Procès de Rédoine Faïd : pourquoi la diffusion par erreur du visage d'un accusé est problématique

Procès de Rédoine Faïd : pourquoi la diffusion par erreur du visage d'un accusé est problématique Le procès sur l'évasion de Rédoine Faïd est suspendu jusqu'au 9 octobre après la diffusion par erreur du visage d'un accusé dont l'identité a été changée et doit rester anonyme. Une erreur "inadmissible" selon l'avocate de l'individu.

Le procès de Rédoine Faïd, l'homme qui s'est évadé de la prison de Fleury-Mérogis, a été suspendu le vendredi 6 octobre et jusqu'au lundi 9 octobre, date à laquelle il était censé se terminer. Un report inattendu causé par une erreur de taille : le visage d'un accusé dont l'anonymat est scrupuleusement respecté depuis le début des audiences a été dévoilé au grand public dans la soirée du 5 octobre. Une erreur lourde de conséquences résultant d'un bug technique. Une enquête pénale a été ouverte.

L'accusé a changé d'identité pour sa sécurité

L'accusé en question est l'homme qui a reconnu avoir joué le rôle d'intermédiaire entre la famille de Rédoine Faïd et Jacques Mariani, un autre accusé et une figure du grand banditisme corse, pour mettre en place le projet d'évasion finalement avorté du prisonnier Faïd. Il est aussi celui qui a "balancé" Jacques Mariani aux enquêteurs. L'homme de 48 ans, repenti, et sa famille ont depuis changé d'identité pour leur sécurité, c'est ce qui explique le respect de son anonymat à chaque audience. A noter que les co-accusés de l'homme connaissent et voient son visage, les mesures d'anonymisation ne valent que pour le grand public.

De nombreuses mesures de précaution ont été prises depuis le début du procès pour respecter l'anonymat de l'accusé. L'homme arrive avant l'ouverture de la salle au public à chaque audience et est le dernier à sortir des lieux, et ce, y compris lors des suspensions d'audience. Pendant le procès, il se présente en comparution libre derrière un paravent. Lorsqu'il s'est exprimé à la barre, le paravent a été également déplacé pour protéger son anonymat.

La diffusion du visage de l'accusé, une erreur "inadmissible"

Malgré les précautions efficaces depuis le début du procès, un bug technique a réduit à néant ces efforts le jeudi 5 octobre. Le visage de l'accusé est apparu devant la caméra et donc sur les écrans qui permettent aux personnes présentes dans la salle d'audience de suivre les débats et il est resté à l'écran plusieurs minutes. Un bug technique serait à l'origine de cette grave erreur. Les gendarmes et l'avocate de l'accusée en question ont tenté de dissimuler le visage du quarantenaire grâce au paravent, un bout de tissu ou leur propre corps. Mais le temps de cacher l'individu, une capture de l'écran montrant son visage a été diffusée sur les réseaux sociaux. "Ce qui s'est passé est inadmissible" s'est plainte l'avocate de l'accusé anonyme, Me Clarisse Serre, qui a demandé la suspension de l'audience. Une requête accordée jusqu'à 9 octobre.

Cette erreur risque de mettre l'homme et sa famille en danger si ce dernier est reconnu dans sa vie quotidienne malgré son nom d'emprunt. L'homme est celui qui a dénoncé le grand bandit Jacques Mariani aux enquêteurs et pourrait faire l'objet de représailles. A la diffusion de son visage, des proches du Corse présents dans la salle d'audience ont vivement réagi. Après les "réactions édifiantes" entendues dans la salle à la vue de son visage, l'accusé a dit à son avocate ne pas être "en état de prendre la parole". La famille de l'accusé s'est dite "particulièrement inquiète".

Si l'erreur dans la diffusion peut résulter d'un problème technique, le partage d'une photo du visage de l'accusé prise durant l'audience interroge sur la sécurité dans la salle d'audience. En théorie, tous les téléphones des personnes présentes dans le public sont vérifiés à l'entrée et à la sortie de la salle d'audience. Cela aurait dû empêcher la circulation de la photo.