Violences sexuelles dans l'armée française : une "mission d'inspection" lancée après des témoignages accablants

Violences sexuelles dans l'armée française : une "mission d'inspection" lancée après des témoignages accablants Des témoignages ont été dévoilés ces dernières semaines relatant de faits d'agressions sexuelles au sein des armées. Le gouvernement a décidé d'agir en lançant une mission d'inspection.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé ce vendredi 12 avril dans une tribune commune avec la secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Patricia Miralles, publiée dans Le Mondele lancement d'une mission d'inspection sur les violences sexuelles dans les armées. "Nous avons mandaté l'inspection générale des armées pour qu'elle diligente une mission sur l'ensemble des mesures de prévention, de protection des victimes et de sanction des agresseurs", a-t-il dévoilé dans la tribune. La mission rendra son rapport fin mai afin de réussir à améliorer la prise en charge des victimes et à analyser le traitement disciplinaire et les sanctions contre les agresseurs.

Le ministre envisage qu'à chaque "suspicion de viol ou d'agression sexuelle présentant un caractère suffisant de vraisemblance, la personne mise en cause soit systématiquement suspendue de ses fonctions". Il appelle aussi les victimes à sortir du silence : "un militaire s'engage dans les armées de la France pour protéger, jamais pour agresser. Alors, oui, être agressé ou harcelé sexuellement, même lorsque l'on est militaire, fait de vous une victime; la victime d'un acte fratricide que vous avez le devoir de dénoncer".

De nombreux signalements et des témoignages choquants

Selon BFMTV, en 2023, 226 signalements pour violences sexuelles ou sexistes dans l'armée ont fait l'objet de l'ouverture d'un dossier. Il s'agit des chiffres du dernier rapport de la cellule Thémis, créée en 2014 et concentrée sur ce type d'accusations. De plus, une série de témoignages accablants a été dévoilée ces dernières semaines, allant jusqu'à lancer un véritable mouvement Metoo dans l'armée.

C'est une affaire d'agression sexuelle dans la marine, portée par le témoignage d'une jeune recrue nommée Manon Dubois, qui a amorcé le mouvement. En 2019, alors qu'elle était affectée à la cuisine à bord d'un bateau dans le port de Brest, un militaire éléctrotechnicien aurait multiplié les gestes déplacés jusqu'à l'agresser sexuellement comme elle l'avait confié à France Bleu. Manon Dubois aurait été victime au total d'une soixantaine d'agressions. En 2021, la jeune femme a déposé plainte mais son agresseur n'a écopé que de 10 jours d'arrêt et d'une amende de 600 euros envers la victime. Pour sa part, elle s'est vu conseiller de s'éloigner de l'institution, elle a ainsi mis fin à sa carrière. 

De plus, début avril, huit femmes et un homme ont brisé le silence dans Paris Match. L'une d'entre elles aurait vécu un calvaire dès les premiers jours de sa formation, commencée en mai 2022. Ninon Mathey raconte que son supérieur direct a commencé par la complimenter avant de dériver vers des remarques déplacées. Au cours d'un stage commando, il l'a convoquée seule et l'a menacée : " Je vais t'emmener dans la forêt, faudra bien que t'assumes ce regard-là". Après ces premières menaces, la jeune femme assure avoir été victime "d'agressions sexuelles". Son agresseur n'a écopé que de quelques jours de travaux d'intérêt général selon elle alors que de son côté, elle ne s'en est jamais remise. Elle a également affirmé que parler à sa hiérarchie était impossible car "à partir du moment où on parle, on devient un problème". Elle assure même avoir été, elle aussi, poussée vers la sortie.