"J'ai reporté ma sexualité sur cette petite fille", l'autre affaire Le Scouarnec, condamné ce mercredi

"J'ai reporté ma sexualité sur cette petite fille", l'autre affaire Le Scouarnec, condamné ce mercredi La cour criminelle du Morbihan a rendu son verdict ce mercredi à l'encontre de Joël Le Scouarnec. Il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, assortis d'une peine de sûreté aux deux tiers.

Joël Le Scouarnec est jugé depuis la fin février à Vannes pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes. Alors que l'ex-chirurgien pédocriminel a reconnu l'intégralité des faits qui lui sont reprochés, le verdict est tombé ce mercredi. L’ancien chirurgien a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté spéciale des deux tiers, assortie d’un suivi sociojudiciaire de 15 années.

Vendredi dernier, l'avocat général avait requis une peine de vingt ans de réclusion criminelle assortie d'une série de mesures de sûreté en raison de "risques très élevés de récidive". "Aux Etats-Unis, où les peines ne se confondent pas, il encourrait 4 111 années de prison, qui seraient ramenées à 2 000 avec les réductions de peine", a calculé l'avocat général, Stéphane Kellenberger, dans son réquisitoire.

Quand la nièce de Le Scouarnec n'était pas prise au sérieux

Des enfants vulnérables, il y en a eu de nombreux dans l'affaire Le Scouarnec. Et son "attirance pour les jeunes enfants s'est déclenchée" avec sa nièce avait-il déclaré lors de son interrogatoire pendant la troisième semaine d'audience. "Cela devait être en 1985 ou 1986. Elle était très câlins, elle venait sur mes genoux. Mes relations avec mon épouse étaient dégradées. J'ai reporté ma sexualité sur cette petite fille", confiait-il. "Elle a été l'élément déclencheur", poursuit-il. 

Le lundi 10 mars 2025, elle témoignait. Aujourd'hui âgée de 47 ans, les premiers faits dont Alexandra - fille de la sœur de Marie-France, l'ex-épouse de l'accusé de 74 ans - se souvient remontent à ses 5 ans, "vers 1982-1983". "J'avais pris l'habitude de mettre la plus longue chemise de nuit que je pouvais avoir pour essayer de faire rempart. Ça n'a jamais marché". Elle décrit "l'introduction de son doigt dans mon sexe. Puis après, des cunnilingus, des caresses très appuyées". Elle avait "7 à 8 ans" lors des premières pénétrations imposées.

La majorité des agressions sexuelles et viols décrits se produisait la nuit selon son récit au tribunal. Son oncle est allé jusqu'à lui "bâillonner la bouche" pour qu'elle se taise une fois où il l'avait agressée. Aurait-elle pu en parler plus tôt ? Impossible pour elle, "l'aura" qu'avait Joël Le Scouarnec "sur la famille" était trop importante, indique-t-elle. Ce dernier allait jusqu'à la suivre aux toilettes. La petite fille se retenait alors de faire pipi, et avait développé des infections urinaires jusqu'à s'en "abîmer un rein". 

"En 2002-2003", Alexandra a confié ses souffrances à sa mère, qui ne lui a pas conseillé de déposer plainte à l'époque. Elle finit par contacter le 119 pour tenter d'obtenir du soutien et dénonce son oncle en donnant "sa fonction, là où il travaille, où il vit". Par "honte", elle n'évoque que les agressions sexuelles, pas de viol. À ce moment, elle n'est peut-être pas consciente d'avoir été victime d'un viol. Ici, son interlocutrice affirme que les faits sont prescrits, ce qui n'est pas encore le cas. En revanche, quand son oncle est interpellé en 2017, elle apprend qu'elle a désormais "le statut de victime prescrite", relate-t-elle. Cette fois-ci, les faits dénoncés ont effectivement plus de 30 ans.

Dernières mises à jour

15:16 - Joël Le Scouarnec condamné à 20 ans de prison

Joël Le Scouarnec est condamné ce mercredi 28 mai à 20 ans de réclusion criminelle, assortis d'une peine de sûreté aux deux tiers pour viols et agressions sexuelles commis sur 299 patients. Il est également déclaré inéligible, a interdiction d’exercer une profession médicale, une activité en contact avec les mineurs, ou de détenir un animal.