me paraissent emblématiques du recul des libertés d'expression et d'opinion dans notre pays", écrit-il, dénonçant également "un virage anti-démocratique dont les divers pouvoirs usent et abusent contre l'esprit patriotique et les rébellions identitaires des peuples".

Les "thèses immondes de Faurisson vivent encore"

La fondation Shoah a aussi réagi à son décès. "Le négationniste Robert Faurisson est mort mais ses "thèses" immondes vivent encore. Le combat pour la vérité historique continue face aux faussaires de l'Histoire", écrit l'association. PHDN, organisation qui archive les documents sur le génocide des Juifs a publié sur son compte Twitter : "Il avait construit sa notoriété sur la négation de la réalité du génocide des Juifs, par des mensonges, des falsifications et l'ignorance totale du corpus documentaire sur l'extermination des Juifs. C'était un antisémite compulsif qui mentait et savait qu'il mentait comme PHDN l'a prouvé par de nombreux exemples concrets. Faurisson qui n'a jamais manqué de faire des procès à ses détracteurs, n'a jamais attaqué PHDN, dont il connaissait parfaitement l'existence".

Des propos et des écrits condamnés

En décembre 1980, sur l'antenne d'Europe 1, le négationniste aura ces mots : "Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l'État d'Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier". En 2005, sur la chaîne irannienne Sahar 1, il prononçait ces mots :  "Il n'y a jamais eu de politique d'extermination physique des juifs". Le 3 octobre 2006, il sera condamné à trois mois de prison avec sursis et 7 500 euros d'amende en vertu de la loi Gayssot.