Un député LFI accro à la 3-MMC : quelle est cette drogue présentée comme la "nouvelle cocaïne" ?
Le député La France insoumise (LFI) de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat, a été interpellé jeudi 17 octobre alors qu'il achetait de la drogue à Paris. Les faits se sont déroulés sur le quai de la station de métro Lamarck-Caulaincourt dans le XVIIIe arrondissement de la capitale, vers 22 heures, selon les informations de Valeurs Actuelles. Il a été conduit au commissariat de la Goutte-d'Or sans opposer la moindre résistance. Après avis hiérarchique, l'élu n'a pas été placé en garde à vue et a été entendu en audition libre dès le lendemain.
L'homme de 34 ans est "poursuivi pour usage de stupéfiants et convoqué pour notification d'une ordonnance pénale", précise le parquet de Paris auprès de Valeurs Actuelles. Une procédure simplifiée, utilisée pour les affaires de faible gravité. Elle permet de juger rapidement un prévenu sans audience. Le parquet, toujours selon les informations du média, aurait requis une amende de 1 000 euros contre le parlementaire de gauche.
Andy Kerbrat était en possession de 1,35 gramme de 3-MMC, une drogue de synthèse de la famille des cathinones, prisée dans les soirées festives et/ou sexuelles. 1 gramme de la même drogue et 200 euros ont également été découverts sur le vendeur, un mineur connu pour une dizaine de faits similaires précise le parquet de Paris. Ce dernier était en revanche sous le coup d'une condamnation pour quatre mois de prison avec sursis probatoire, prononcé en octobre. Il a été placé en détention provisoire.
Communiqué du député Andy Kerbrat suite aux révélations de la presse. pic.twitter.com/KzXVzJZh4g
— Andy Kerbrat (@AndyKerbrat) October 21, 2024
Ce lundi 21 octobre, dans un communiqué publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), le député insoumis "assume entièrement sa responsabilité", et indique se mettre "à la disposition de la justice". Il reconnaît notamment avoir consommé des drogues de synthèse "face à des problèmes personnels et des fragilités psychologiques". Andy Kerbrat annonce également débuter "un protocole de soins" après avoir consulté son médecin et présente ses "excuses". Selon lui, "l'addiction est un problème de santé publique et doit être traité comme tel. Je porte ce combat depuis longtemps auprès d'autres victimes de l'addiction. Et je continuerai à le mener", indique-t-il. Le principal concerné regrette en revanche la révélation de l'affaire par Valeurs Actuelles "avant" qu'il "puisse les (son entourage) en informer directement". Cette affaire "interroge une nouvelle fois sur la porosité entre des sources policières et les médias d'extrême droite", écrit-il.
Associée au chemsex mais pas que, moins chère que la cocaïne
La 3-MMC est une drogue de synthèse appartenant à la famille des cathinones. Présentée comme la "nouvelle cocaïne", elle est "similaire à l'amphétamine", selon l'Observatoire européen. Elle peut être consommée en poudre, en cristal, en comprimés, mais aussi être ingérée "sous forme de parachute, diluée dans une boisson, sniffée, injectée ou pluggée (insérée dans l'anus à l'aide d'une seringue sans aiguille", explique Drogues Info services. Cette drogue procure des effets stimulants, favorisant le contact et encourageant l'empathie. Elle permet d'atténuer la sensation fatigue et d'augmenter le sentiment d'euphorie. Elle peut également provoquer une "une intensification des sensations et, en contexte sexuel, une augmentation de la sensualité et de l'endurance", précise Drogue Info Services.
Si elle est souvent associée au chemsex, ces dernières années, cette nouvelle drogue de synthèse s'est démocratisée dans le monde de la nuit de manière plus générale. Livrée à domicile par des vendeurs, elle présente surtout l'avantage d'être moins chère que la cocaïne. "Entre 30 et 40€, contre 50-70€ pour le prix du gramme de cocaïne", selon l'OFTD. L'Observatoire français des drogues et des tendances addictives précise qu'elle est désormais aussi consommée "dans des événements festifs moins spécifiques, par exemple des boites de nuit, des festivals, des concerts, en free party ou en soirées privées et par des publics plus larges qui fréquentent ces soirées, des hommes, des femmes, gays ou hétérosexuels qui vont consommer occasionnellement différents produits psychostimulants".
La consommation de 3-MMC peut causer de l'anxiété, des maux de têtes, des vomissements, un épuisement lors de la phase de descente et une augmentation du rythme cardiaque. Elle peut également être mortelle : des cas d'infarctus du myocarde, de défaillance d'organes et d'overdoses ayant entraîné la mort ont déjà été constatés.