Scandale Volkswagen : comment le logiciel espion truqueur fonctionne-t-il ?
[Mis à jour le 24 septembre à 16h40] Le scandale Volkswagen a explosé depuis près d’une semaine et chaque jour apporte son lot de révélations, de trouble-fêtes et de nouvelles secousses pour le géant allemand de l’automobile. L’agence américaine de protection de l’environnement (EPA), qui a participé à l’enquête réalisée aux Etats-Unis et a révélé le pot aux roses, a donné plus d’indications sur le fameux logiciel espion installé dans de nombreux modèles du groupe Volkswagen. Mardi, le groupe avait confirmé que 11 millions de véhicules étaient concernés dans le monde via leurs moteurs diesel quatre cylindres de type EA189. Inutile néanmois d’ouvrir votre capot moteur pour le dénicher. Aujourd’hui, les voitures sont bardées d’électronique et intègrent de puissants ordinateurs de bord. Celui-ci, installé derrière le tableau de bord, est difficile d’accès et de toute façon bien obscur à ausculter. C’est au sein de cet ordinateur de bord qu’a été installé le logiciel espion conçu par Volkswagen pour déjouer les contrôles. Selon l’EPA, il s’agit d’un "petit algorithme sophistiqué", discret, difficile à repérer, même pour des experts.
Pas de panique non plus si vous êtes au volant d’un modèle susceptible de l’abriter, le logiciel ne fonctionnera pas en circulation classique. Toujours selon l’EPA, il n’entrait en action que dans un cadre précis, bien connu des marques automobiles : le mode test. En dehors de ce mode destiné à mesurer les émissions de gaz polluants (le tout dans des conditions très particulières et dont le réalisme et l’exhaustivité ont déjà été remis en cause, notamment par Auto-Plus en 2012), le logiciel était en quelque sorte en sommeil, inopérant au sein du véhicule en circulation. Le mode test pouvait sans doute être repéré par le logiciel via différents paramètres correspondant au cadre réglementaire de ces tests (absence de changement de direction, capot ouvert, accélération lente et progressive…).
Volkswagen n’a pas donné d’indications sur le sujet mais on peut supposer que lors de ces tests, l’activation du logiciel permettait une action simple sur les émissions de gaz polluant, comme une sorte de bride qui permettait à Volkswagen de passer sans encombre les tests anti-pollution… avant d’émettre bien plus que la norme lors de sa mise en circulation, jusqu’à 40 fois plus en ce qui concerne le gaz nocif Nox. D'autres sources soutiennent que lors des tests, le logiciel donnait comme consigne d'injecter une quantité plus importante d'Ad-Blue, un additif versé dans le catalyseur du moteur diesel et qui a pour effet (par réaction chimique) de convertir le Nox en azote et vapeur d'eau, deux éléments non nocifs. Les émissions de Nox étaient ainsi très fortement réduites. Miracle ? Oui mais non ! Si la solution paraît parfaite pour réduire les émissions et respecter du coup les normes (sans triches s'il vous plait !), elle ne peut en fait pas être généralisée en circulation. Le réservoir d'additif serait alors trop vite à sec, impliquant des recharges régulières trop contraignantes pour le consommateur. De plus, l'emploi massif d'Ad-Blue réduit la puissance du moteur et augmente la consommation. Impensable donc à grande échelle sous peine de perdre une grande part de sa clientèle. Volkswagen a donc cherché une autre solution et trouvé la parade: la triche via la conception de ce logiciel espion. C'était avant que le pot aux roses ne soit finalement découvert et révélé ces derniers jours...