Arthur-Coriolan Wilmotte Rencontre avec un jeune photographe nature

Arthur-Coriolan Wilmotte est un photographe nature très précoce : à seulement 15 ans, il a déjà gagné un grand nombre de concours. Rencontre...

L'Internaute Magazine : Comment avez-vous découvert la photographie ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : C'est la Nature qui m'a amené à la photographie, il y a de cela un peu plus de 3 ans, pendant l'hiver 2007-2008. Je m'étais plongé dans les vieux numéros de La Hulotte -le journal le plus lu dans les terriers - et un article m'a encouragé à poser des mangeoires pour faciliter le passage de l'hiver aux petits passereaux du jardin. J'ai passé des heures à observer les oiseaux cet hiver, avant d'avoir l'idée de les photographier avec le bridge A2 Konica-Minolta de mon père. Le matériel n'était pas approprié et je n'y connaissais rien, mais j'avais attrapé le virus de la photographie de nature ! Je me suis progressivement dirigé vers les mammifères, qui continuent à me fasciner. Cette année, je me suis lancé dans la macrophotographie, ce qui m'ouvre encore de nouveaux horizons. Ces évolutions m'ont conduit à acheter du matériel approprié, je suis aujourd'hui équipé de deux boîtiers Nikon et de trois objectifs me permettant déjà pas mal de choses.

L'Internaute Magazine : D'où vous vient votre passion pour la nature ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Je n'habite pas dans une région exceptionnelle du point de vue des espaces naturels : dans le Tarn et Garonne, entre les coteaux et la plaine agricole... mais j'ai grandi dans une petite enclave de verdure, avec un bois à côté, fréquenté par des chevreuils, des sangliers, parfois des renards... Je suis tombé dedans étant petit, même si cela n'a pris l'ampleur d'une passion qu'il y a 4 ans environ, période à partir de laquelle j'ai commencé à rechercher la rencontre avec la vie sauvage du coin. La photographie s'est alors imposée pour immortaliser ces rencontres.

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Flares © Arthur-Coriolan Wilmotte

L'Internaute Magazine : Aimeriez-vous en faire votre métier ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : C'est bien sûr un rêve, mais cela risque de ne jamais se concrétiser, pour des raisons bassement matérielles et pratiques : aujourd'hui, vivre de la photographie de nature n'est pas évident, du fait de la facilité de se procurer gratuitement ou presque de nombreuses images de qualité sur Internet, où fleurissent les microstocks. De plus, je ne souhaite pas perdre la spontanéité d'une passion en faisant de la photographie mon métier ; en revanche j'aimerais beaucoup trouver un travail me permettant d'être sur le terrain et de conserver du temps pour la photographie de nature.

L'Internaute Magazine : Vous avez reçu plusieurs distinctions pour vos photos, notamment au festival de Montier-en-der et au concours organisé par Wild Wonders of Europe. Comment vous est venue l'idée de participer à ces concours ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Je ne sais pas vraiment comment c'est venu à vrai dire... En cherchant sur Internet, j'ai dû entendre parler de quelques concours de photographie de nature, j'ai donc tenté ma chance, sans trop m'en préoccuper. 

L'Internaute Magazine : Quelle a été votre réaction en voyant que vous aviez gagné –plusieurs fois ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : La première fois que j'ai été primé, en novembre 2009,  je n'arrivais pas trop à y croire... J'ai bien aimé ce challenge, et j'ai donc participé à d'autres concours, pas toujours avec succès, mais avec de belles surprises, notamment ma nomination au prestigieux Wildlife Photographer of the Year (organisé par la BBC et la Natural History Museum de Londres), qui m'a permis d'aller à Londres assister à la remise des prix.

L'Internaute Magazine : Est-ce que ça vous pousse à essayer de faire encore mieux ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : C'est toujours une satisfaction de voir ses images appréciées, cependant je ne considère pas la compétition comme une finalité, au contraire du plaisir que j'ai à témoigner de ce que j'observe.

L'Internaute Magazine : Quels sont vos projets photographiques pour l'année à venir ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : J'ai passé mon bac cette année avec un peu d'avance, avance que je vais commencer à perdre en 2011-2012 : année "sabbatique" en vue. Je vais en profiter pour m'immerger encore un peu plus dans la photo de nature. Au programme: brame du cerf, festival de photo de nature de Montier-en-Der, oiseaux au grand angle (avec un peu de chance), et éventuellement une petite expo si je trouve une source de financement !

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   © A-C Wilmotte

L'Internaute Magazine : Quel animal adoreriez-vous photographier ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Ils sont nombreux à me fasciner... Les mustélidés en général (blaireaux, hermines, belettes, martres etc...), les renards, les cerfs, les élans (rêve réalisé l'année dernière, mais j'aimerais beaucoup croiser à nouveau le regard de ce paisible géant), les ours, et le très discret desman des Pyrénées... Pour les oiseaux, le mythique élanion blanc, le rollier et le loriot qui me nargue depuis trois ans.

L'Internaute Magazine : Dans quel pays aimeriez-vous vous rendre pour faire des photos ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Avant de partir à l'autre bout du monde photographier le manchot empereur ou les lémuriens malgaches, j'aimerais apprendre à bien connaître la faune de nos régions, il y a encore beaucoup à découvrir. Ensuite, peut être irai-je faire un tour en Scandinavie, Norvège ou Suède, ça a l'air bien sympa par là-bas...

L'Internaute Magazine : Vous sentez-vous engagé dans une cause environnementale ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Je suppose qu'il est difficile de ne pas se sentir concerné par ce qui a tendance à se passer actuellement. Même si j'ai peu d'espoir que la photographie de nature ait réellement un rôle sensibilisateur, je pense qu'il n'est pas trop tard pour prendre conscience de notre dépendance vis à vis de la nature, on ne pourra sans doute pas s'en éloigner indéfiniment.

L'Internaute Magazine : A votre âge, il est rare de parvenir à faire d'aussi belles images... Quels conseils pourriez-vous donner aux photographes amateurs, quelque soit leur âge ?

Arthur-Coriolan Wilmotte : Euh... je me considère comme un débutant, et j'espère ne jamais cesser d'apprendre. Si je peux donner des conseils, c'est de privilégier l'émotion à la technique, d'oser le partage et d'accepter la critique, et surtout de ne jamais oublier de limiter notre impact lorsqu'on photographie des espèces sauvages, notamment à des périodes délicates : reproduction, mise bas, hiver... Avant de se lancer dans l'observation de la faune sauvage il convient donc de se renseigner. Internet regorge de documents intéressants et détaillés sur le comportement animal, et il existe aussi de nombreux livres. C'est la même chose pour progresser dans la pratique de la photographie. J'ai beaucoup appris sur le forum d'Image&Nature, où règne une bonne ambiance et où les membres ne sont jamais avares de bons conseils. Enfin : faites-vous plaisir, c'est le but !

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