Christophe Gleizes en prison en Algérie : pour quelles raisons le journaliste sportif a-t-il été condamné ?

Christophe Gleizes en prison en Algérie : pour quelles raisons le journaliste sportif a-t-il été condamné ? Le journaliste français Christophe Gleizes a été condamné à sept ans de prison pour la justice algérienne le dimanche 29 juin 2025. Cela fait déjà plus d'un an qu'il est retenu en Algérie.

Cette nouvelle décision de justice ne va pas améliorer les relations entre l'Algérie et la France. Le dimanche 29 juin, le journaliste sportif français spécialisé dans le football Christophe Gleizes a été condamné à sept ans de prison en Algérie selon Reporters sans frontières (RSF) et le groupe So Press qui emploie le journaliste indépendant. Une condamnation prononcée pour le chef d'apologie du terrorisme. Dans un communiqué, l'organisation RSF et le groupe So Press dénoncent une sanction "injuste" intervenant après "un contrôle judiciaire de 13 mois" et contre laquelle "un appel sera interjeté" ce lundi 30 juin.

Le journaliste de 36 ans est dans le viseur de la justice algérienne depuis un peu plus d'un an. Il a été interpellé à Tizi Ouzou, à une centaine de kilomètres de la capitale, le 28 mai 2024 alors qu'il se rendait sur place pour un reportage sur le club de football de la Jeunesse Sportive Kabylie (JSK). D'après RSF, il a été arrêté pour "être entré dans le pays avec un visa touristique", pour "apologie du terrorisme" et "possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national" et était depuis placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national algérien.

Le sujet de Christophe Gleizes semble être au cœur de l'affaire : le journaliste voulait revenir sur les heures de gloire du club de la JSK dans les années 1980 et souhaitait donc s'entretenir avec le responsable du club. Lequel est aussi une tête importante du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), un mouvement indépendantiste créé en 2001 et classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021", a expliqué l'ONG de défense de la presse. Christophe Gleizes, qui s'était déjà entretenu avec le responsable du club de foot et du MAK, s'est vu reprocher une proximité avec le mouvement indépendantiste. Les accusations, "sans fondement et totalement réfutées", portées contre lui "sont dues au fait que le journaliste avait eu des contacts, en 2015 et 2017, le responsable du club de football de Tizi Ouzou", précise RSF.

Mais les rencontres entre les deux hommes "ont eu lieu bien avant catégorisation [du MAK en organisation terroriste] par les autorités algériennes" et "le seul échange survenu en 2024 visait à la préparation [d'un] reportage sur le club de football, la JSK, ce dont Christophe Gleizes ne s'est jamais caché". Par ces explications, l'ONG soutient que le journaliste n'était lié d'aucune façon à des projets du MAK, son seul sujet en Algérie étant une équipe de football.

La condamnation de Christophe Gleizes "à 7 ans de prison n'a aucun sens et ne démontre qu'un fait : rien n'échappe à la politique aujourd'hui et la justice algérienne a manqué une importante occasion de sortir par le haut dans cette affaire", a fulminé le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin. Le fondateur de So Press, Franck Annese, a pour sa part ajouté qu'il était "important que tout soit mis en œuvre, y compris politiquement et diplomatiquement, pour que la justice l'emporte et que Christophe puisse retrouver ses proches et sa rédaction".