Crash du vol Rio-Paris : quelles sont les causes du drame ?

Crash du vol Rio-Paris : quelles sont les causes du drame ? AF447. Ce lundi 10 octobre 2022 s'ouvre le procès d'Air France et Airbus, 13 ans après le crash du vol Rio-Paris, ayant entraîné la mort de 228 personnes. Comment un tel drame a-t-il pu avoir lieu ?

[Mise à jour le 10 octobre à 12h22] C'est une journée attendue depuis 13 ans par les familles des victimes. Ce lundi 10 octobre 2022 s'ouvre le procès du crash du vol Air France 447 reliant Rio à Paris, survenu le 1er juin 2009. Un drame sans commune mesure pour la compagnie aérienne française, le pire de son histoire : 228 personnes sont mortes au large du Brésil, un peu plus de trois heures après le décollage de l'avion, un Airbus A330. Qu'a-t-il bien pu se passer pour que ce vol régulier termine dans l'océan Atlantique ? Certaines pistes ont rapidement été creusées par les enquêteurs, mais, pendant deux ans, ces derniers n'avaient pas les boîtes noires de l'appareil, ces systèmes enregistrant toutes les données du vol.

Leur découverte au printemps 2011, puis leur exploitation, ont permis d'y voir un peu plus clair sur le déroulé de ce crash. Une défaillance technique, dont Air France aurait eu connaissance, serait à l'origine du drame. Alors qu'un non-lieu avait initialement été prononcé par des juges d'instruction en 2019, appel a été interjeté par le parquet et les familles des victimes, entraînant la tenue d'un procès devant le tribunal correctionnel de Paris pour "homicides involontaires". La compagnie Air France et le constructeur Airbus seront-ils reconnus coupables ?

Le gel de sondes comme cause d'origine ?

Comment un avion volant depuis quatre ans, ayant cumulé 18 870 heures de vol a-t-il bien pu s'abimer en mer, a fortiori dirigé par un pilote-commandant ayant déjà passé 1700 heures dans le cockpit de ce type de modèle ? La principale piste est évoquée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) le 5 juillet 2012. Dans son rapport, l'organisme estime que le point de d'part de l'accident résulte de "l'obstruction des sondes Pitot par des cristaux de glace." Ces capteurs, installés à l'avant de l'avion, permettent notamment de mesurer la vitesse de l'appareil. Cependant, leur gel a entraîné une panne dans l'affichage des données ainsi qu'une déconnexion du pilote automatique. C'est alors que les pilotes n'auraient pas eu les bonnes réactions.

Alors que l'avion perd de l'altitude -a priori à plat et non à pic-, le trio à l'intérieur du cockpit ne parvient pas à faire remonter l'appareil à cause d'un "échec des tentatives de compréhension de la situation" selon le BEA, qui pointe également une "déstructuration de la coopération de l'équipage." Et affirme : "l'équipage n'a jamais compris qu'il décrochait et en conséquence jamais appliqué de manœuvre de récupération." Pour autant, le BEA ne blâme pas les pilotes, pas plus que l'association des familles des victimes. "Nous considérons que les pilotes sont des victimes au même titre que le reste de l'équipage et que les passagers. Ils n'auraient jamais dû se retrouver dans une telle situation, avec un matériel qui ne leur a pas signalé d'où venait le problème", a expliqué Danièle Lamy, présidente de l'association AF447, entraide et solidarité, à BFM TV.

Pourquoi un procès contre Air France et Airbus est-il ordonné ?

C'est donc un procès pour "homicides involontaires" qui s'ouvre ce lundi 10 octobre 2022. Mais quelle est la part de responsabilité d'Air France, la compagnie, et d'Airbus, le constructeur, dans ce drame ? Selon la justice, Air France s'est "abstenu de mettre en œuvre une formation adaptée" pour les pilotes face à ce cas de figure, indique Franceinfo, ce qui aurait "empêché les pilotes de réagir comme il le fallait." Pour sa part, Airbus est visé pour la partie technique. Alors que des incidents sur ces sondages Pitot avaient déjà été remontés, l'avionneur n'aurait pas pris "toutes les dispositions nécessaires pour informer d'urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement."

Comment le crash a-t-il eu lieu ? Le déroulé des faits

Le crash du vol AF447 s'est déroulé rapidement, en à peine plus de 4 minutes. A l'intérieur de l'avion, seuls les membres du cockpit ont été en alerte. Les passagers, eux, ne se sont rendus compte de rien, l'avion n'ayant pas chuté à pic. La panique a en revanche gagné le poste de commandement. Mais les pilotes ont été impuissants.

  • 22h29 : l'avion décolle de l'aéroport international Antonio Carlos Jobim de Rio de Janeiro, à destination de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Paris.
  • 2h01 : le commandant de bord, part se reposer.
  • 2h10 : les indications de vitesse sont faussées et le pilotage automatique se désengage. L'avion commence sa chute. Les deux copilotes alors en poste tentent une manœuvre.
  • 2h11 : le commandant de bord rejoint le cockpit.
  • Entre 2h11 et 2h14 : le commandant de bord et les deux copilotes tentent également des manœuvres pour essayer de redresser l'appareil, tandis que diverses alarmes sonnent dans le cockpit.
  • 2h14 : l'avion entre en collision avec l'océan Atlantique

L'exploitation des enregistrements des échanges entre les pilotes a permis de mettre au jour une incompréhension de la situation par le trio, leurs réactions n'ayant pas été adaptées à l'incident qui était en cours.