Mort de Justine Vayrac : plusieurs zones d'ombre planent sur l'affaire

Mort de Justine Vayrac : plusieurs zones d'ombre planent sur l'affaire JUSTINE VAYRAC. Les obsèques de la jeune maman ont eu lieu en toute intimité ce vendredi 4 novembre à Tauriac, dans le Lot. Le suspect a avoué le meurtre de Justine mais certains zones d'ombre planent toujours sur l'affaire.

[Mis à jour le 4 novembre 2022 à 15h10] Les obsèques de Justine Vayrac ont eu lieu ce vendredi 4 novembre à 10h à Tauriac dans le Lot. Seule la famille et les proches de Justine ont pu assister aux funérailles de la jeune maman ; un dispositif de plusieurs gendarmes a été mis en place pour empêcher curieux et journalistes d'y assister, a rapporté France Bleu. Environ 300 personnes étaient présentes au moment de la cérémonie ; nombreuses personnes se sont recueillies devant l'Eglise de Tauriac a indiqué l'AFP.

Une marche blanche à la mémoire de la jeune maman aura lieu le dimanche 6 novembre à 14 heures à Saint-Céré dans le Lot, près de la commune de Tauriac. Cette marche, comme l'a rapporté Franceinfo, a été organisée par les amis de Justine et a été acceptée par les parents de la défunte qui ne seront pas présents selon les échos de BFMTV

Les funérailles se sont déroulées ce vendredi 4 novembre, près d'une semaine après la découverte du corps de la jeune femme de 20 ans, à cette date l'enquête n'a pas fait la lumière sur tous les points de l'affaire. Les premiers éléments de l'investigation et l'autopsie ont révélé que Justine Vayrac est décédée étranglée, après avoir été frappée à plusieurs reprises, contrairement à ce qui laissaient entendre les aveux du suspect mis en examen. Le mobile de l'homme qui a reconnu le meurtre de la jeune femme est aussi une des zones d'ombre de l'affaire. 

Disparue dimanche 23 octobre à la sortie d'une boîte de nuit de Brive (Corrèze), Justine Vayrac n'avait plus donné signe de vie depuis qu'elle avait été vue pour la dernière fois avec un jeune homme sur le parking de la discothèque. Sa dépouille avait été retrouvée jeudi 27 octobre, dans un bois situé sur la commune de Beynat, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Brive, près du domicile du suspect, au lendemain de la découverte, dans la même zone, de son sac, brûlé. Resté muet les deux premiers jours de sa garde à vue, le mis en cause avait fini par craquer et avouer le meurtre de la maman d'un petit enfant de deux ans et demi. 

De quoi est décédée Justine Vayrac ? 

Le rapport d'autopsie était particulièrement attendu dans ce dossier. Ses conclusions ont ainsi permis d'établir que Justine Vayrac avait été frappée, puis que la mort avait été donnée par étranglement. Si le deuxième élément n'avait, jusqu'ici, pas été évoqué, les premiers états de faits constatés par l'autopsie sont venus corroborer les dires du procureur de la République de Limoges, chargé du dossier, qui avait évoqué "une pluralité de coups à la face, dont au moins un avec une arme contondante", c'est-à-dire un objet qui peut sérieusement blesser mais pas couper.

Ces éléments contredisent donc la version donnée par Lucas L. qui a indiqué aux enquêteurs avoir frappé la jeune femme à une seule reprise d'un coup de poing ayant causé la mort. Les premiers éléments de l'enquête restent flou sur le mobile de Lucas L. qui a d'abord indiqué à la police avoir violé la jeune femme avant de se rétracter et précisé avoir eu un rapport sexuel consenti. 

Que sait-on de la mort de Justine Vayrac ?

Une disparition à la sortie d'une boîte de nuit

Justine Vayrac avait été vue pour la dernière fois le dimanche 23 octobre 2022, sortant de la boîte de nuit La Charrette, à Brive (Corrèze) "en compagnie d'un jeune homme, non loin de l'établissement de nuit, alors qu'elle sortait pour s'aérer quelque temps", indiquait un communiqué du parquet de Brive, diffusé ce mardi 25 octobre et relayé par La Montagne. C'est à ce moment là, vers 4 heures du matin, qu'elle aurait croisé un homme -"une connaissance"- sur le parking de la discothèque, après être sortie de l'établissement avec un ami.

Selon le récit de l'un de ses amis, publié par La Montagne, Justine Vayrac aurait, après avoir bu quelques verres d'alcool en boîte, demandé à aller dormir dans sa voiture, garée sur le parking. Accompagnée par un ami (prénommé Théo) à l'extérieur de l'établissement de nuit, elle aurait alors rencontré un homme, déjà croisé à plusieurs reprises. Lequel avait alors pris en charge la jeune fille. "J'ai pris le numéro de cet homme, avant de lui confier Justine. Il m'a dit d'aller profiter de la soirée, qu'il allait la surveiller. Je lui ai dit de me tenir au courant", avait expliqué l'ami de Justine.

