Certaines insultes contre les personnes LGBT autorisées par Meta, comment est-ce possible ?

Certaines insultes contre les personnes LGBT autorisées par Meta, comment est-ce possible ? La politique de modération du groupe Meta a changé. Elle autorise clairement les insultes envers les personnes LGBT. Cette modification s'inscrit dans la continuité du changement de politique de Mark Zuckerberg pour s'attirer les faveurs de Donald Trump.

Un retour en arrière et un virage de plus en plus conservateur pour le groupe Meta. Après avoir supprimé les opérations de fact-checking aux États-Unis pour les réseaux du groupe, Facebook, Instagram et Thread, à quelques jours de l'investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche, Mark Zuckerberg continue son opération de séduction du milliardaire ultra-conservateur en modifiant les politiques de modération de ses réseaux.

Jusqu'à aujourd'hui, les réseaux sociaux du groupe étaient soumis à des changements de politiques de modération qui tentaient de répondre aux exigences du plus grand nombre de pays, afin d'y respecter les lois. Pour rappel, l'action des modérateurs a pour but de supprimer des contenus qui ne correspondent pas à la politique des réseaux. C'est par exemple ainsi que sont interdits les contenus à caractère sexuel sur les réseaux mainstream.

Dans la nouvelle politique publiée sur la page des normes communautaires de Meta, consultée par franceinfo, on peut lire que le groupe autorise "les allégations de maladie mentale ou d'anormalité lorsqu'elles sont fondées sur le genre ou l'orientation sexuelle, compte tenu du discours politique et religieux sur le transgendérisme et l'homosexualité et de l'utilisation courante et non sérieuse de mots tels que 'bizarre".

Il est donc totalement autorisé de publier des contenus haineux sur les personnes en fonction de leur identité sexuelle et de leur identité de genre. De plus, le terme "transgendérisme" n'est pas utilisé dans la communauté LGBTQIA+, ni même dans la médecine. Le terme "transidentité" est celui qui prévaut, "transgendérisme" correspondant à une vision négative des personnes concernées. Il ne sera donc pas rare de voir des personnes LGBTQIA+ qualifiées de "monstres", de personnes "bizarres", "malades mentales", "pécheurs", "contre-nature", "immorales", "anormales"…

Les mêmes règles en France ?

Cette nouvelle politique de modération est applicable partout dans le monde. Le groupe mentionne sur son site que ces "normes communautaires s'appliquent à tous, partout dans le monde et à tous les types de contenus". Or, la France et l'Europe ont une législation bien spécifique à ce sujet. Le règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) et l'article 225-1 du Code pénal "prohibent les comportements discriminatoires basés sur le genre, l'ethnicité et l'orientation sexuelle", et le DSA oblige les plateformes à modérer leurs contenus en ce sens, avec une interdiction de négligence ou de défaillance.

Afin de répondre à cette problématique légale tout en laissant la sphère conservatrice faire ouvertement preuve de discrimination au nom de la liberté d'expression, il est spécifié que les utilisateurs "résidant dans un pays de l'Union européenne" peuvent demander la suppression légale d'un contenu à la plateforme. Le rôle de modération est donc imputé aux utilisateurs, et non au réseau social.

Si vous rencontrez ce type de contenu sur Instagram, Facebook ou Thread, vous pouvez les signaler en cliquant sur les trois petits points en haut à droite du post, puis sur "signaler" en renseignant la raison de ce signalement : "Violence, haine ou exploitation", "fausses informations"…