Policière tuée en Savoie : son ex-mari placé en détention provisoire... Un féminicide prémédité ?

Policière tuée en Savoie : son ex-mari placé en détention provisoire... Un féminicide prémédité ?

SAVOIE. L'ex-mari suspecté du meurtre d'une policière, le 31 août, a été mis en examen pour "assassinat" et placé en détention provisoire, a déclaré le procureur de Chambéry, ce dimanche 3 septembre.

[Mis à jour le 3 septembre 2023 à 17h17] Le suspect du meurtre d'une fonctionnaire de police, jeudi 31 août dans la commune de La-Croix-de-la-Rochette en Savoie, a été mis en examen pour "assassinat" et écroué, a annoncé le procureur de Chambéry dimanche 3 septembre. L'homme, ex-compagnon de la victime, avait été interpellé après son assassinat en pleine rue alors qu'elle était hors service. Dans un communiqué, le procureur informe que le suspect "a été mis en examen du chef d'assassinat et placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention conformément aux réquisitions du parquet". Avant d'expliquer que l'homme de 61 ans avait avoué "son implication dans la mort de la victime mais conteste toute intention homicide". Il aurait attaqué la victime en lui portant "plus d'une dizaine de violents coups au moyen d'une arme qui, d'après les constatations opérées sur place ultérieurement par le médecin légiste, pourrait être une arme de type machette", précise le procureur.

Le suspect est le père de deux enfants issu du couple qu'il formait avec la victime jusqu'à leur rupture en 2021. Plusieurs sources décrivaient à France Bleu une relation "tumultueuse" entre les deux amants. L'ex-compagnon de la policière avait déjà été condamné lors de leur séparation par le tribunal correctionnel de Nice pour "non-respect d'une ordonnance de protection rendue au profit de la victime par le juge aux affaires familiales", indique le parquet. La victime avait porté plainte deux fois contre cet homme pour violences et harcèlement. Les deux plaintes avaient été classées sans suite.

Le parquet de Chambéry semble pencher vers la thèse d'un meurtre prémédité, ce qui a entraîné l'ouverture d'une enquête pour "assassinat par conjoint". Les enquêteurs examinent de près les éléments liés à la préparation présumée, ou à l'absence de celle-ci, de la fuite du suspect depuis Nice jusqu'au village de Savoie où résidait la victime. Ces éléments intrigants entourant les circonstances du crime soulignent l'importance cruciale de l'interrogatoire du suspect.

Qui est l'ex-mari de la policière placé en garde à vue ?

Le suspect interpellé pour le meurtre de la policière en Savoie a été identifié comme l'ancien compagnon de la victime. Il s'agit d'un homme de 61 ans et aide-soignant de profession. L'individu a donc été marié à la victime avant que leur divorce soit prononcé en 2021. Le couple a eu deux filles aujourd'hui âgé de 14 et 16 ans.

L'homme vit à Nice comme à l'époque où il était marié à la victime. Des témoins interrogés par BFMTV l'ont décrit comme "peu loquace" et souffrant de déprime depuis son divorce. Sa séparation avec la policière aurait été difficile à supporter et le serait encore aujourd'hui suggèrent ces mêmes témoins.

De leur côté, les enquêteurs ont évoqué un "homme dangereux et potentiellement armé" durant la fuite du suspect. L'homme présente un profil de chasseur et dispose des autorisations pour utiliser et détenir diverses armes, mais aucune n'aurait servi à tuer la policière, les marques laissées par les coups sur la victime semblant être dues à un objet de type machette. Le suspect aurait également une expérience de survivaliste (mouvement qui estime que la fin du monde est proche et se prépare pour y survivre, ndlr). Un stage de survivalisme effectué dans le passé aurait pu aider le suspect à passer la nuit dans la forêt pour se dissimuler. A noter que durant les deux jours précédant le meurtre de la policière, le suspect aurait été dormi dans sa voiture sur le parking d'un camping près du lac Saint Clair, selon les informations du Dauphiné libéré.

Plaintes, condamnation... Le suspect connu des services de police

La policière décédée avait déposé plusieurs plaintes contre son ex-mari : une pour "violence ayant entrainé une ITT de moins de 8 jours" et une autre pour "harcèlement par conjoint ou ex-conjoint", toutes deux classées sans suite en 2017. Les faits avaient été jugés insuffisamment caractérisés. Une dernière plainte avait été déposée par le policière contre le suspect pour non-paiement de pension alimentaire. En plus des faits de violences et de harcèlement, le Figaro ajoute que l'homme serait aussi connu des services de police pour des faits en lien avec du revenge porn (vengeance pornographique, ndlr).

Comment est morte la policière ?

La policière, âgée de 42 ans et mère de quatre enfants, a été tuée sur la voie publique aux alentours de 9h30 le jeudi 31 août 2023, dans un quartier résidentiel de La Croix-de-la-Rochette, au sud-est de Chambéry, rapporte France Bleu Pays de Savoie. Selon le communiqué du procureur de Chambéry, dont BFM se fait l'écho, la victime "rentrait à son domicile à pied, accompagnée de son fils de trois ans" après avoir déposé son enfant le plus jeune à la crèche "lorsqu'elle a été agressée par un homme". L'individu "lui a [alors] porté plus d'une dizaine de violents coups au moyen d'une arme qui, d'après les constatations opérées sur place et ultérieurement par le médecin légiste, pourrait être une arme de type machette". Le parquet estime "probable" que le meurtre ait été commis avec préméditation.

Qui est la policière tuée en Savoie ?

La victime était fonctionnaire de police en Savoie depuis un an, selon les précisions de France Bleu. Elle était brigadier chef affectée au commissariat de Chambéry, mais n'était pas en service lorsqu'elle s'est faite agresser. La policière aurait été victime d'une attaque, possiblement préméditée, de la part de son ancien compagnon.

Avant d'être mutée en Savoie au cours de l'année 2021, la victime travaillait à Nice. Dans les Alpes-Maritimes elle partageait la vie du suspect avec qui elle a eu deux enfants. Le couple avait divorcé en 2021, mais des plaintes avaient été déposées dans les dernières années de vie commune. Depuis, la policière avait "refait sa vie" à La Croix-de-la-Rochette avec un nouveau compagnon, lui aussi fonctionnaire de police, "au sein d'une famille recomposée". Deux enfants sont nés de cette nouvelle union.

La piste d'un féminicide, une enquête pour "assassinat" ouverte

Si la victime est une policière, "il ne nous apparaît pas" qu'elle ait été tuée en raison de sa fonction a fait savoir le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement à Mâcon. Et Gérald Darmanin d'ajouter : "Nous avons conclu qu'il s'agissait manifestement d'un féminicide". Très vite après le drame, les gendarmes avaient été mis sur cette piste par les témoignages des personnes présentes sur le lieu de l'agression.

Une enquête de flagrance a été ouverte pour "assassinat par conjoint" et confiée à la gendarmerie, des dizaines de gendarmes sont d'ailleurs sur place pour tenter de retrouver le suspect et quatre hélicoptères étaient mobilisés jeudi après-midi. Rapidement après le drame, le village savoyard de moins de 400 habitants a été bouclé. Les gendarmes viennent de différentes unités : le peloton de surveillance et d'intervention (PSIG) équipé d'un hélicoptère, la section de recherches (SR) et la brigade de recherches (BR) de Chambéry. Les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie (TIC) ont également été déployés. Le procureur de Chambéry s'est également rendu sur place dans la matinée.