Projet d'attentat déjoué à Vesoul : un suicide plutôt qu'une attaque ? La défense du suspect radicalisé
La banale arrestation lundi dernier d'un adolescent de 17 ans originaire de Vesoul, en Haute-Saône, pourrait bien avoir permis aux forces de l'ordre d'éviter le pire. Interpellé devant son établissement scolaire le 10 mars en possession d'un couteau, le jeune homme avait initialement été placé en garde à vue pour "port d'arme prohibé de catégorie D", révèle Le Parisien. Mais selon les informations du quotidien francilien, après avoir brièvement entendu le mineur, les policiers locaux ont rapidement passé la main aux enquêteurs de la DGSI, soit le service de renseignement intérieur français.
Un premier interrogatoire de 48 heures permet alors de "confirmer les cibles exactes du projet d'action violente et son imminence", précise le paquet antiterroriste à l'AFP. Et pour cause, l'adolescent faisait depuis peu l'objet d'une surveillance en raison de ses propos jugés prosélytes et faisant l'apologie d'actes terroristes sur les réseaux sociaux ainsi que les messageries cryptées comme Telegram. Selon les informations de RMC, l'adolescent était déjà suivi par les services de renseignement entre 2022 et 2024 en raison de sa radicalisation religieuse.
"Mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond"
Dans certains de ses messages, ce fanatique de Daech n'hésitait pas à confier son ambition de commettre une attaque terroriste. Son objectif : passer à l'acte dans sa région d'ici la fin de mois du ramadan, mois sacré pour les musulmans marqué par la pratique du jeûne, soit d'ici le 30 mars prochain. Mais, en l'état des investigations, aucune date ne semblait fixée. Et pour l'avocat du jeune homme, une toute autre version prévaut, c'est celle qu'il défend pour l'instant. Ce dernier a indiqué à l'AFP que son client souhaitait "mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond" et non "commettre une action terroriste." "Mon client est mineur, c'est donc un enfant au sens de nombreuses conventions internationales (...) C'est un enfant particulièrement fragile. Il n'est pas radicalisé", martèle Me Réda Ghilaci. Une version loin du projet d'attentat pour l'instant imputé au jeune homme.
Sa cible ne semblait pas non plus arrêtée à ce stade. L'adolescent envisageait toutefois de viser un lieu symbolique comme un établissement religieux, église ou synagogue, ou diplomatique, ambassade ou consulat de préférence américain ou israélien, semble-t-il. "Les investigations à venir sur commission rogatoire permettront de confirmer les cibles exactes du projet d'action violente et son imminence", précise le parquet national antiterroriste auprès de BFMTV.
Alors que l'enquête doit encore déterminer avec précision le degré d'avancement de son projet d'attentat, celui qui se revendique de l'État islamique s'était d'ores et déjà renseigné sur la confection d'explosifs instables de type TATP, particulièrement prisé par les organismes terroristes. Le jeune homme a été présenté ce jeudi 13 mars à un juge d'instruction antiterroriste à Paris, à l'issue de ses deux jours de garde à vue avec le renseignement intérieur.
Désormais, il revient au magistrat antiterroriste de le mettre en examen ou non, et des mesures de sûreté pourraient être ordonnées à son encontre. Son placement en détention provisoire a été requis par le parquet qui a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Selon Le Parisien, il s'agirait du premier attentat déjoué cette année en France. Alors que depuis 2015, 79 attentats terroristes ont été déjoués, Le Parquet national antiterroriste estime que la menace terroriste est toujours "très élevée" dans l'Hexagone.
10:49 - "Les forces de sécurité ont fait leur travail en déjouant, sans doute, une menace grave"
Le maire de Lure Eric Houlley réagit ce vendredi au micro de ici Belfort-Montbéliard à l'arrestation d'un suspect devant un lycée de la commune. Le mineur impliqué a été repéré par la gendarmerie devant le lycée professionnel privé Saint-Anne/Saint-Joseph à Lure en possession d'un couteau. Il est suspecté d'avoir planifié une attaque terroriste au nom de Daech, visant des lieux religieux et diplomatiques, notamment liés à Israël et aux États-Unis.
"J'accueille ça comme une nouvelle positive. Les forces de sécurité ont fait leur travail en déjouant, sans doute, une menace grave", réagit l'édile, notamment après le placement en détention provisoire de l'individu de 17 ans. Le maire de Lure tient désormais à "rassurer" les habitants après la menace déjouée.