Mais, un peu plus tard dans la soirée, Théo ressort de la boîte de nuit mais ne voit plus Justine. "J'ai appelé le garçon qui était avec elle, il m'a dit qu'il était parti, car Justine se sentait mieux. Puis, quelques heures plus tard, il m'a dit qu'elle lui avait envoyé un message sur Snapchat disant qu'elle était avec un autre ami. C'est très bizarre qu'elle ne réponde qu'à lui et pas aux autres", avait détaillé Théo. Dans la nuit, la jeune femme avait échangé par écrit avec sa mère, ainsi qu'avec son petit-ami. Sa voiture était restée sur le parking de la discothèque. Mais le véhicule avait été retrouvé déverrouillé du côté passager, avec les fenêtres ouvertes et ses papiers d'identité à l'intérieur.

Une relation sexuelle et des soupçons de drogue

Justine Vayrac est en réalité emmenée à Beynat, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Brive, par l'homme qu'elle a retrouvé sur le parking. La soirée se termine au domicile de cet individu. Y est-elle allée de son plein gré ou a-t-elle été forcée ? Et que s'est-il réellement passé ? L'homme mis en cause n'a pas toujours tenu la même version durant sa garde à vue. Dans un premier temps, il a dit avoir violé la jeune femme "sous la contrainte d'un autre homme", puis s'est rétracté et a évoqué un rapport sexuel consenti avec la jeune femme, avant de lui porter un coup de poing ayant entrainé la mort (ce que contredit l'autopsie, comme indiqué plus haut). Cependant, le chef de "viol" a été retenu contre le suspect par le procureur de la République. A ce stade, l'autopsie n'a pas révélé un tel acte. 

De son côté, Le Parisien a rapporté le récit de Théo, un ami de Justine Vayrac, qui s'est souvenu d'un échange intriguant avec elle : "pendant qu'on dansait, Justine m'a dit que sa coupe de champagne avait un goût bizarre. J'ai fini son verre et lui ai tendu le mien pour la rassurer." L'un de leurs amis se rappelle quant à lui que c'est Lucas L. qui a offert ledit verre à Justine. Et de poursuivre : "pendant qu'elle vomissait, elle répétait : Je suis sûre qu'on m'a mis un truc dans mon verre. Lucas disait de ne pas s'inquiéter, qu'elle avait tout évacué de toute façon."

Un corps enterré dans un bois

Si le déroulé exact du drame n'est pas encore connu avec certitudes, le suspect a, après avoir donné la mort à Justine, enterré son corps dans un bois, non loin de son domicile. Il aurait tout d'abord emmené la dépouille de la jeune femme avant de revenir "chercher un engin agricole afin de creuser la terre pour y enfouir le corps" selon les éléments fournis par le procureur de la République de Limoges. Elle a été retrouvée "partiellement dénudée."

Qui était Justine Vayrac ?

Justine Vayrac était une jeune femme âgée de 20 ans, retrouvée morte jeudi 27 octobre 2022 à Beynat (Corrèze), au sud-est de Brive. Elle était portée disparue depuis le dimanche 23 octobre, après être sortie en boîte de nuit avec des amis. Sa dernière trace remontait à 4 heures du matin ce jour-là. Depuis, cette mère d'un enfant de deux ans et demi n'avait plus donné signe de vie. Un signalement pour "disparition inquiétante" avait été lancé par la police nationale. Après quatre jours de recherches, son corps sans vie avait été découvert, ce jeudi-là, à la mi-journée.

Qui est Lucas L., principal suspect ?

Dès le mardi 25 octobre, deux jours après la disparition, un homme a été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Justine Vayrac "afin de vérifier les éléments de chronologie et de recouper les différents éléments recueillis à ce stade de l'enquête" avait indiqué la procureure de la République de Brive, Émilie Abrantes. Il était en effet la dernière personne à avoir été en compagnie de la jeune femme avant sa disparition. "Cet homme serait une connaissance amicale, rencontrée quelques fois en boite de nuit", précisait le parquet, relayé par La Montagne.

Identifié sous le nom de Lucas L., il serait connu de tous dans la commune de Beynat en Corrèze. Il est décrit comme fils d'agriculteur très intégré dans la vie sportive de sa ville, mais au comportement volatile, selon les témoignages recueillis par plusieurs médias. Par ailleurs, il était déjà connu de la justice, mis en cause dans l'incendie d'un hangar agricole.

Après avoir avoué le meurtre, Lucas L. a été mis en examen pour "viol, séquestration sans libération volontaire avant le septième jour, et meurtre, précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" et placé en détention provisoire. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Selon les informations communiquées par Franceinfo, le jeune homme "au sang froid étonnant" aurait également préparé un alibi d'après les dires d'un connaisseur du dossier. En effet, l'ouvrier agricole aurait envoyé un message via Instagram à Justine quelques heures après son meurtre pour lui dire que lui et les amis de Justine s'inquiétaient pour elle. Lucas L. aurait également menti aux amis de Justine en leurs communiquant que la jeune femme serait partie avec un autre homme après lui. Lors de son interrogatoire il a oscillé entre "extrême froideur" et "moments d'accablement".