VIDEO - La famille Al-Hilli : une famille modèle aux nombreux secrets
[Mis à jour le 7 septembre 2012 à 13h34] L'enquête en cours sur le meurtre de trois membres d'une même famille londonienne et d'un cycliste français à Chevaline, en Haute-Savoie, révèle progressivement ses secrets. Le frère de Saad al-Hilli, le père de famille assassiné avec son épouse et sa belle mère mercredi, s'est présenté à la police britannique pour se "disculper". Des problèmes d'argent entre les deux frères auraient été mis au jour par les enquêteurs français et britanniques. Le procureur d'Annecy Eric Maillaud confirme "un litige sur fond d'argent". Mais il prévient qu'il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Le frère de la victime s'est lui-même présenté aux policiers et "il faudra qu'il soit entendu très longuement".
Depuis que l'identité des victimes se précise, le mystère plane sur la famille al-Hilli. D'origine irakienne, le couple al-Hilli était installé depuis plusieurs années à Londres, dans le quartier chic de Claygate. Les premiers reportages effectués sur place font état d'une famille "modèle". Avec leurs deux filles de 4 et 8 ans, Zehab et Zaïna, rescapées de la fusillade en Haute-Savoie, la famille était bien intégrée, ouverte et appréciée dans le quartier. Les deux fillettes n'avaient aucun problème connu à l'école. Leur père était réputé comme un chef de famille profondément aimant et généreux. "Le premier à venir sonner à votre porte quand votre voiture était en panne", expliquent des voisins au quotidien The Telegraph. Le frère de Saad al-Hilli vivait quant à lui à quelques kilomètres et son épouse, Iqbal al-Hilli, avait des cousins installés dans le sud de Londres.
Saad al-Hilli était ingénieur informatique. Né à Bagdad il y a une cinquantaine d'années, il avait suivi son père qui avait fui le régime de Sadam Hussein en Angleterre, dans les années 1970. Iqbal al-Hilli était dentiste et avait suivi le même parcours que son mari vers l'Europe. Sa mère avait quant à elle fui en Suède, ce qui explique qu'on ait retrouvé un passeport suédois près du corps de la grand-mère de 77 ans. Le couple s'était rencontré lors de vacances aux Emirats arabe unis et avait décidé de s'installer à Londres dans les années 2000. La réussite professionnelle du couple ne faisait aucun doute. Reste que selon les informations diffusées par la presse anglaise, Saad al-Hilli était surveillé par les services secrets britanniques pour les actvités de sa société informatique. Simple précaution prise lors du début de la guerre en Irak en 2003 ? Il aurait en tout cas travaillé dans la 3D, l'aéronautique et les satellites selon des proches interrogés par la presse. Sans ne rien cacher de son activité, il ne donnait que très rarement des détails sur son travail.
La famille al-Hilli cachait un autre secret. Elle avait vécu un traumatisme lors du décès de la mère puis du père de Saad l'an dernier. Un événement qui aurait perturbé l'équilibre du foyer. Le litige financier entre les frères al-Hili est-il lié à l'héritage ? Aucune piste n'est pour l'instant écartée, mais le crime prémédité semble se préciser. Saad al-Hilli aurait plusieurs fois fait part de craintes pour sa sécurité auprès de son voisinage selon le Daily Mirror. Il était dans le même temps inquiet pour sa famille restée en Irak et avait demandé à des voisins de garder un oeil sur sa maison en son absence. De quoi raisonnablement mettre de côté l'hypothèse d'un braquage ou d'un "carjacking" improvisé qui aurait mal tourné pour le moment. Officiellement, Saad al-Hilli n'était pas venu en France pour se cacher. Ces vacances familiales dans le camping Le Solitaire du lac étaient liées à des problèmes de dos du père de famille.
Preuve que les craintes de Saad al-Hilli étaient fondées : la tuerie de Chevaline serait l'oeuvre d'un ou de plusieurs professionnels, l'enquête ayant révélé que les victimes ont été abattues de plusieurs balles chacune, dont une dans la tête. La fusillade n'aurait duré qu'une trentaine de secondes, ce qui peut prouver le sang froid et l'extrême efficacité des tireurs. Zehab, la fillette de 4 ans retrouvée huit heures après la découverte du crime, cachée sous les jambes de sa mère sans vie, a commencé elle aussi à décrire ce qui s'est passé sur ce parking de Chevaline. Ses premiers mots ont été : "Il y avait du bruit et j'avais peur". (Image - Capture du site du Telegraph revenant sur l'affaire)
EN VIDEO : Qui était la famille al-Hilli ? Jack Saltman, voisin des al-Hilli à Claygate, au sud de Londres : " C'était le voisin idéal, c'était un homme vraiment bien. [...] Ils étaient déjà partis en France plus tôt dans l'année, cet été, en vacances avec les filles, et elles me racontaient qu'elles rigolaient car leur maman se débrouillait pas très bien à vélo, elle n'arrêtait pas de tomber. Elles nagaient beaucoup en France. Saad est venu le jour avant de partir, il m'a dit qu'il allait en France, il est venu chez moi me dire qu'il partirait tôt le lendemain matin, et il m'a demandé si je pouvais garder un oeil sur sa maison."